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L’action cultuelle et mutations dans la scène sociale en Europe

lundi, 12 février 2018

« L’action cultuelle et culturelle et mutations dans la scène sociale en Europe » est le thème de la deuxième table-ronde organisée, ce lundi 12 février 2018, au stand du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) au Salon du livre de Casablanca.

J5 TR 2 JAOUADMM. Said Aalla, président de la Grande Mosquée de Strasbourg, Youssef Nouiouer, président de l'association «construisons une culture de la paix», Mohammed Khalid Rhazzali, directeur adjoint du Centre interuniversitaire Culture, Droit et Religions FIDR et Salah Echallaoui, président de l'exécutif des musulmans de Belgique (EMB) ont animé cette table-ronde modérée par M. Jaouad Achakouri, chargé de mission au CCME.

Dans sa présentation, M. Achakouri a expliqué que cette rencontre avait pour objectif d’évaluer la gouvernance de l’Islam dans les sociétés européennes dans lesquelles il est devenu une composante essentielle.

« L’Islam est appelé à composer avec le pluralisme des sociétés dans lesquelles il existe aujourd’hui en tant que minorité, alors que les Musulmans avaient auparavant souvent existé en tant que communauté majoritaire, en terre d’Islam », a-t-il indiqué

Said Aalla : Strasbourg est un bel exemple de coexistence

J5 TR 2 ALLADans son intervention, M. Aalla a présenté quelques statistiques concernant la communauté musulmane en France : « la population musulmane est estimée à près de 6 millions, pour près de 2600 mosquées certes de plus en plus modernes et ouvertes, mais dont 64% fait moins de 500 mètres carrés de surface ».

Le Maroc arrive en tête des mécènes de la religion islamique dans l’Hexagone avec « 6 millions d’euros de financement annuel, devant l’Arabie-Saoudite, qui finance l’Islam dans le pays à hauteur de 3 millions d’euros par an », a-t-il affirmé ajoutant que « les Musulmans ont su s’adapter au contexte européen malgré qu’ils ont toujours vécu en tant que religion majoritaire ».

M. Aalla n’a pas manqué d’indiquer que « la présence des Musulmans en France, et d’ailleurs dans tous les pays occidentaux, été perturbée par la terreur qui a frappé à Paris, Bruxelles ou Barcelone » et qui a soulevé des questionnements sur l’identité de « ces terroristes qui avaient surtout fait des victimes au sein de la communauté musulmane ».

Ces jeunes européens qui ne sont pas nés dans leur pays d’origine et « qui ne s’y rendaient probablement pas ou plus », partis dans des zones de conflit, « constituaient autant d’interrogations pour leurs pays de départ que d’accueil et posait le défi de se définir à l’ensemble de la société ».

Mais l’on « ne peut pas nier que ces questions se posaient plus au sein de la communauté musulmane qui a soudain fait le constat du manque de cadres religieux et des lieux de cultes », soutenus dans leurs réflexions par « l’échiquier politique français et plus particulièrement par le Président de la république française qui s’est récemment lancé le défi de réformer l’Islam de France ». 

Dans cette réalité française, « Strasbourg constitue quand même une exception avec des communautés en parfaite symbiose où la Mosquée de Strasbourg a constitué un opérateur cultuel très important ». 

« Devant ces images qui altèrent la perception de l'Islam, la Mosquée de Strasbourg, financée à 26 % par les pouvoirs publics français et en majorité par le Maroc, est devenue une Mosquée citoyenne, avec une architecture très moderne que des centaines de personnes viennent visiter chaque semaine ». 

J5 TR 2 NouiouerYoussef Nouiouir : l’aspect linguistique est appelé à évoluer au même rythme que l’Islam d’Europe

M. Nouiouir s’est quant à lui intéressé à l’aspect linguistique définissant les « Musulmans de France qui interagissent avec l’environnement européen », même si le défi « des équilibres géostratégiques entre l’Islam et les autres religions reste à relever ».

« La France a changé de visage et l'islam est devenu une composante de la société », a indiqué l’acteur associatif ajoutant que « les appellations linguistiques ne suivent pas l’évolution de cette communauté ».  

« Communautés musulmanes » ou « minorités musulmanes » sont des termes à utiliser avec précautions car ceci peut dissimuler « de résumer cette communauté à rester minoritaire et de considérer son évolution comme invasion » au moment « où on entend moins appeler les juifs français mais la minorité juive ».

Pour M. Nouiouir, « on ne peut pas nier la nette amélioration de la qualité des lieux de culte mais d’autres problèmes ont surgi, à savoir la formation des imams qui doivent avoir une connaissance religieuse tout en pouvant rester ouverts sur la culture et la langue du contexte européen dans lequel ils opèrent et pouvoir participer aux dialogues des civilisations ».

Enfin, M. Nouiouir a appelé « les professeurs à s'impliquer dans la gestion du culte musulman et invité les femmes à s’y associer également ».  

Salah Echellaoui : réalités de l’Islam belge

J5 TR 2 CHELAOUIDans son intervention, M. Echellaoui a mis en exergue la particularité du traitement de l’Islam en Belgique, « un état dont la Constitution stipule que l’état est neutre et pas laïque ».

« En 1974, l’Islam a été reconnu par l’état belge et a pu bénéficier à cet effet des mêmes avantages que les autres religions », a affirmé M. Echellaoui qui a regretté « la non structuration du tissu associatif musulman pouvant faire émerger des représentants fiables et crédibles ».

La Belgique compte 300 mosquées qui se sont créées sous forme d'associations mais qui ne sont pas tous reconnues. Pour celles qui ont pu bénéficier de cette reconnaissance, l’état belge peut participer au financement de leur construction et à la rémunération des imams qui sont désignés en fonction du nombre des fidèles.  La religion musulmane est également enseignée à l’école belge, « ceci est assuré par 1700 professeurs de l'enseignement islamique ».

Pour faciliter la représentation des Musulmans de Belgique, l’EMB a mené plusieurs actions, dont les importantes sont « l’établissement d’une charte pour les imams, une charte pour les mosquées et l’examination des dossiers des imams reconnus avant de les engager ».

Plusieurs formations ont également été organisées « pour préparer les imams à produire un contre-discours extrémiste » dont on peut ressortir « le constat important qu’il y a surtout des radicaux islamisés et non des musulmans radicalisés » qui nous amené à conclure que « le fait de fréquenter une mosquée n’est pas une cause directe de la radicalisation des jeunes ».  

J5 TR 2 GHAZALIMohammed Khalid Rhazzali : l’Italie a eu du mal à gérer la présence de l’Islam

De son côté, le sociologue Mohammed Khalid Rhazzali a estimé que « l’Italie s’est trouvée dans la difficulté de gérer le pluralisme religieux depuis l’arrivée de l’Islam sur son territoire » et a répondu « à cette complexité par la neutralisation ».

La communauté musulmane a, selon lui, manifesté le besoin de pratiquer sa religion à partir du principe que tous les citoyens sont égaux dans les sociétés européennes, dans un « état qui se proclame neutre mais qui connaît une vraie hégémonie de l'église catholique ».

Pour ce qui de la part de la structuration des Musulmans dans le pays, « il convient de reconnaître gérer une communauté qui compte plus de 100 nationalités est très complexe et fait face à une multitude de problèmes dont la communication est le plus important ».

La Rédaction

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