Conférence: "Marocains juifs : destins contrariés"

mercredi, 14 novembre 2018

Un documentaire sur les relations judéo-musulmanes au Maroc, intitulé "Marocains juifs : destins contrariés" a été projeté et suivi d'un débat animé par Yehuda Lancry, diplomate et écrivain, Younes Laghrari, producteur et réalisateur et Faouzi Skali, anthropologue écrivain et modéré par Sonia Sarah Lipsyc,  sociologue et directrice du Centre d’Études Juives Contemporaines de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec.

Le documentaire se présente en plusieurs témoignages de Marocains de confession juive qui sont nés et avaient grandi au Maroc et ceux d'historiens et académiciens marocains.

Plusieurs d'entre eux ont relevé qu'avant 1967, dans une même maison, Juifs et musulmans se partageaient les cuisines et leur plats au quotidien comme des frères sans aucune atteinte à la confession de chacun. 

"Nous vivions ensemble en bon voisinage et menions des activités commerciales ensemble en toute confiance", affirme Amir Peretz. 

En témoigne, l'écrivaine marocaine de confession juive Mme Nicole El Grissy : "maman me faisait porter un caftan lors la fête du trône. On avait des habitudes tout à fait marocaines dans les plus petits détails".

Une sérénité qui sera entachée après la guerre des 6 jours :  "peu à peu, après 1967, se fait ressentir l'exclusion des Juifs", a pour sa part indiqué M.Simon Lévy.

Mais selon Michel Abitbol, "il y avait un discours politique dont le message est que la vie n'est plus possible en terre d'Islam, alors qu'en réalité jamais l'économie juive ne s'est aussi bien portée qu'après l'indépendance du Maroc".

Aujourd'hui le Maroc prend connaissance de cette composante importante de son identité, "l'affluent hébraïque" reconnu dès le preamble de la nouvelle Constitution. Un grand pas dans l'histoire du judaïsme au Maroc sous la haute sollicitude de Sa Majesté.

Suite à ces introductions vint le débat

Pour Yehuda Lancry, le titre du documentaire est parlant, "il s'agit de Marocains juifs et non de juifs marocains, ce qui dénote l'enracinement et l'intégration de la communauté juive au Maroc".

Un attachement également ressenti par les Musulmans Marocains qui se rappellent encore avec nostalgie les années partagées avec leurs voisins juifs : " les juifs étaient l'âme de la medina nous avait confié un ancien voisin dans la ville de Casablanca".

Sur la question des raisons  du départ des Juifs du Maroc, M. Lancry raconte son histoire personnelle : "on voyait les villes marocaines se vider des Marocains de confession juive, il avait du chagrin en filigrane, je m'arrachais ma matrice". 

"Une douleur qu'on voulait surpasser en faisant prévaloir le côté culturel qui unissait tous les Marocains qu'ils soient juifs ou Musulmans", a affirmé M.Youness Laghrari : "le festival des musiques sacrées de Fès a été créé après la guerre du Golf pour faire perpétuer ce patrimoine judéo-andalous arabe que nous avons partagé".

"Nous y avons interpellé tout l'héritage commun culturel en réponse à toute division survenue à cause de la divergence des positions politiques et c'est une initiative qui a été chaleureusement accueillie par la population de Fès".

Quant à M. Faouzi Skalli, "la culture hébraïque dans la Constitution du Maroc est l'expression que cet héritage  n'est pas unique Juif mais appartient à tous les Marocains, qui en prennent de plus en plus connaissance". 

CCME

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