Table ronde : Gestion de la diversité culturelle dans les espaces de l’immigration

jeudi, 19 février 2015

Le public a été présent au rendez-vous donné par le pavillon du CCME en marge du salon du livre de Casablanca pour une table ronde sur le thème « Gestion de la diversité culturelle dans les espaces de l’immigration »

Cette rencontre modérée par Mustapha Mourabit, enseignant-chercheur et ex-directeur d’Al Jazeera center for studies, a connu la participation d’éminentes figures et notamment M. Khalid Hajji, chercheur et secrétaire général du Centre européen des oulémas marocains (CEOM), Léon Buskens, anthropologue et spécialiste du droit dans les sociétés musulmanes et Abderrahmane Aisati, professeur à l’Université de Tilburg (Pays-Bas).

Léon Buskens qui ouvre ce débat considère qu’il est nécessaire d’apprécier la dimension historique de ce thème, en effet il parle de la première phase de l’immigration aux Pays-Bas où l’on croyait que ces personnes venues d’ailleurs n’allaient pas rester longtemps ce qui s’est avéré faux comme en témoigne les générations ultérieures issues de l’immigration certes mais qui se sont forgées une nouvelle identité et ont réussi à s’adapter à la société néerlandaise tout en conservant leurs liens avec le Maroc

Il remarque aussi le changement de ton de la politique hollandaise et le durcissement de sa position vis-à-vis de la question de l’immigration, que conforte le comportement de certains jeunes qui versent dans la délinquance ou qui sont sur la marge de l’extrémisme.

Il note aussi l’émergence de propos ouvertement xénophobes et le laxisme de la société, chose qui ne pouvait pas se faire il y a encore 20 ans.

Par ailleurs, il préconise à la société néerlandaise, au gouvernement et aux différentes communautés de se rendre à l’évidence que « les immigrés vont rester et qu’ils veulent vivre d’une certaine manière ce qui relève de leur droit et liberté » avant de clore son intervention en soulignant l’importance de « respecter les sensibilités des autres ».

S’en suit l’intervention de M.Aisati qui parle d’un problème saillant de réduction identitaire, il estime que « l’identité est une hiérarchie » qui commence de son milieu direct avant de comprendre plusieurs autres facteurs.

Il pense que la gestion de la question culturelle aux Pays-Bas est reléguée au second plan et qu’elle se focalise sur le plan individuel bien que beaucoup d’écoles et centres musulmans sont financés par l’Etat hollandais mais ils profitent aux Turcs qui sont animés par cette volonté de préserver leur culture alors que selon M.Aisati, les marocains n’ont pas vraiment cette fibre et attachement fort au pays et à ses mœurs.

Pour sa part, Khalid Hajji considère que « la culture qui est une symbiose entre le temps, le lieu et les autres » .L’échec des sociétés européennes s’explique par le fait qu’ils pensaient juguler l’immigration et réussir l’intégration de tous, il parle d’intégration et de désintégration de la société et de l’Europe qui se sent menacé dans son identité pour s’être ouvert sur les autres civilisations.

Il estime qu’il incombe à la communauté musulmane de s’adapter à la culture du pays d’accueil tout en évoquant le malaise de la jeunesse issue de l’immigration qui reste tiraillée entre les coutumes de sa famille et les valeurs de la société occidentale dans laquelle ils vivent.

Cela pousse certains à adopter le modèle de l’islam puritain qui aspire à une et seule identité religieuse et fait abstraction de ses autres revendications identitaires ce qui pose problème à la coexistence et cohésion sociales.

SG au JT de 2m: spécial programmation de la journée internationale des migrants

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