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« Marocains du monde : quelles politiques pour protéger les droits des migrants? »

dimanche, 20 décembre 2020

« Marocains du monde : quelles politiques pour protéger les droits des migrants? » est le thème de l’émission directe organisée, ce samedi 19 décembre 2020, par la plateforme numérique Awacer TV. Mokhtar Ferdaoussi, membre du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et avocat en France, Mohamed Aderghal, géographe et professeur à l’Université Mohammed V à Rabat, Omar Smaoli, gérontologue et directeur de l’Observatoire gérontologique des migrations en France (OGMF) ont participé à cette rencontre modérée par Souad Talsi MBE, membre du CCME et fondatrice d’Al-Hassaniya Moroccan women centre en Angleterre.

Les interventions des différents participants se sont essentiellement intéressées aux droits des retraités et femmes en immigration et à l’apport des actions associatives des Marocains du monde dans les sociétés d’accueil et d’origine.

En Europe, les politiques migratoires changent d’un pays à un autre, d’où l’importance d’établir un diagnostic réaliste selon des données prélevées sur le terrain. En France, par exemple, « la situation fait état de trois catégories de procédures administratives concernant les retraités d’origine marocaine », explique Omar Smaoli.

« Le migrant retraité qui est rentré au Maroc mais qui reste attaché à la France par un transfert de retraite, le migrant qui s’est intégré et qui vit en France mais qui reste attaché à son pays d’origine puis une troisième catégorie qui ne vit, si l’on peut dire, ni au Maroc ni en France, à cause de plusieurs difficultés juridiques pratiques ».

Pour cette troisième catégorie, le principal droit remis en cause dans la pratique est celui de la liberté de circulation, qui doit être inconditionnel, puisque les droits doivent être liés à la personne et non à son lieu de résidence. Une preuve, selon le gérontologue, « qu’encore une fois les lois sont presque parfaites mais elles ne sont pas concrétisés et ne suivent pas l’évolution des changements sociaux ».

« Les pays d’accueil démarchent en effet des actions pour la surveillance et l’accompagnement mais ce qu’on retrouve réellement sur le terrain c’est plus de la surveillance que de l’accompagnement ».

Les retraités, en plus des veuves des retraités marocains, font partie des catégories de migrants qui ont été frappé de plein fouet par les répercussions de la pandémie du Covid 19, notamment en ce qui concerne le rapatriement des corps au Maroc et l’inhumation dans les carrés musulmans. En île-de-France, par exemple 1250 maghrébins sont décédés dans les mois de mars et avril 2019, alors que la région compte 2923 décès parmi la population maghrébine pendant la même période en 2020.

Pour sa part, Mohamed Aderghal considère que le fait même de traiter les migrants comme catégories à part est un facteur de blocage, « que ce soit au Maroc ou à l’étranger, car définir cette catégorie comme étant différente des autres citoyens a fait que les problèmes qui y sont liés restent bloqués, c’est une forme de discrimination ».

« Nous définissons le migrant comme étant quelqu’un qui vit dans un pays autre, alors qu’ils se sont enracinés dans les pays d’accueil, que la question des frontières est juste une disposition administrative et que nous sommes simplement des citoyens qui doivent jouir des mêmes droits où que nous soyons ».

Pour promouvoir les droits des Marocains du monde, Mohamed Aderghal estime qu’il est nécessaire d’impliquer la société civile dans l’élaboration des politiques publiques les concernant : « la gestion des affaires des migrants doit s’appuyer sur l’expertise et la connaissance précise émanant de la réalité de l’immigration dans les pays d’accueil. Les responsables ne peuvent pas élaborer des politiques dont ils ignorent la réalité sur le terrain ».

Pour sa part, Mokhtar Ferdaoussi explique qu’il faut faire la différence entre des droits de « retraite liés à la cotisation durant toute la carrière professionnelle et ceux liés à des allocations de solidarité ».

« Les retraités marocains en France bénéficient du minimum vieillesse s’ils sont présents sur le sol français 180 jours par année civile en France, sinon ils doivent rembourser les montants qu’ils ont perçu dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Autre problème qui se pose dans la pratique, « c’est celui d’appliquer les lois marocaines, notamment celles liées au code de a famille, aux familles marocaines résidant à l’étranger ».

Parmi ces problèmes, on peut citer l’article 49 du code de la famille relatif aux biens acquis par l’un des époux pendant la relation conjugale ou l’article 100 relatif à la garde des enfants, qui a été amendé mais qui continue de lier le droit de la garde à plusieurs conditions, ou le voyage de la femme avec ses enfants qui demeure soumis à une automation de l’ex-mari et bien d’autres exemples de dispositions qui sont difficiles à appliquer en France.

Des difficultés parmi d’autres auxquelles les Marocains du monde font face au quotidien et qui continuent de faire l’objet de « politiques publiques qui ne sont pas unifiées entre les institutions au Maroc devant idéalement travailler en concertation et engager une politique de proximité et de conseil ».

CCME

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