Le ministre français de la Ville Patrick Kanner a estimé dimanche qu' »une centaine de quartiers en France » présentaient « des similitudes potentielles avec Molenbeek », commune bruxelloise à la réputation de fief jihadiste, suscitant une certaine gêne à gauche.
A la question d’une journaliste: « Combien y a-t-il de Molenbeek aujourd’hui en France? », le ministre de la Ville, a d’abord répondu, sur la radio Europe 1, en expliquant ce qu’est à ses yeux cette commune de la capitale belge, d’où provenaient plusieurs membres des commandos des attentats du 13 novembre en France.
« Molenbeek c’est quoi? C’est une concentration énorme de pauvreté et de chômage, c’est un système ultra-communautariste, c’est un système mafieux avec une économie souterraine, c’est un système où les services publics ont disparu ou quasiment disparu », a égrené Patrick Kanner.
« Il y a aujourd’hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s’est passé à Molenbeek », a-t-il ajouté. « Mais il y a une différence énorme aussi (…), nous prenons le taureau par les cornes dans ces quartiers », a-t-il assuré, quelques jours après les attaques de Bruxelles.
M. Kanner a par ailleurs jugé que les émeutes qui avaient secoué en 2005 les banlieues françaises « ont permis manifestement un développement du salafisme » dans les quartiers populaires, où des « prédateurs » se sont installés.
Les réactions gênées ne se sont pas fait attendre à gauche.
Julien Dray, conseiller régional PS d’Ile-de-France, a appelé à ne pas céder à des formules faciles qui « stigmatisent ».
« Depuis 20 ans, a dit le cofondateur de SOS Racisme, il y a une ghettoïsation sociale qui donne lieu (…) à une montée de la délinquance et puis aussi à des noyaux islamistes qui essaient d’instrumentaliser des points sociaux ».
« Ce sont des points communs » avec Molenbeek, a reconnu M. Dray, mais « je n’aime pas qu’on stigmatise car la majorité de la population de ces quartiers en a assez d’être désignée à la vindicte populaire ».
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a lui aussi pris ses distances avec les propos du ministre de la Ville, évoquant « des poches », « des immeubles » et « des rues » présentant des « problèmes » similaires à Molenbeek, mais « pas de quartiers » entiers.
Dès les attentats de mardi à Bruxelles, le rapprochement avait été fait, à droite et à l’extrême droite, entre les situations en Belgique et en France.
Dans une tribune au Figaro vendredi, le député LR (droite) Eric Ciotti a accusé François Hollande d’avoir « délibérément renoncé à défendre la laïcité pour flatter un communautarisme religieux auquel il est redevable ».
« La France ne peut devenir un gigantesque Molenbeek! », a-t-il lancé.
Le Front national (extrême droite) a, lui, estimé que la France n’était « pas épargnée par les zones de non-droit du type de Molenbeek ».
27 mars 2016
Source : AFP