picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Le nettoyage dominicain

Un inquiétant nettoyage se prépare en République dominicaine. Quelque 200 000 habitants d'origine haïtienne risquent d'être chassés du pays à cause d'une loi inique qui sera bientôt mise à exécution. Et ce, dans la relative indifférence de la communauté internationale, malgré la dénonciation de la Communauté des Caraïbes.

Haïtiens et Dominicains partagent une histoire tendue sur leur île. Au XIXe siècle, les Haïtiens occupaient le territoire. Les rôles se sont inversés au siècle suivant. Dans les années 30, le dictateur dominicain Trujillo, allié des Américains, a lancé une campagne de détestation des Haïtiens. Elle a mené en 1937 au massacre de travailleurs haïtiens, dont on n'avait plus besoin depuis la chute du prix du sucre.

En septembre 2013, la Cour constitutionnelle dominicaine a ramené le pays à cette époque trouble. Son jugement ciblait directement les Dominicains d'origine haïtienne.

Si leurs parents sont arrivés au pays après 1929 et n'ont pas obtenu leur citoyenneté, ils devront quitter le pays. Et ce, même si leur descendance ne parle qu'espagnol et n'a jamais posé un pied en Haïti.

En théorie, le jugement concernait tous les Dominicains qui sont enfants d'immigrants. Mais dans les faits, environ 90 % d'entre eux sont d'origine haïtienne.

Devant le tollé international, une mesure transitoire a été proposée. Pendant une année, les quelque 500 000 personnes visées pouvaient obtenir leurs papiers et éviter ainsi la déportation. Le programme a pris fin il y a deux semaines.

Certes, plus de la moitié des personnes admissibles en ont profité. Mais selon de nombreux témoignages, le processus était arbitraire et bordélique. Un exemple rapporté par l'Agence France-Presse : un homme prend rendez-vous pour obtenir une carte. On le convoque ensuite à une seconde rencontre, où un fonctionnaire déchire la carte...

Un autre cercle vicieux empêche des Dominicains d'origine haïtienne de profiter du programme de régularisation. Plusieurs n'ont réussi qu'à trouver du travail sur les plantations de canne à sucre ou les chantiers de construction. Ce boulot, mal payé, n'était pas toujours déclaré par leur employeur. Ils sont donc aujourd'hui incapables de prouver leur lien d'emploi aux autorités.

D'autres éprouvent encore plus de problèmes. L'hiver dernier, des manifestants ont brûlé un drapeau haïtien et pendu un cireur de souliers à un arbre. Alors que le climat s'empoisonne, quelque 20 000 Dominicains d'origine haïtienne ont décidé dans les dernières semaines de fuir par eux-mêmes.

On prévoit que l'expulsion commencera d'ici le mois d'août. Elle pourrait se faire de façon très graduelle, pour passer sous le radar médiatique. Cet afflux d'immigrants constituerait une « menace grave » à la sécurité d'Haïti, a déclaré son ministre des Affaires étrangères. Le centre d'accueil haïtien n'était pas encore opérationnel la semaine dernière, et la fragile économie ne pourra pas employer tous ces arrivants.

Le plus cynique, c'est que la République dominicaine risque de profiter de cette instabilité pour attirer les touristes de son côté de l'île.

06 juillet 2015, PAUL JOURNET

Source : lapresse.ca

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