Dans le Bazar, le plus grand marché couvert d'Europe situé dans la ville de Beverwijk, 20 km à l'est d'Amsterdam, l'heure est au Ramadan: les drapeaux des pays présents, dont le Maroc, flottant à l'entrée du marché, donnent un avant-goût aux centaines de visiteurs de différentes nationalités de ce bazar à l'Orientale.

Au Bazar, à l'origine un marché illégal, d'où son nom en néerlandais Zwarte Markt (marché noir), on trouve absolument tous les produits et plats préparés spécialement pour le Ramadan et selon les traditions de l'ensemble des pays dont sont issues les immigrés aux Pays-Bas.

Outre les étalages des commerçants marocains et turcs qui dominent la place, le Bazar où règne une atmosphère orientale, emmène les clients dans un voyage au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. On y trouve des produits d'Indonésie, de l'Iran, de Syrie, d'Irak et de plusieurs autres pays musulmans au grand bonheur des communautés étrangères établies dans le royaume Oranje.

A Amsterdam, ville cosmopolite où cohabitent près de 170 nationalités, les Musulmans dont le mal du pays d'origine se fait sentir plus particulièrement en ce mois béni, ne manquent de rien en ce qui concerne les mets et plats de leurs pays respectifs.

Dans les quartiers à majorité musulmane de la capitale, les souks et les supermarchés n'ont rien à envier à ceux des pays d'origine, une spécificité propre à la capitale néerlandaise. Les Meloui, Chabakia et toutes sortes de pain et de pâtisseries marocaines rivalisent avec les galettes et plats turcs, égyptiens et iraniens.

Et comme dans les pays musulmans, Ramadan aux Pays-Bas ne saurait être réduit à la table de rupture du jeûne, mais constitue de loin le mois où les Musulmans, notamment marocains, baignent dans la spiritualité et la ferveur mettant en avant ainsi leur spécificité sans pour autant oublier leur devoir de citoyens bien intégrés dans leur société d'accueil.

Au sein des quelque 400 mosquées que comptent les Pays-Bas, les fidèles tiennent chaque jour à accomplir leur prière y compris les Tarawih, au cours desquelles les lieux de cultes sont pris d'assaut par des milliers de personnes de différents catégories et âges.

Conscient de l'attachement des Marocains du monde à leur culte, le Maroc, et comme d'accoutumée, a décidé cette année d'envoyer 53 imams marocains pour enseigner aux fidèles les préceptes et les principes de l'Islam et tenter de contribuer aux efforts de lutte contre la radicalisation des jeunes, notamment.

Cette initiative qui gagne en importance, en ce sens que le nombre des imams marocains dépêchés aux Pays-Bas a pratiquement doublé par rapport à 2014, s'inscrit également dans le cadre de la coopération Maroc-Pays-Bas de lutte contre la radicalisation que le chef de la diplomatie néerlandaise, Bert Koenders a qualifié d'exemplaire.

"Si nous avons à apprendre les uns des autres (...), nous devons être ouverts. La coopération entre les Pays-Bas et le Maroc est un bon exemple de cet état d'esprit", a affirmé Koenders à l'ouverture le 8 juin courant d'une réunion internationale à La Haye.

A l'occasion du mois de Ramadan, les Pays-Bas "auront le plaisir d'accueillir des imams marocains qui visiteront les mosquées à travers le pays pour parler aux jeunes et aux visiteurs et éclairer les imams néerlandais sur la radicalisation et leur responsabilité en tant que leaders religieux", a souligné M. Koenders.
Les membres de la communauté marocaine, animée par son esprit d'ouverture et de partage, tiennent à ce que leurs compatriotes d'autres origines connaissent les us et coutumes marocaines en ce mois sacré en organisant des Iftars collectifs à travers le pays.

Ces opérations constituent des occasions pour les Marocains de se rencontrer, renouer avec l'ambiance ramadanesque du bled et échanger à propos de certaines préoccupations de la communauté aux Pays-Bas notamment en ce qui concerne les jeunes, l'intégration et la cohésion sociale dans le cadre du respect de la diversité du pays d'accueil.

Connus également pour leur générosité et leur sens du partage, les Marocains des Pays-Bas mènent des actions de bienfaisance en faveur des nécessiteux notamment les immigrés clandestins, dont des musulmans qui trouvent dans les Iftar organisés par la communauté marocaine une opportunité pour vivre un moment de convivialité familiale.

29 juin 2015,Said YOUSSI.

Source : MAP