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Le bilan de la rencontre de Washington DC

vendredi, 30 octobre 2015

Le Conseil de la Communauté marocaine résidant à l'Etranger (CCME) a ​​tenu son premier symposium aux États-Unis, le 23 Octobre 2015, à Washington DC. L'événement visait à impliquer la communauté à une réflexion autour de la Constitution marocaine et l’application des 5 articles concernant  les Marocains du Monde (MDM), comme  souligné par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

La journée de travail a été  une heureuse occasion d’évoquer de nombreuses questions de grande importance : évoquer les  préoccupations des MDM, soulever les défis, faire des recommandations et débattre  avec des militants de la communauté marocaine aux Etats-Unis, des représentants diplomatiques, des universitaires, des scientifiques, des journalistes, des membres des  affaires religieuses, de la société civile, des juristes et politiques.

Son Excellence l'Ambassadeur M. Rachad Bouhlal et les représentants diplomatiques de l'ambassade du Maroc à Washington, M. Rahhaly, M. Rahmouni et Mme Tayebi du Consulat du Maroc ont participé à l’inauguration de cette journée de travail  inédite aux Etats-Unis.

Bien que la rencontre n’ait duré qu’une journée, les échanges entre les participants ont révélé de nombreuses failles. A commencer par les estimations selon lesquelles les Etats-Unis ne compteraient que  150.000 Marocains – un chiffre qui nécessite une révision   étant donné que la migration marocaine aux Etats-Unis a commencé dans les années 1980 et a été accélérée par le programme Green Card Lottery qui a lieu chaque année-.

La composition actuelle de la communauté marocaine aux Etats-Unis est si diverse que le CCME a fait une recommandation spéciale pour la mise en place  de meilleurs mécanismes afin de procéder à un recensement de la communauté américaine d’origine marocaine. Ceci en prenant en compte la communauté d'étudiants, les enfants nés aux Etats-Unis d’un parent Marocain, les membres de la communauté de la côte Ouest et ceux notamment qui ne sont pas enregistrés dans les consulats marocains et ne sont de ce fait pas en mesure d'obtenir la carte consulaire.

L'ors de cet événement nous avons abordé la question de la langue, de la culture et de l’importance de l’ouverture du Maroc  à la langue anglaise, maintenant qu’ une grande partie de la deuxième et de la troisième ou même première génération de Marocains résident  dans les pays anglophones comme les États-Unis ou sont nés dans les sociétés où l'anglais est l’une des langues principales.

Cela a toujours été un sujet de préoccupation pour la communauté maroco-américaine, a d’ailleurs déclaré  le Dr Mohamed Belkhayat, scientifique  en génie électronique et électrique. Il a dit que davantage d'efforts devraient être faits pour veiller à ce que la deuxième génération de maroco-américains puisse être capable  de communiquer avec son pays, car  l'anglais est la langue de l'avenir et de la  technologie : nous voulons que le Maroc devienne compétitif sur les marchés internationaux, a  affirmé M.Belkhayat.

En outre, la culture marocaine doit pouvoir  devenir un outil  essentiel pour les décideurs politiques au Maroc afin de réduire le fossé - entre les Etats-Unis et le Maroc-et promouvoir le pays en tant que destination pour l'art, la tradition, la modernité, de la tolérance et de l'histoire, comme illustré par l’artiste Nadia Duchelle, résidente aux USA et professeur à George Mason University,

M. Boubker Abisourour, officier retraité de la Banque mondiale et fondateur de l'Académie Ibn Battouta pour l'arabe, était présent lors de cette rencontre. Il est l'un des  pionniers au sein de la communauté,  à avoir créé  la première école qui répondait aux besoins de parents marocains  dont les  enfants étaient  nés aux Etats-Unis. Il a en outre permis à ces jeunes d’avoir accès à l’enseignement de l'arabe, de études islamiques,  et du français en se référant aux programmes scolaires marocains. 

Les membres du CCME qui sont venus d'Europe et d'Afrique, Abdelhamid El Jamri (France), Hamid Bichri (Italie), Najat Azmy (France), Mohamed Moussaoui (France), Mohamed Faris (Sénégal) et Kamal Rahmouni (Espagne),  ont partagé leurs expériences et leurs préoccupations au sujet de la participation politique de la communauté maroco-américaine en mettant l’accent sur l'absence de cette communauté dans le processus politique américain.

