Jeudi 30 octobre 2025 – L’Association des Marocains des Îles Baléares (Al Maghreb) et le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), ont présenté dans une conférence de presse tenue ce jeudi 30 octobre 2025 à Palma de Majorque (Baléares), les résultats d’une étude sur la scolarisation et le décrochage scolaire des enfants marocains dans l’archipel. Réalisée dans le cadre de la mission du CCME de suivi et d’analyse de la situation des Marocains résidant à l’étranger, cette étude préparée par MM. Jose Luis Reina Segura, Alejandro Miquel Novajra et Mustafa Boulharrak El Idrissi, présente un état des lieux actualisé de la situation éducative des jeunes Marocains des Baléares, dix ans après une première enquête conduite en 2015.


L’Espagne, deuxième destination de l’émigration marocaine après la France, compte près d’un million de Marocains, dont environ 40 000 aux Baléares, constituant la deuxième communauté étrangère la plus nombreuse de l’archipel après les Allemands. Les données recueillies mettent en évidence une amélioration notable de la scolarisation des enfants marocains au cours de la dernière décennie, malgré des défis persistants.



Entre 2010 et 2023, le nombre d’élèves marocains dans les Baléares a fortement augmenté aux niveaux préscolaire et primaire, passant respectivement de 804 à 1 542 (+91,8 %) et de 1 730 à 3 373 (+95 %). La croissance a été plus modérée dans l’enseignement secondaire, avec une progression de 1 357 à 1 640 élèves (+20,8 %), en raison de l’orientation de nombreux élèves vers la formation professionnelle de base et du retour d’autres au Maroc pendant la pandémie et les années suivantes pour des raisons économiques. Aussi, le taux de poursuite des études au-delà de l’enseignement obligatoire reste préoccupant. En 2023, seuls 7,48 % des élèves marocains fréquentaient l’enseignement postobligatoire, contre 17,71 % pour l’ensemble des élèves des Baléares, illustrant un décrochage scolaire précoce important.
L’étude révèle également que peu de jeunes Marocains accèdent à l’université. Entre 2010 et 2021, seuls 138 étudiants marocains ont été inscrits à l’Université des Îles Baléares, soit 0,42 % du total, avec un taux d’abandon avoisinant les 50 %. Parmi eux, les femmes sont majoritaires (61.59%), témoignant d’une dynamique positive de persévérance scolaire féminine.


Les chercheurs soulignent que les causes du décrochage scolaire s’inscrivent dans un ensemble de facteurs personnels, familiaux, sociaux et institutionnels. Parmi les plus déterminants figurent la xénophobie, la concentration des élèves étrangers dans certains établissements, le manque de moyens éducatifs, la faible implication parentale et l’orientation systématique vers les filières professionnelles. Ces discriminations, explicites ou implicites, renforcent le sentiment d’exclusion et freinent la réussite éducative des jeunes Marocains.
M. Driss El Yazami, président du CCME estime que « Cette étude est pionnière et ses conclusions sont probablement représentatives de l’ensemble du territoire espagnol ». Face à ce constat, le rapport recommande une série de mesures prioritaires : une intervention précoce contre les comportements racistes et ségrégationnistes dès le primaire ; le renforcement du tutorat et du soutien scolaire ; une plus grande implication des parents dans la vie éducative ; la formation des enseignants à la gestion de la diversité culturelle ; l’amélioration de l’orientation scolaire et professionnelle, ainsi que de la formation professionnelle et universitaire ; et enfin, la promotion du bien-être scolaire et du sentiment d’appartenance. L’étude attire également l’attention sur deux problématiques structurelles : le manque de coordination entre les associations marocaines et les établissements scolaires, et l’absence d’un véritable tissu associatif représentatif de la communauté marocaine aux Baléares.
Le résumé exécutif de l’étude est disponible en français et en espagnol .
Contact : Hanane Mazili. Email : hanane.mazili@ccme.org.ma. Tél. : +212 (0) 6 69016502









