D’un geste assuré, Max soulève Augusto pour le réinstaller dans sa chaise roulante: comme des milliers d’autres auxiliaires de vie clandestins, devenus indispensables pour de nombreuses familles italiennes, ce Sénégalais vivant à Rome pourrait bientôt recevoir un permis de séjour.

« C’est un moment très important pour moi. Beaucoup de mes amis n’ont pas la chance d’être régularisés. Je vais pouvoir penser à faire venir mes enfants », explique à l’AFP Max, âgé de 44 ans, sans détacher son regard d’Augusto, un jeune Romain de 12 ans, complètement handicapé, qu’il assiste depuis deux ans.

Selon les estimations, près de 500.000 auxiliaires de vie, gardes d’enfants et aides ménagères clandestins pourraient obtenir un permis de séjour grâce à une procédure de régularisation exceptionnelle, qui doit être obligatoirement engagée pendant ce mois de septembre.

Cette mesure qui ne concerne que l’aide à domicile et exclut toutes les autres catégories professionnelles (ouvriers du bâtiment, hôtellerie, restauration..) est très critiquée. Elle interdit à « des centaines de milliers de travailleurs de se mettre en règle » alors que la solution moins « cynique et hypocrite » aurait été de faire une « procédure de régularisation générale », a déploré l’association culturelle et récréative Arci, proche de la gauche.

En parallèle, une nouvelle législation promulguée en juillet par le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi punit le délit d’immigration clandestine d’une amende de 5.000 à 10.000 euros assortie d’une expulsion immédiate.

Une situation qui pénalise bon nombre de familles italiennes: face à la carence de crèches, de maisons de retraite et foyers pour handicapés, près d’une sur dix a recours à une aide à domicile, le plus souvent clandestine.

« Augusto est trop lourd pour moi, je ne peux pas le soulever sans l’aide de Max, qui l’aide à se préparer avant d’aller à l’école et le soir en rentrant », explique Carla, la mère d’Augusto, qui souligne que l’Etat ne met à sa disposition un auxiliaire de vie que neuf heures par semaine.

Pour la régularisation de Max, un certificat médical prouvant la dépendance d’Augusto et quelques formalités, dont le versement de 500 euros, suffisent.

En revanche, pour les aides ménagères, baby-sitters, jardiniers, cuisiniers, chauffeurs, gardiens et majordomes, les familles doivent justifier d’un revenu annuel minimum de 20.000 euros par an (25.000 pour une famille percevant plusieurs revenus).

« Le revenu moyen déclaré par les Italiens est de 14.000 euros par an. Comment vont faire les foyers plus modestes, souvent des personnes âgées, pas forcément dépendantes, qui ont besoin d’une aide ménagère? », a commenté l’organisation catholique San Egidio, dénonçant une mesure favorisant à moindre frais les familles aisées.

Sans les travailleurs clandestins, généralement originaires d’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud et d’Afrique, ces postes risquent de rester inoccupés car les Italiens refusent généralement ces emplois peu qualifiés et payés moins de 1.000 euros par mois.

La dernière opération de régularisation massive en Italie remonte à 2002-2003, lorsque près de 700.000 immigrants avaient été régularisés. Depuis, le quota annuel de nouveaux travailleurs immigrés est fixé par décret: 128.000 personnes en 2008.

Pour la procédure de régularisation en cours, aucun quota n’a été déterminé.

Près de 3,9 millions d’immigrés vivent de façon régulière en Italie et quelque 600.000 clandestins y résideraient en permanence, selon une estimation du ministère de l’Intérieur.

AFP

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