Le nombre de clandestins qualifiés aux Etats-Unis est en hausse depuis la crise.
Barack Obama avait fait d’une grande réforme de l’immigration l’un des projets phares de sa présidence. Mais elle se heurte à l’opposition républicaine, majoritaire au Congrès. L’un des décrets présidentiels qui devait éviter l’expulsion de près de 5 millions de sans-papiers, est toujours bloqué. Cette fois-ci, c’est un juge fédéral du Texas qui a suspendu à la mi-février ce dispositif qui devait permettre une régularisation massive. Mais pendant cette bataille légale, quelque chose est en train de changer. Les bouleversements économiques intervenus depuis la « dépression » de 2007-2009 ont modifié le profil du travailleur immigré sans papiers aux Etats-Unis.
Selon une étude du centre Pew Research de Washington, il y a moins de travailleurs non-qualifiés clandestins et plus de « cols blancs » (cadres, employés). Les chiffres avancés sont significatifs : 180.000 cols blancs en plus depuis 2007-2009 et 475.000 ouvriers clandestins en moins dans le BTP et les travaux sans qualification. Ainsi la part des « cols blancs » sans papiers est passée de 10 % en 2007 à 13 % en 2012 du total de la population active et celle des ouvriers sans qualification clandestins a chuté de 34 à 29 %, même s’ils restent dans ces secteurs (BTP, usines, services) plus nombreux. Cette modification, encore faible, n’est pas anodine pour l’économie américaine car les travailleurs sans papiers représentent environ 5 % du total de la main-d’oeuvre soit, selon Pew Research, de 8,1 à 8,3 millions de personnes (sur 11,2 millions de clandestins, un chiffre inchangé depuis 2008).
Alors que le taux de chômage a chuté en février à 5,5 %, pour certains Etats, l’expulsion rapide d’immigrés pourrait avoir des conséquences importantes. Selon une autre enquête récente de Pew, les immigrés clandestins au Nevada représenteraient 7,6 % de la population de l’Etat ou encore 6,3 % en Californie, ainsi qu’au Texas. Une véritable course de vitesse est désormais lancée entre démocrates et républicains, largement influencés par le Tea Party sur cette question.
Selon le site Web The Hill, qui suit le Congrès américain, des démocrates ont lancé une action pour aider les immigrés qui pourraient bénéficier du programme de Barack Obama. Afin d’éviter leur expulsion, des députés démocrates ont suivi l’idée de Luis Gutierrez de distribuer des « cartes de séjour d’urgence ». « Une chose est certaine : le secrétaire à la Sécurité intérieure, Jeh Johnson, et le président Barack Obama ne veulent pas que vous soyez expulsés », a dit le député démocrate de l’Illinois.
30/03 /2015, Jacques Hubert-Rodier,
Source : Les Echos
