Islamophobie et représentations collectives

vendredi, 21 février 2014 15:15

Avec :

MM. Driss Ajbali, membre dirigeant du CCME,

Vincent Geisser, chercheur à l'institut français du Proche Orient à Beyrouth,

Khalid Hajji, professeur à l'université de Frankfurt

et Rachid Id Yassine, chercheur associé au Centre d'analyse et d'intervention sociologique (EHESS).

L'intervention de M. Geisser a ressorti quelques repères de l'histoire de l'islamophobie en France.
" Nous assistons actuellement au basculement du racisme anti-immigré et anti-arabe vers l'islamisation, ce qui peut éteindre même les nationaux. Ce n'est plus la religion des étrangers, c'est une religion étrange, dont on a peur", soutient M. Geisser, ajoutant que "la peur de l'islam est une peur ancienne dans les sociétés européennes, qui peut remonter au 12e siècle".
"Le rapport angoissé au musulman a subi une évolution. Les présupposés fondés sur la modernité, les droits de l'homme remplacent la méfiance que le chrétien porte contre musulman. L'islam constitue désormais une menace au discours de la tolérance, de laïcité et de l'égalité homme-femme. Il incarne la figure de l'anti-modernité", précise-t-il.
Ainsi, selon cet islamologue, "ce n'est plus la différence de sang et de race qui dérange mais celle des références, des valeurs et des principes. Un racisme appelé "soft", qui s'étend malheureusement à toutes les formations politiques, même les organisations progressistes, voit le jour".
Avant de conclure, M. Geisser a tenu à expliquer que "le vrai 11 septembre pour la France a eu lieu pendant la guerre civile en Algérie. Les Français se disaient que ceux là qui combattent en Algérie arrivent en France, font des enfants et islamiseront la République", mais en dehors de cette guerre essentiellement médiatique, "il faut dire qu'il y a eu l'antisémitisme pour ne pas parler des grands problèmes des années 30, actuellement parler du voile et des djihadistes est une manière de cacher l'impuissance de la démocratie européenne".
Selon, Rachid id. Yassine, l'islamophobie prend deux formes essentielles, institutionnelle ou d'état, et sociale : "la forme institutionnelle est représentée par les lois, je pense à la laïcité et aux manières de la traduire, elle est également sentie dans le discours politique. Quant à la forme sociale, elle est essentiellement portée dans l'espace médiatique, les mentalités et les représentations psycho-culturelles".
Rachid Id Yassine a notamment relevé quelques termes utilisés par les vecteurs de l'islamophobie, notamment le politique : "je pense au terme de l'identité nationale, souvent utilisé par le front national, dans le but éeveiller le sentiment d'appartenance et ramener les nationaux à voir l'identité de l'immigré comme une menace. Il y a également le terme de la sécurité, qui renvoie à la peur et ramène au rejet de l'autre".
Dans son intervention, M. Hajji a démontré que "l'islam a toujours été un espace de projection, ou la femme objetise les formes de dérives et d'inégalité. C'était surtout une façon de protéger son espace chrétien en châtiant l'espace de l'autre, musulman".
D'après M. Hajji, "les tendances n'ont pas beaucoup changé, sauf que de nos jours, les médias ont amplifié la problématique, et influencent les représentations".
Suivant la logique des médias, "les cas de symbioses entre musulmans et autres compositions de la société n'est pas intéressant, ce n'est pas vendable, la logique commerciale prévaut et mettra en avant les cas de symbioses entre musulmans et autres compositions de la société n'est pas intéressant, ce n'est pas vendable, la logique commerciale prévaut et mettra en avant les cas de conflit et de mésentente".

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

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