À l’occasion du cinquantenaire de l’expulsion des Marocains d’Algérie en décembre 1975, le Collectif international de soutien aux familles des expulsés d’Algérie (CiMEA-75) a organisé une rencontre de solidarité au siège du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), ce mercredi 17 décembre 2025.


Lors de son intervention, Abderrazak El Hannouchi, membre du collectif, a souligné que cette nouvelle organisation, fondée en février 2021, ne se limite pas au rôle d’association de victimes. Elle s’est engagée dans un plaidoyer international sur la question de l’expulsion des Marocains d’Algérie dans le cadre des mécanismes des droits de l’homme, alors que l’État algérien persiste à nier cette expulsion fondée sur l’identité. Il a précisé que ce collectif regroupe également une part importante de Marocains du monde, victimes directes ou ayants droit, installés dans plusieurs pays.
Un devoir de mémoire après cinquante ans
De son côté, le président du CCME, Driss El Yazami, a affirmé que le soutien du Conseil au travail mené par les familles des victimes s’inscrit dans ses missions de défense des droits des Marocains du monde. Il a souligné que la publication de ce rapport de plaidoyer marque une étape cruciale dans la lutte contre l’oubli et la préservation de la mémoire.
A cette occasion, El Yazami a rappelé la profondeur historique de la présence marocaine en Algérie, remontant au milieu du XIXe siècle, lorsque débuta la migration marocaine vers l’ouest algérien. Selon les historiens, cette migration a joué un rôle fondamental dans le développement de la région. Il a également annoncé que le Conseil travaille à la publication d’un ouvrage historique retraçant le patrimoine oral de la région du Rif ayant migré vers le nord de l’Algérie, connu sous le nom d’« Izri ».


45 000 personnes expulsées en représailles à la Marche Verte
Pour sa part, Mohamed Cherfaoui, président du CiMEA-75, a présenté les conclusions du rapport élaboré en partenariat avec des organisations de défense des droits humains et des experts juridiques. Ce document retrace l’expulsion de milliers de Marocains d’Algérie lors de l’Aïd al-Adha, le 28 décembre 1975, en réponse à l’organisation par le Maroc de la Marche Verte en novembre de la même année.
Le rapport établit que 45 000 personnes ont été concernées par cette expulsion, dont des personnes malades, des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées, dirigées vers les villes marocaines d’Oujda, Nador et Figuig. « Il s’agit d’une expulsion collective et arbitraire de milliers de Marocains enracinés dans la société algérienne depuis des générations. Cette expulsion a provoqué la séparation de familles mixtes, contraignant le membre marocain à quitter l’Algérie de force, sans aucune reconnaissance de la part de l’État algérien, premier responsable de cette tragédie », déclare Mohamed Cherfaoui.


Un plaidoyer fondé sur le droit international
Selon Mohamed Cherfaoui, le rapport s’appuie sur des faits et des documents historiques visant à rassembler la mémoire des familles marocaines expulsées et à documenter leur drame à travers des articles, ouvrages, témoignages et archives du Comité international de la Croix-Rouge. Il comporte également un volet juridique de référence, supervisé par des experts, qui permettra de lancer un plaidoyer international sur cette question.
Le rapport examine le dossier au regard du droit algérien de l’époque et des accords bilatéraux entre le Maroc et l’Algérie garantissant la libre circulation et l’égalité des droits en matière de commerce et de propriété immobilière. Cette analyse confirme l’illégalité de l’expulsion et engage la responsabilité juridique de l’Algérie.

Le droit international condamne également l’Algérie pour cette expulsion collective et la spoliation des biens, effectuées sans justification et sans droit de recours ou d’appel pour les victimes. Cette expulsion arbitraire met en cause l’État algérien, à qui les Marocains expulsés et leurs familles réclament des excuses et réparation.









