La ville de Chefchaouen s’apprête à accueillir, lundi prochain, le 3ème Forum international « Planète-Terroirs », organisé du 31 mai au 2 juin sous le thème « diversités, durabilité, Terroirs et développement ».

Placé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, ce forum organisé, avec le concours de l’Unesco, par l’Association Talassemtane pour l’environnement et le développement (ATED) et « Terroirs & Cultures », se tiendra pour la première fois hors de France et réunira plus de 450 participants de 26 pays.

Le choix de Chefchaouen, selon les organisateurs, s’explique par le fait que cette province constitue un bon exemple d’émergence de nouvelles dynamiques de  » Terroir  » malgré un contexte difficile.

Plusieurs producteurs et coopératives, appuyés par l’administration et les associations locales, se sont engagés ces dernières années dans la valorisation de produits locaux de qualité (huile d’olive, fromage de chèvre, fruits secs, miel, etc.). Parallèlement, le tourisme rural et l’écotourisme y sont en pleine expansion.

En outre, ce territoire fait partie de la Réserve de Biosphère intercontinentale de la Méditerranée reconnue par l’UNESCO en octobre 2006. La région bénéficie aussi de la création récente du Parc National Talassemtane (Projet MEDA), du projet de pays d’accueil touristique de Chefchaouen, et d’un

projet expérimental : Parc Naturel Régional de Bouhachem en partenariat avec le Parc Naturel Régional du Lubéron et la Région Paca. Ce sont là autant d’atouts qui font que cette ville soit l’endroit idéal pour abriter un tel événement.

Pour ce qui est des objectifs de ce forum, le troisième du genre après ceux d »Aubrac et des Dentelles de Montmirail (France), les organisateurs indiquent que ce rendez-vous vise l’amélioration des analyses collectives et la connaissance commune ainsi que l’élaboration de propositions de niveau international, et le cas échéant régional (méditerranéen).

Il vise également le renforcement de la mise en réseau internationale et régionale (méditerranéenne) autour des divers acteurs de l’approche « terroir » et enfin, l’accompagnement de la dynamique de développement des terroirs sur la petite région de Chefchaouen et au niveau plus global de la Région Tanger Tétouan et du Maroc dans le cadre de la mise en oeuvre du Pilier II du Plan Maroc Vert.

La plupart des pays en transition du Sud, expliquent-ils, sont confrontés à des défis considérables en termes de développement agricole et rural durable : sécurité alimentaire, diversification de l’économie rurale, réduction de la pauvreté et développement économique, création d’emplois et maintien des équilibres urbain/rural, conservation de la diversité naturelle, culturelle et agricole, et adaptation au changement climatique entre autres.

Face à ces défis multiples, l’approche « terroir » peut apporter des éléments de réponse car, selon les organisateurs, nombre de ces pays disposent d’importants potentiels locaux et d’opportunités de marchés.

La Méditerranée une écorégion des plus riches au monde

L’enjeu des terroirs paraît particulièrement pertinent pour les pays du Sud et Est méditerranéen et pour l’affirmation d’un co-développement durable entre les deux rives de la Méditerranée. En effet, la Méditerranée est l’une des écorégions les plus riches à l’échelle mondiale en biodiversité (y compris agricole), en paysages culturels et en pratiques culinaires.

Si le potentiel des terroirs commence à être bien valorisé sur la rive Nord (80% des produits classés Indications Géographiques (IG) et Appellation d’Origine (AO) de l’Union Européenne relèvent de seulement 5 pays : Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce et parallèlement le tourisme rural s’est beaucoup développé dans nombre de leurs territoires ruraux), sa reconnaissance et sa valorisation sont encore limitées sur la rive Sud.

L’écorégion est par ailleurs confrontée à d’importants problèmes de gestion environnementale et de risques de pertes de diversité que l’approche « terroir » pourrait aider à surmonter.

Le Maroc, un cas exemplaire

Le Maroc constitue un cas exemplaire pour illustrer ces enjeux et réfléchir aux voies et moyens de mise en oeuvre des approches « terroir » dans les pays du Sud et en Méditerranée.

Le Royaume, qui est le plus riche pays en biodiversité en Méditerranée après la Turquie, a commencé à s’engager dans la valorisation de ses terroirs. Sa nouvelle Stratégie Agricole : le Plan Maroc Vert lancé en avril 2008, compte 2 piliers dont le second, spécifiquement dédié au développement solidaire de la petite agriculture, met l’accent sur les produits de qualité.

La mise en oeuvre du Pilier II s’inscrit dans une démarche de développement rural intégré qui mobilise les synergies, notamment avec l’Initiative Nationale de Développement Humain, la création d’espaces protégés, les agences régionales de développement et la mise en place de pays d’accueil touristiques.

L’enjeu de la mise en oeuvre du Pilier II est considérable car les montagnes, oasis et plaines et plateaux du semi-aride regroupent 80% de la population agricole (soit 7 millions de personnes) et 70% des exploitations du pays et étant donné que l’objectif fixé, à savoir, améliorer le revenu de 500.000 à 600.000 exploitations dans les 10 ans, suppose de faire accéder à l’économie marchande plusieurs centaines de milliers de paysans dans les meilleurs délais, en créant de la valeur ajoutée tout en assurant une restauration et une gestion durable des ressources naturelles.

Ce 3ème forum, précisent les organisateurs, se veut ainsi un pari et un défi et ses enjeux sont majeurs, aider partout dans le monde, à nourrir les hommes, promouvoir les identités locales, tracer des itinéraires de développement rural durable et, last but not least, préserver toutes les diversités de la planète.

Source : MAP

Publié le 27.05.2010

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