Le ministre autrichien de l’intérieur, Wolfgang Sobotka, a évoqué mardi l’imminence de l’entrée en vigueur de la loi sur l’état d’urgence migratoire adoptée le 27 avril dernier par le conseil national (chambre basse du parlement), lequel texte restreint drastiquement le droit d’asile.
« Il ne faut pas attendre le déluge pour ériger les digues », a déclaré M. Sobotka pour justifier l’urgence de cette mesure exceptionnelle, très décriée au moment de son adoption tant au niveau national que par les instances européennes.
Présentant les derniers chiffres sur le nombre de demandeurs d’asile admis dans le pays durant le premier semestre de l’année, il a ainsi indiqué que le nombre de demandeurs d’asile enregistrés se chiffre à 22.135 personnes. Ce qui signifie qu’il reste 15.365 demandes d’asile possibles dans le cadre du plafond fixé pour cette année par le gouvernement fédéral à savoir 37.500 personnes.
Le pic des arrivées, 5.944 réfugiés, a été enregistré en janvier dernier contre 3.199 en juin dernier, soit une baisse de 60 pc par rapport à la même période en 2015, selon les statistiques dévoilées par le ministre conservateur de l’intérieur, lors du conseil des ministres.
A la lumière de ses chiffres et selon les prévisions, M. Sobotka estime que la barre définie par le gouvernement sera atteinte l’automne prochain. D’où, pour lui, l’absolue nécessité de décréter l’état d’urgence migratoire.
M. Sobotka en poste depuis avril dernier après la démission de Johanna Mikl-Leitner, véritable architecte de la politique migratoire restrictive suivie actuellement par le gouvernement autrichien, n’est pas le seul à évoquer cette urgence. D’autres membres de la coalition gouvernementale formée de sociaux-démocrates et de chrétiens conservateurs penchent pour cette parade.
Dans la perspective de préparer l’entrée en vigueur de cette loi controversée, plusieurs ministères coordonnent, d’ores et déjà, leur action. De plus, M. Sobotka et son collègue au gouvernement chargé de la défense, Hans Peter Doskozil (social-démocrate) auront jeudi, à ce sujet, des entretiens avec leurs homologues hongrois.
Redoutant un afflux massif des migrants en Autriche comme en 2015 avec environ 90.000 demandeurs d’asile, le gouvernement autrichien affiche depuis le début de l’année une fermeté sans concession dans le traitement de la crise migratoire.
A défaut d’une solution européenne commune, le gouvernement, également tétanisé par la montée inexorable de l’extrême droite, s’est vu dans l’obligation de prendre des mesures unilatérales, renforçant et étendant les contrôles aux frontières tout en introduisant des dispositions de loi qui limitent drastiquement le droit d’asile.
12/07/2016
Source : MAP
