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Décryptage: Réalités et défis du Maroc contemporain ’’

mercredi, 14 novembre 2018

Dans le cadre du colloque "judaïsme marocain : pour une marocanité partagé", une séance sous le thème "décryptage: Réalités et défis du Maroc contemporain" a été tenue avec la participation de MM. Ahmed Herzenni, Ambassadeur itinérant, ancien président du Conseil consultatif des droits de l’Homme, Omar Halli, Président de l’Université Ibn Zohr d’Agadir,

Driss Khrouz, Économiste, directeur général de la fondation Esprit de Fès et Mohamed Tozy, Professeur de sciences politiques.

M.Herzenni: Des défis à relever défis pour mener à bien la transition démocratique

Lors de la première intervention de cette session, dirigée par M. Joseph Gabay, ancien président du Congrès juif canadien et de la communauté séfarade unifiée du Québec, M.Ahmed Herzenni a déclaré que l'État marocain avait réalisé plusieurs avancées sur les plans politique et juridique. Notamment à partir de sur ce qui a été observé au Maroc pendant ce que l’on appelle les années de plomb, puis a appelé au dialogue sur ces violations où la parole a été donnée aux victimes dans le cadre de l'équité et de la réconciliation..

Cependant, pour M.Herzenni, malgré ces progrès, le Maroc a besoin d’un nouveau cycle de réconciliation et de réformes pour remédier au déficit du premier cycle.

Celui-ci a également évoqué plusieurs réalisations du Maroc dans les domaines de la transition démocratique, de l'activation du rôle des associations, de la liberté de manifester, de l'intérêt pour le travail syndical, de la réforme du code de la famille et de la reconnaissance de l'amazigh. Outre une série de réalisations qui ont contribué au progrès des infrastructures de l’État, de l’eau et de l’électricité ... et au développement de divers réseaux formels et informels liés au travail caritatif, dont le plus important est peut-être l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH)

D'autre part, il a abordé un certain nombre de défis à relever pour mener à bien la transition démocratique, notamment la réactivation d'institutions de gouvernance ayant une histoire et une présence en tant que Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et la correction des déséquilibres qui menacent les équilibres sociaux, la fragilité de la gouvernance et l'incapacité à appliquer des lois en raison de nombreuses faiblesses.

Parmi les défis de l’intervention de M.Herzenni figurent des questions sociales telles que l’emploi, les investissements en fonction des besoins ou encore du climat des affaires afin de ne pas tomber dans le fléau de la fraude fiscale, de la dépendance à l’égard de l’État et de l’esprit d’entreprise.

À la fin de son intervention, Herzenni s'est concentré sur les défis liés à la santé, au logement, à l'environnement et à l'éducation, soulignant que le domaine de l'éducation au Maroc est décevant, car il a été prêté davantage d'attention aux écoles privées et étrangères aux dépens de l'école publique...

M. Halli : La nécessité de restaurer la mémoire collective marocaine

Omar Halli, s'est concentré sur l'importance de la diversité et plus particulièrement de celle de la construction du Maghreb de demain, soulignant que l'identité marocaine est multiple et comporte de nombreuses composantes telles que l'arabe, l'amazigh, le hassani, l'hébreu ...

Il a expliqué que le retour à l'identité passe par le retour à la véritable diversité connue et définie par le Maroc, qui constitue à ses yeux un tout. Toutes les entités de l'identité marocaine constituent ce que nous appelons le Maroc. Cette identité ne tire pas son origine du néant, mais de ses origines et de ses racines.

Le chercheur a mis en garde contre le danger d'approcher l'histoire moderne du Maroc sans prendre en compte les fissures de notre mémoire. Dans ce contexte, il a évoqué la place importante occupée par le savant hébreu dans la structure de l'identité marocaine, estimant que la langue amazighe au Maroc nous permettait de prendre conscience de cette valeur et de sa présence dans l'identité collective marocaine.