Des éclaircissements supplémentaires ont été donné  par M. Jean Abinader , le directeur exécutif du Centre pour la politique maroco-américaine, qui a déclaré  que toute politique est locale et que notre communauté doit être  politiquement plus engagée en commençant « à petits pas  dans les écoles locales au  niveau municipal ».. Il a notamment évoque la question de la « coalition » avec d’autres groupes minoritaires aux Etats-Unis dans le but de pouvoir politiquement peser sur les décisions locales.

Le débat  a également abordé  le caractère religieux en lien avec la communauté en notant la rareté de mosquées maroco-américaines qui prônent le rite malékite. C’est donc aux personnalités religieuses au sein de notre communauté que revient l'effort de partage de la foi islamique dans le cadre de la culture marocaine qui prône le respect de l’autre et la   modération.

Dr. Al Aziz Eddebbarh, scientifique à la retraite et participant du Séminaire de Hartford dans Champlaincy islamique, s’est déplacé de Las Vegas à Washington DC, pour  évoquer la nécessité d'une plus grande collaboration entre le spectre «  religieux américain et le Maroc à travers les différentes institutions qui offrent actuellement des programmes d'aumônerie islamique aux Etats-Unis, ainsi que la nécessité d'étendre les programmes actuels du  Maroc au-delà de ses frontières.

Le débat  sur la science, la recherche, l'éducation et la technologie a été particulièrement instructif. Le Dr Mohamed Bourdi,  chercheur en Phycologie à l'Institut national de la santé de renommée mondiale, a évoqué l’absence de publications scientifiques marocaines, principalement pour des raisons liées à la maîtrise de l’anglais. Il a affirme que l’anglais  gagne à être mieux maîtrisé  au Maroc , car il existe une déconnexion  entre les  universités marocaines et la diaspora scientifique , qui est prête à aller au Maroc pour  partager ses connaissances.

Last but not least, la question des défis sociaux et de la jeunesse aux États-Unis a été discutée. Il y a encore un grand nombre de membres de la communauté qui ne sont pas en mesure d'intégrer le mode de vie américain, qui dépend de l'apprentissage de la langue et l'accès aux services.  De nombreux marocains arrivent aux Etats-Unis avec très peu ou pas de connaissances en anglais et ne peuvent de ce fait progresser sur le plan professionnel.  La  barrière linguistique les pousse vers  des emplois faiblement rémunérés et les empêche de pleinement profiter du système social américain. A cela s’ajoute l’absence de soutien pour les nouveaux arrivants et les familles vivant dans des situations précaires : une attention particulière doit être accordée aux mères seules qui sont confrontés à des défis tels que le déplacement et la violence comme l'a souligné M. Moulydriss Aloumouati, Superviseur aux services sociaux pour le Comté de Fairfax en Virginie.

Pour conclure, l’on peut sans aucune hésitation affirmer que cette rencontre  a été une excellente occasion pour les membres du CCME d'apprendre à mieux connaître la communauté maroco-américaine dans le  Greater Washington, car elle a permis à de nombreuses personnalités de partager leurs expériences,  nécessaires à l’efficacité des recommandations du CCME pour les décideurs politiques au Maroc.

Comme l'a confirmé la représentante du CCME aux États-Unis, Mme Nadia Serhani, l'événement  a réussi à donner le ton aux  événements à venir  qui se tiendront aux États-Unis avec d'autres communautés marocaines. L'objectif étant de clarifier les défis des maroco-américains afin de présenter le rapport le plus complet possible du CCME,  en informer les décideurs politiques et surtout veiller à ce que les articles de la Constitution relatifs à la Communauté marocaine à l'étranger soient mis en place à travers les lois organiques .

Enfin, il est utile de rappeler que le CCME a pour mission d’aider les décideurs au Maroc a mettre  en œuvre mettre des articles de la Constitution en engageant les diverses parties-prenantes afin d’inclure les MDM dans le processus de création de ces lois organiques et de rendre possible leur participation,  comme dans les différentes institutions gouvernementales, en tant que citoyens à part entière du Maroc.

Par Mme Nadia Serhani, membre du CCME aux Etats-Unis

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

Les entretiens du symposium

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