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Table ronde : « Face au jihadisme : la raison »

vendredi, 20 février 2015

C’est une question épineuse, celle à laquelle ont tenté de répondre Farhad Khosrokhavar, sociologue franco-iranien directeur de recherches à l’EHESS et Cédric Baylocq-Sassoubre, anthropologue qui répondaient aux questions de Rachid Id Yassine, chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

« Face au jihadisme : la raison » est le débat organisé par le pavillon du CCME qui prend part au salon du livre et ce pour la 7ème fois consécutive.

3 1Les propos de M. Khosrokhavar sont clairs « La radicalisation n’est pas le propre de l’islam » en effet, il considère que c’est une tendance qui concerne tout autant les autres religions ainsi que certaines formes de sécularisme dont l’extrême droite.

Pour lui, l’islamisme radicalisé est l’une des tendances privilégiées de la radicalisation mais elle n’est pas la seule. Elle se décline selon des conditions sociales spécifiques aux sociétés dans lesquelles elle se développe, il note aussi l’émergence d’une nouvelle forme de radicalisme qui est le fruit de la tragédie syrienne.

C’est aussi un phénomène ultra minoritaire dont les conséquences dépassent largement leur dimension quantitative et numérique

Par ailleurs, il fustige le deux poids deux mesures des sociétés qui ne réagissent au jihadisme que lorsqu’elles sont touchées, il cite les récents événements de France qui ont fait 11 morts alors que les victimes du drame syrien se comptent par milliers, il explique cela par une opinion publique mondialisée et hégémonique ainsi que par l’égoïsme des sociétés.

3 2Pour sa part, Cédric Baylocq-Sassoubre a passé en revue quelques fondements intellectuels et historiques qui servent de tremplin à la philosophie jihadiste, il parle notamment de l’anathémisation de tout ce qui est différent et à la distorsion sémantique du discours salafiste

Il a également repris les différents stades de la pratique djihadiste comme énoncés par Thomas Hegghammer et notamment les mouvements islamistes activistes State-oriented, les Nation-oriented, les Umma-oriented, les Morality-oriented et les Sectarian. Chacune de ces catégories peut prendre des formes violentes et non-violentes.

Ainsi le State-oriented se caractérise par un désir de modifier l'ordre social et politique. Le Nation-oriented se définit par un désir d'établir la souveraineté sur un territoire spécifique qui est perçu comme étant occupé ou dominé par des non-musulmans. Le Umma-oriented se distingue par un souci de protéger la Nation musulmane conçue comme un tout, de toute menace (non-musulmane) extérieure. Le Morality-oriented se caractérise par le désir d'infléchir les comportements musulmans dans une direction plus conservatrice et littéraliste. Le jihadisme «sectaire» se manifeste par le désir de réduire l'influence et le pouvoir des mouvements concurrents

Par ailleurs, il appelle à rompre avec l’usage du terme islamisme car il sous-entend l'islam politique, ainsi que l'Islam radical qui se base sur la violence.

3 3Avant de mettre un terme à ce débat, l'écrivain franco marocain Rachid Ed Yassin auteur du livre "L'Islam d'Occident", n’a pas manqué de souligner que l'islam radical se nourrit des interprétations tendancieuses faites aux textes de la loi islamique ce qui augmente la crédibilité de l'extrémisme fondé sur la religion, même si « le jihadisme dans son sens actuel n’a rien à voir avec la religion musulmane, vu que l'Islam est une religion de paix et de non-violence."

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

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