Selon une étude publiée par l’Observatoire espagnol du racisme et de la xénophobie (Oberaxe) du ministère de l’inclusion, de la sécurité sociale et des migrations, les migrants sont moins présents dans la politique et les institutions élues en Espagne que les autochtones.
L’étude, publiée le 2 juin 2025, a été menée par les professeurs Laura Morales et Carles Pamies, tous deux enseignants chercheurs en sciences politiques, en partenariat avec Sciences Po à Paris et l’Institut des politiques et des biens publiques qui relève du Conseil supérieur de la recherche scientifique en Espagne CSIC.
Parmi ses conclusions, il ressort que lors du précédent mandat législatif (2019-2023), le nombre de députés migrants au Parlement espagnol n’a pas dépassé 2 %, alors que depuis 2010, la présence des migrants dans la société espagnole a augmenté de plus de 10 %. Selon la même source, le nombre de parlementaires d’origine migrante au cours de la législature mentionnée s’élevait à seulement 7 sur 407 sièges au parlement.
Contrairement à d’autres pays comme les Pays-Bas, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, la croissance de la présence de députés immigrés au parlement espagnol au cours des 30 dernières années n’a pas dépassé 1 à 2 %, de sorte qu’aucun « progrès significatif dans l’intégration des minorités d’origine immigrée dans la politique en Espagne n’a été enregistré », conclut l’étude, qui note que la faible présence de députés immigrés est une caractéristique partagée par tous les partis espagnols, qu’ils soient de droite ou de gauche.
En revanche, les conclusions de ce travail de recherche ont révélé un changement dans les trajectoires des élus issus de l’immigration à partir de 2000, la plupart de ces députés étant d’origine latine ou africaine, alors qu’avant cette période ils appartenaient à des pays européens.
Par exemple, bien que la communauté marocaine soit l’une des plus importantes en Espagne, la présence marocaine au parlement espagnol au cours des 30 dernières années a été limitée à un parlementaire pour un mandat de deux ans seulement. À la lumière de ces résultats, l’étude a recommandé que les partis espagnols fassent un plus grand effort dans les mécanismes de lutte contre le racisme au sein de leurs structures et dans leur démocratie interne, pour assurer une présence plus diversifiée dans leurs listes électorales, ce qui encouragerait l’implication des immigrés dans les partis. Le rapport recommande aussi de développer les règles de méritocratie au sein des partis politiques qui se baseraient sur la compétence et le talent « et de ne pas choisir des personnes uniquement parce qu’elles sont immigrées afin de meubler la scène avec des minorités ethniques ».
La Rédaction
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