Il a appelé à la nécessité de revenir sans honte à la mémoire du judaïsme marocain en restaurant la mémoire collective marocaine chez les jeunes afin de reconnaître l'identité marocaine dans sa diversité, en faisant référence à la composante juive marocaine de la cuisine, de l'habillement et de la musique.

À la fin de son discours, Hali a mis l'accent sur le rôle des universités et de la recherche scientifique marocaines dans la mise en valeur des éléments du pluralisme de la mémoire et de la société marocaines, critiquant le fait que l'hébreu soit enseigné dans les universités marocaines en tant que langue orientale et non en tant que langue marocaine de culture marocaine.

Driss Khrouz : la commanderie des croyants est une institution protectrice

M. Driss Khrouz a expliqué dans son intervention les raisons du désintérêt qui sévit parmi les jeunes Marocains, "dû en grande partie aux failles du système éducatif". "Entre 2011 et aujourd'hui il y a eu une crise de phobie parmi les jeunes qui sont de plus en plus essoufflés pour plusieurs raisons".

Sur le plan économique, le Maroc a entrepris de grands progrès mais l'industrie marocaine reste sectorielle et parsemée et manque d'évaluation, explique-t-il. "Même si la croissance est importante, elle est loin d'être suffisante si on note que les 10% de chômage concernent 24% des jeunes diplômés".

La jeunesse souffre, selon l'économiste de ce qu'on appelle une "Pauvreté subjective due au fossé profond qui sépare son univers familial de sa vie sur les réseaux sociaux".

La Constitution marocaine est un cadre concerté qui ouvre des perspectives formidables même si le grand défi est d'appliquer ses disposions.

Pour M. Khrouz, l'enseignement est en grande partie responsable de plusieurs de la crise d'intérêt parmi les jeunes : " l'enseignement n'est pas un espace d'idéologie et il est temps de réaliser que le Maroc est beaucoup plus riche qu'une nation uniquement arabo-musulmane".

" Nous avons la chance d'avoir au Royaume l'institution de la commanderie des croyants qui est protectrice de toutes les composantes de la société", a affirmé M. Khrouz ajoutant qu'il est nous avons besoin du judaïsme, de l'amazighité, déroute la diversité pour épurer l'enseignement du religieux car il est traversé d'une forme d'intégrisme qui n'est pas la nôtre.

"Nous avons besoin de l'amazighité et du judaïsme non pas comme un résidu du passé mais comme un enjeu d'avenir", a conclu l'économiste marocain.

M. Mohammed Tozy : réformes politiques et espérance des élites marocaines

Le politologue et sociologue Mohammed Tozy s'est intéressé dans son intervention aux principaux changements qui ont lieu suite à la réforme constitutionnelle de 2011.

"En terme de principes globaux, la Constitution a reconnu le pluralisme profond de la société marocaine. Elle a aussi apporté une séparation horizontale du religieux et du politique en consacrant l'institution de commanderie des croyants qui est un cadre qui permet à tous de coexister", a précisé M. Tozy. "La souveraineté n'appartient donc ni à la religion ni à la tradition mais à la nation", a-t-il ajouté.

Autre notion accentuée par l'avènement de la nouvelle constitution, celle de la reddition des comptes qui remet en cause notre compréhension de la responsabilité.

En revanche, selon M. Tozy, ces changements s'inscrivent dans un contexte qui est resté relativement en retard, "c'est pour celà que pour mettre en œuvre la Constitution il faut parier sur les élites et leur capacité à comprendre le message et à le vulgariser".

Des mutations qui ont aussi donné lieu à des "ruptures positives" dans la société marocaine qui se manifestent dans plusieurs domaines, notamment en ce qui concerne les droits des femmes.

"L'accès de 260 femmes à la fonction d'adoul, que la femme transmette la nationalité à sa progéniture ou la reconnaissance du lien biologique de l'enfant au delà des liens matrimoniaux sont entre autres des avancées exceptionnelles", a-t-il conclu.

CCME

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