« Approches anglo saxonnes : participation civique des minorités en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis »

mercredi, 08 juin 2022

« Approches anglo saxonnes : participation civique des minorités en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis » est le thème de la table-ronde, tenu mardi 7 juin 2022 au stand du CCME au Salon du livre.

 Tarik Oumazzane, professeur d’histoire et de relations internationales à l'Université de Nottingham au Royaume-Uni, Hanane Abouhakim, docteur en génie chimique et procédés et associée de recherche à l’Université Buckinghamshire au Royaume-Uni, Hamza Taouzzale, maire de Westminster à Londres et titulaire d’un master en sciences politiques et Khalid Lyamlahy, ingénieur, docteur langues médiévales et modernes de l’Université d’Oxford et professeur à l’Université de Chicago, ont animé cette conférence et répondu aux questions de Souad Talsi, membre du CCME en Grande-Bretagne et fondatrice du Centre Al-Hassaniya à Londres.

Souad Talsi, faisant partie de la deuxième génération des Marocains en Grande-Bretagne, a interrogé les intervenants sur leur engagement civique dans leur pays d’accueil et sur le respect de leurs droits en tant qu’individus faisant partie des minorités ethniques dans des pays anglo-saxons.

« En Grande-Bretagne, 13% de la population sont ce qu’on appelle des « BME » (Noirs et minorités ethniques), qui sont représentés au Parlement à hauteur de 10% des députés, ce qui est presque proportionnel et encourageant », expliquait-elle en introduction. Le travail qu’elle entreprend « de connexion entre les membres de la communauté marocaine en Angleterre et son engagement pour la cause migratoire a été salué par les participants qui sont aussi ses concitoyens à Londres. Elle a d’ailleurs été officiellement faite membre du prestigieux Ordre de l'Empire Britannique (MBE) pour son militantisme civique ».

Dans son intervention, Tarik Oumazzane a exposé les liens historiques qui lient le Maroc à la Grande-Bretagne. « Un pan d’histoire en commun et une relation consciencieuse qui dure entre les deux pays depuis plus de 800 ans » qui doit être mieux connue et étudiée par les jeunes Maroc dans les manuels scolaires et les programmes universitaires.

Il évoque en ce sens plusieurs stations historiques. « Ce dinar marocain qui a été trouvé dans la mer anglaise, la relation solide qu’entretenaient le Roi Jean d’Angleterre et Mohammad an-Nasir de la dynastie Almohade, ou durant le siècle XVIe siècle, les accords commerciaux conclus par la reine Élisabeth I d’Angleterre et le sultan marocain Ahmed al-Mansour… ».

La période de Moulay Ismail et du Roi Charles II fut tout aussi fascinante. Le célèbre ambassadeur envoyé en Grande-Bretagne Mohamed Ben Haddou avait fait l’objet de plusieurs récits historiques qui le décrivent comme « la personnalité la plus élégante de la Cour ou comme une personne extrêmement civilisée ».

L’intervention de Hanane Abouhakim s’est résumée dans la description du ressenti au quotidien d’une femme musulmane, africaine, marocaine et portant le hijab dans un pays comme l’Angleterre où elle pratique le métier d’ingénieur, souvent perçu comme un domaine masculin.

« Ma plus grande inspiration a été ma grand-mère qui m’a éduqué et qui me semblait quand j’étais petite et même adulte avoir des réponses à tout ». Par extension, « je pense que nos grands-mères font beaucoup de métiers en même temps et que les femmes ont toujours été fortes et ont toujours fait un énorme travail ».

Pour ce qui est de son expérience universitaire et professionnelle en Angleterre, Hanane Abouhakim, qui aussi travaillé chez le géant pharmaceutique Astra Zeneca, affirme qu’au fil de son parcours elle n’a jamais réalisé qu’elle faisait partie d’une minorité ou été attaquée pour son hijab, définissant la Grande-Bretagne comme une société d’épanouissement d’accomplissement.

Hamza Taouzzale, ce plus jeune maire musulman du pays explique que dans son quartier, beaucoup de Marocains ont la compétence et le profil pour présenter et représenter leurs concitoyens mais qu’il faut encore qu’ils soient encouragés à s’y engager.

« Westminster est faite de diversité entre plusieurs nationalités, à laquelle je participe aussi avec mon héritage marocain tout en incarnant toutes les valeurs de Grande-Bretagne », affirme Hamza Taouzzale qui explique que « les marocains travaillent encore individuellement, contrairement à d’autres minorités comme la communauté asiatique ».

En interaction avec le public, il a émis le vœu d’être un exemple à suivre pour les jeunes générations de Marocains dans son pays et au sein de sa communauté qui l’a élu ou pour les minorités en général. « Célébrer mon succès c’est permettre à l’autre de réaliser qu’il a une chance à saisir », a-t-il conclu.

Pour sa part, Khalid Lyamlahy qui a vécu en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, se rappelle du chaleureux accueil de « ses professeurs anglais et de la communication compliquée avec des professeurs français, décrivant les rapports aux immigrés dans les deux pays de deux mondes différents ».

« Aux Etats-Unis, le climat social et politique de la période Trump égale était plutôt tendu, mais la mort tragique de Georges Floyd a marqué un tournant, car beaucoup de personnes qui n’étaient pas intéressées par la lutte des minorités s’y sont intéressées ». Depuis l’élection de Biden, on sent que la société a beaucoup d’attentes mais que très peu de choses ont été achevées, faisant de la lutte des minorités une lutte permanente aux Etats-Unis.

Il explique qu’au-delà des communautés, beaucoup de personnes sont en train de se mettre ensemble pour avoir eu en commun des traits qui transcendent l’ethnicité. « Les gens sont très curieux, mes étudiants par exemple par sont avides de connaître la culture marocaine, les traditions, mais pour les atteindre et leur faire aimer cette culture, il faut faire quelque chose au-delà d’un simple métier de professeur, il faut se sentir représentant de cette culture et aimer communiquer avec l’autre ».

En réponse à une question du public sur l’engagement des Marocains des pays anglo saxons pour la cause nationale, Khalid Lyamlahy a affirmé qu’« on a besoin d’informer les Marocains à l’étranger sur leur pays afin qu’ils puissent formuler leur plaidoirie, que ce soit au quotidien avec d’autres nationalité, en famille, avec ses amis ou ses collègues ».

CCME

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