La diversité culturelle marocaine dans la littérature hispanophone

samedi, 26 mai 2018

Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et les éditions “Diwan”, en partenariat avec l’Association socioculturelle pour la coopération au développement “Xenia”, ont organisé, ce vendredi 25 mai 2018, une conférence Maroco-Espagnole sur “l’importance de la littérature dans le rapprochement culturel entre le Maroc et l’Espagne”, à la bibliothèque municipale Eugenio Trías au Parc du Retiro à Madrid.

Dans son allocution d’ouverture, M. Mohamed Haidour, membre du CCME, a mis en avant les missions et prérogatives du conseil, une institution consultative chargée du suivi et de l'évaluation des politiques publiques envers les Marocains du monde, de consolider les liens culturels avec les pays de résidence et de renforcer les liens identitaires des Marocains du monde avec leur pays d’origine. Le consul général du Royaume à Madrid, M. Amine Chaoudri, a pour sa part insisté sur l’importance de la culture dans le rapprochement et le dialogue entre le Maroc et l’Espagne.

La culture marocaine exprimée en langue espagnole       

M. Hassan Arabi, professeur à l’Université Mohammed Ier de Nador, a félicité les organisateurs de cette rencontre, fruit d’un partenariat entre une institution officielle au Maroc et une institution culturelle marocaine en Espagne dont les responsables ont fait le choix d’investir dans l’imprimerie pour faire connaître la culture marocaine en terre espagnole, et de donner ainsi une image différente de la migration marocaine dans ce pays européen en mettant en valeur les productions littéraires marocaines en langue espagnole.

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D’autre part, M. Abderrahmane Fathi, directeur de la filière des études espagnoles à l’Université Abdelmalek Essaadi de Tétouan, a présenté dans son intervention des suggestions pratiques pour renforcer les échanges culturels entre le Maroc et l’Espagne, dans le but de pallier la régression enregistrée dans ce domaine depuis plusieurs années, qui a d’ailleurs entrainé la baisse du nombre des étudiants inscrits dans les filières espagnoles au Maroc.

Parmi les propositions de M. Fathi, l’encouragement de l’initiative « chemin Cervantès » dont le coup d’envoi a récemment été donné à Tétouan et qui pour but d’écrire des citations du célèbre écrivain espagnol dans les esplanades des villes et régions marocaines qu’il a évoqué dans ces œuvres littéraires. Pour M. Fathi, cette initiative est une expression symbolique et humaine de l’importance des relations entre les deux pays qui contribuera à raviver la mémoire collective commune entre les deux rives de la Méditerranée et à créer des espaces d’échange entre les cultures et religions.

Pour sa part, l’écrivain marocain Abdelkader Chaoui a émis quelques remarques concernant les relations culturelles maroco-espagnoles et les relations politiques complexes entre les deux pays qui n’ont pas été historiquement équilibrées et ont de ce fait engendré des conflits. Après avoir cité les étapes historiques les plus saillantes de la littérature marocaine en langue espagnole, M. Chaoui a affirmé que cette dernière a atteint une étape de maturité au point de constituer un courant à part entière où des écrivains expriment leur culture marocaine dans une langue européenne permettant ainsi la faire vivre au-delà des frontières.

L’importance de créer un centre culturel marocain en Espagne

Quant à l’écrivain marocain hispanophone Ahmed Mghara, il s’est arrêté dans son intervention sur son expérience littéraire où il transmet sa passion pour sa ville, Tétouan, au lecteurs espagnols, critiquant en même temps la régression de la production marocaine en langue espagnole qui, selon lui, est « en agonie », puisque le nombre des publications marocaines hispanophones n’a pas dépassé 19 œuvres l’année dernière, en l’absence de tout soutien officiel espagnol pour ces initiatives.

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Afin de faire connaître la culture et les œuvres des Marocains résidant en Espagne, l’intervenant a invité à créer des centres culturels marocains dans les principales villes espagnoles et à soutenir les productions littéraires des Marocains d’Espagne pour qu’elles puissent être à la hauteur des relations historiques entre les deux pays.

Une idée également soutenue par le poète espagnol Fernando De Agrida qui a affirmé que la création de centres culturels marocains en Espagne contribuera à mettre en valeur la diversité des productions des écrivains marocains hispanophones et d’en rapprocher les jeunes marocains et espagnols qui s’intéressent désormais de plus en plus à la culture anglo-saxonne.

Le traducteur marocain résidant en Espagne et membre des éditions “Diwan”, M. Mohamed Chouirdi, a présenté dans son intervention la littérature marocaine hispanophone depuis le premier éditoral publié par le journaliste Hassan Mimoun dans le journal espagnol “Impartial” en 1877, jusqu’aux productions d’une génération d’écrivains pionners qui se sont distingués dans les années 80.

Cette rencontré a également connu l’intervention de l’écrivaine espagnole Cristina López Barrio qui a récemment publié un roman intitulé «brouillard à Tanger», ayant reçu le prix premio planeta. Elle y a exprimé la profondeur de son attachement au Maroc, à sa diversité culturelle et à son héritage populaire et expliqué les raisons spirituelles qui l’on poussé à consacrer son roman à la ville de Tanger qu’elle a visité pour la première fois à l’âge de 18 ans.

Elle a en ce sens indiqué qu’elle a voulu à travers son roman exprimer la passion d’une écrivaine espagnole pour un pays considéré comme le carrefour des cultures, invitant à préserver les relations culturelles et l’attachement historique entre le Maroc et l’Espagne.

Lectures croisées d’écrivains marocains et espagnols

La deuxième séance de la table-ronde a été consacrée à des lectures croisées de récits d’écrivains marocains résidant en Espagne et écrivains espagnols où plusieurs œuvres ont été présentées au public.

Dans ce cadre, le chercheur Hicham Jamal a présenté son livre sur les mineurs marocains non accompagnés dans la région de Madrid. Il s’agit d’une enquête de terrain qui traite la situation complexe de cette catégorie de migrants et qui met le point sur la contradiction entre lois espagnoles sur la migration et les lois de la protection de l’enfance.

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Pour sa part, l’écrivaine marocaine résidant en Espagne Najat Mezouri Chekrouni a présenté son nouveau roman « Ghalia et l’amour interdit » qui raconte l’histoire d’une jeune marocaine née à l’époque du protectorat espagnol dans une contrée du Nord du Maroc avant d’aller vivre dans la ville de Tanger où elle a fait face aux difficultés dues aux stéréotypes qui rongent la société.

M. Mohamed Dahiri, professeur des études arabes et islamiques à l’Université de Madrid, a quant à lui présenté deux œuvres qu’il a récemment publié, consacrées à des écrivains marocains en langue espagnole qui ont marqué la littérature marocaine hispanophone, à savoir Mohamed Chakour et Mohamed Sibari. Ces œuvres ont pour objectif de mettre en lumière les créations littéraires de ces écrivains et d’en faire une référence pour les académiciens et chercheurs.

La rencontre, animée par la poétesse espagnole Victoria Caro Bernal, a également connu l’intervention du professeur à l’Université d’Agadir Mohamed Bargach et la lecture des récits de l’écrivaine et poétesse espagnole spécialisée en littérature maghrébine Leonor Merino.

La rédaction

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