Près de 500 sans-papiers pour la plupart Africains sont arrivés en 2009 en Colombie, d’où ils espéraient rallier les Etats-Unis, amenés par des passeurs alliés aux narcos, qui cherchent ainsi à recruter de nouveaux hommes pour leurs trafics.

Le dernier groupe, 70 personnes, a été découvert dans une embarcation à la dérive, en mer des Caraïbes, au nord des côtes colombiennes, avait annoncé la Marine le 31 décembre.

Selon le DAS (Département administratif de sécurité, en charge de l’immigration), des passeurs leurs avaient promis de les amener jusqu’en Amérique centrale, puis aux Etats-Unis.

« Il y a derrière (ces nouveaux arrivants) un réseau très sophistiqué qui cherche à tisser des liens avec les narcotrafiquants locaux pour trouver de nouvelles routes », d’exportation de la cocaïne, a déclaré à l’AFP le directeur du DAS Felipe Munoz.

La Colombie, a-t-il ajouté, a une position géostratégique privilégiée, bordée par deux océans (le Pacifique au sud et l’Atlantique au nord) empruntés par ces réseaux pour tenter de rallier les ports d’Amérique centrale et de là introduire des migrants aux Etats-Unis.

La même opération leur permet de « nouer des contacts et de laisser des gens dans le pays (les Etats-Unis ndlr) qui servent de lien avec les barons de la drogue, avec lesquels ces réseaux cherchent à faire du business », a-t-il ajouté.

Ainsi les bandes criminelles – qu’elles se consacrent au trafic de cocaïne, acheminée depuis la Colombie vers l’Europe en transitant par l’Afrique ou, dans l’autre sens, en envoyant des sans-papiers aux Etats-Unis via l’Amérique du sud, tissent des liens directs entre les deux continents.

Les hommes et femmes accueillis depuis une semaine en Colombie ont pour leur part expliqué aux autorités qu’ils avaient payé 5.000 dollars à des passeurs leur promettant de les amener aux Etats-Unis. Un certain nombre ont cependant déclaré être prêts à rester en Colombie.

Face à l’afflux des sans-papiers, le DAS a décidé d’accroître ses patrouilles le long des frontières séparant la Colombie du Venezuela, du Pérou, de l’Equateur et du Brésil.

Beaucoup d’émigrés arrivent dans le pays par voie maritime, en particulier à Buenaventura (550 km à l’ouest de Bogota), plus grand port colombien sur le Pacifique, en provenance d’Equateur, du Paraguay et du Pérou.

La majorité des quelque 500 personnes ainsi interceptées sont originaires de moins d’une dizaine de pays d’Afrique – Somalie, Ethiopie, Soudan, Bénin, Zimbabwe, Côte d’Ivoire et Libéria – selon le ministère des Affaires étrangères.

« Ce qui ne manque pas d’ironie c’est que ces personnes viennent demander l’asile en Colombie, un des pays au monde comptant le plus de déplacés (par le conflit, ndlr) et d’où sont adressées le plus de demandes d’asile », a déclaré à l’AFP Jorge Rojas, directeur de l’ONG Codhes, défendant les droits des personnes déplacées.

En décembre, la police colombienne a interpellé quatre membres présumés d’un réseau de traite d’être humains dirigé par un éthiopien réfugié en Colombie depuis 2007. Selon la police, l’organisation avait des « filiales » dans le sud de la Colombie, mais aussi à Carthagène et sur l’île de San Andrés, face au Nicaragua.

Source : AFP

Publié le 09.01.2010

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