Alain Amiel ou la quête d’un judéo marocain

Alain Amiel est né à Rabat le 10 octobre 1949. Après avoir passé son enfance et son adolescence dans la capitale du Royaume, il quitte le Maroc pour la France, Nice plus précisément. Il a dix huit ans. Dans un entretien accordé au Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), il déclare : « Je me sens marocain, juif, méditerranéen, homme du Sud, de langue et de culture française et arabe ».

M. Amiel passe les dix premières années de son enfance dans un immeuble de la rue Capitaine Petijean, un quartier populaire de Rabat. Par la suite sa famille déménage dans le centre ville pour moult raisons, mais certainement aussi parce que « ma mère avait créé sa propre librairie". Son enfance dit-t-il « a été baignée dans les livres, que littéralement je piétinais à l'occasion de la rentrée des classes où une foule d'élèves accompagnés de leurs parents, se pressait à notre porte pour acheter les livres scolaires de l'année à venir et nous vendre ceux de l'année précédente ».


Il affirme avoir passé le plus clair de son temps le nez dans les livres : » je passais beaucoup de temps entre les deux librairies. Celle de ma mère, et la plus grande librairie de Rabat, "Les Belles Images", où travaillait mon frère aîné Andrė. Cette dernière comportait en sous sol une galerie d'art où j'ai vu mes premières expositions ». Depuis « les livres et l'art constituent l'essentiel de ce qui me préoccupe ».
En 1967, lorsqu'il quitte le Maroc, Alain Amiel vit ce départ comme un déchirement : « les années 60 ont connu une forte émigration des Juifs marocains vers le Canada, la France et Israël. Mes parents avaient choisi Nice où ma soeur était déjà installée. Par la suite, une grande partie de ma famille nous a rejoint ».


Après des études de psychologie et une courte expérience d'emploi comme éducateur spécialisé, la passion des livres le reprend : il devient éditeur durant vingt ans. Période durant laquelle il a pu notamment développer des collections de livres d'artistes, des revues de psychanalyse, de linguistique et de poésie.


En 2002, il met fin à son activité dans l'édition pour se consacrer pleinement à l'écriture. Plus particulièrement à des ouvrages sur à l'artiste peintre néerlandais Van Gogh, qui a occupé et occupe toujours une partie importante de son temps (4 ouvrages parus, des articles, conférences, films).
Proche de nombreux artistes, il devient critique d'art et publie de nombreux articles sur les nouvelles démarches artistiques ou les artistes émergents.


Parallèlement, il poursuit des recherches sur des thèmes plus personnels. Sa judéo-marocanité lui tient particulièrement à cœur. Lors de son voyage effectué en juin 2010 à Rabat, il affirme avoir été particulièrement ému, car dit-t-il « j'ai revisité tous les lieux de mon enfance». Sa quête va d'ailleurs se poursuivre en Amazonie où il «compte aller bientôt à Iquitos sur les traces de mon grand père paternel qui a passé une vingtaine d'années en Amazonie avant de revenir au Maroc ». Cet éternel voyageur, dit aussi vouloir « faire le tour du monde, repasser par Rabat, et écrire sur tout ce qui me fascine ».


Bien que de culture francophone, il se nourrit de l'arabe marocain de ses deux grands-mères : « L'arabe de ma grand-mère paternelle, comme tout l'amour qu'elle m'a donné, m'a imprégné au delà des mots, pour exprimer certaines sensations, émotions ou sentiments. Les expressions marocaines s'imposent toujours et je constate que c'est aussi le cas pour mes cousins et cousines. Dans les grandes réunions familiales, même pour ceux qui vivent au Canada ou aux USA, les expressions marocaines fusent toujours ». D'ailleurs, souligne-t-il dans le long entretien accordé au CCME, » souvent, les enfants des cousins de ma génération nés en France, les comprennent et les utilisent. La langue primordiale, celle des sentiments, des façons d'être, se perpétue ainsi au delà des générations ».


Evoquant sa perception de l'identité culturelle, il la revendique plurielle :». Cette identité « est constituée de multiples identités qui peuvent être discontinues, diachroniques, voire conflictuelles » nous dit Alain Amiel qui estime que « c'est cet assemblage de toutes ces identités qui a fait et continue de faire la mienne. Ma judéo marocanité est au cœur et à l'origine de mon histoire ».

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