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Débat : Le monde arabe face aux défis culturels

jeudi, 19 février 2015

Le temps n'est pas encore à l'apaisement dans le monde arabe qui est le théâtre d’affrontements continus et les enjeux géostratégiques donnent une portée internationale à ces conflits. Peut-on parler d’échec du Printemps arabe et si oui, comment l’expliquer ?

 Autant de questionnements posés lors de cette table ronde auxquels ont tenté de répondre MM.Abdeljalil Salem, Président de l’Université Zitouna à Tunis, Zayd Al Foudayl, chercheur et académicien saoudien, Bourhan Koroglu, professeur universitaire turc et Mustapha Mourabit, enseignant-chercheur et ex-directeur d’Al Jazeera center for studies faisant office de modérateur de cette rencontre.

Dans son intervention, M.Zayd el foudayl estime que les défis culturels arabes peuvent s’expliquer par la volonté de maintenir la perspective culturelle de la nation arabe qui affecte de manière directe le  système politique.

Il considère donc que changer ce point de vue culturel va se répercuter sur toute l’identité arabe. Pour en témoigner il cite l'exemple de la création de la Ligue arabe, le début du siècle dernier, qui est venu dans un contexte culturel  qui promouvait la nation arabe et le concept d'alliance culturelle de la nation, donne qui a changé avec l'émergence d'un autre concept culturel et notamment la mondialisation, qui a produit une fissure dans l'identité nationale arabe évidente après la guerre de Juillet et l'émergence d'un courant qui ne reconnaît pas la présence religieuse dans l'état, la même chose s’est produite dans les événements du Printemps arabe qui ont poussé la région à se diriger vers une nouvelle direction qui a mis en exergue les tensions ethniques et religieuses

«  Le principal défi qui se pose est la recherche d'un point de vue culturel pour maintenir l'Etat national loin de l'État-nation »

Il a par ailleurs souligné que le monde arabe  a besoin de reconfigurer le contexte intellectuel à la lumière de la prédominance des pouvoirs occidentaux ce qui a entraîné des changements importants à la culture arabe.

Abdul Jalil Salem s’est saisi de son intervention pour passer au crible l'expérience tunisienne dans la démocratie et le renforcement de l'État, surtout après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, en disant que ce qui a conduit au changement du pouvoir en Tunisie rappelle les conditions derrière la chute de Bourguiba: la congestion politique et la mobilité sociale ; Le chômage et de la répression  ont mis le feu au bois conduisant l’élite à pousser Bourguiba vers la sortie, cette fois l’initiative est venue de la rue et des jeunes sans la participation des partis politiques.

Le départ du Parti de la renaissance du pouvoir et l'organisation des élections ont donné victoire au parti Nidaa Tunis qui n’existait pas et qui a été créé vu le manque de succès du gouvernement de la troïka dans la gestion des affaires de l'État et ce parce qu’ils n’avaient pas un préalable administratif et culturel leur permettant de mener à bon port un état comme la Tunisie.

Il a expliqué la montée en puissance du parti laïc de la Tunisie comme un résultat naturel de la conscience que l'intérêt national  a imposé au Parti de la renaissance islamique de quitter le pouvoir afin de préserver les intérêts supérieurs de l'Etat tunisien, Cette prise de conscience  s’explique par un courant au sein du Parti de la renaissance, qui a été convaincu de la nécessité de maintenir l'Etat national et l'intégration des islamistes, devant le terrorisme et l'extrémisme croissants dans les pays voisins.

Pour sceller son intervention, M. Salem fustige  la vision islamiste de l'Etat moderne, en soulignant que le problème des islamistes est la faiblesse culturelle de leur projet de l'État qui demeure traditionaliste.

Pour sa part, Bourhan Kuruglo loue le modèle turc et passe en revue les aspects de la réussite de l'expérience turque, qui a vécu les crises qui secouent certains pays arabes dans le cadre du printemps arabe, il y a cinquante ans  pour alterner élections et coups d’états avant d’en ressortir plus forte et plus expérimentée en axant son  modèle sur  la production économique et le développement humain.

Selon Kuruglo le monde islamique est en crise depuis deux cents ans  et l'histoire moderne témoigne du fait que le monde islamique traverse une crise due à une production économique, scientifique et culturelle insuffisante, ajoutant que la prise de conscience de cette crise est survenue trop tard  en plus de la dispersion de la nation arabe, sans parler du rêve de construire un état unifié qui s’est substitué au maintien de l’Etat national .

M. Kuroglu exclut l’ Iran et la Turquie de la crise que traverse le monde arabe en raison du fait qu'ils ont pu maintenir leur stabilité nationale après la chute de l'Empire ottoman. Il a par ailleurs déclaré que la Turquie représente un modèle pour les autres pays de la région qui ont la même histoire et des habitudes communes, exprimant par la même occasion son optimisme  quant au futur du monde arabe malgré l’impasse dans laquelle il se trouve aujourd’hui

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

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