Marocains du monde : l'expérience du retour au pays

lundi, 11 février 2019

Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) a organisé, lundi 11 février 2019 au Salon du livre de Casablanca, une table-ronde sur l'expérience du retour au pays des Marocains du monde. Mohamed Ezzouak, Ramzi Ammou, Mouna Louhamane et Nabil Brouz ont animé cette conférence modérée par Ghislaine El Abid, chargée de mission au CCME.

Introduisant la rencontre, Ghislaine El Abid a mis en avant quelques statistiques concernant les communautés marocaine à l’étranger et les mutations que l’immigration marocaine a connu : “ils sont près de 5 millions vivant dans 108 pays. Une communauté qui s’est fortement féminisée (50% des Marocains de l’étranger sont des femmes) et rajeunie”.

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Elle a également exposé quelques actions menées par le CCME, notamment la réalisation d’une étude sur la mobilisation des compétences qui a mis le point sur les dimensions sociologique et anthropologique de l’immigration. Elle a également expliqué l’importance de l’expertise cumulée par le CCME, une institution consultative et de prospective qui a, entre autres, la mission d'amplifier la contribution des Marocains du monde dans le développement de leur pays.

Mohamed Ezzouak : j’ai voulu être cette passerelle virtuelle entre le Maroc et sa diaspora

Né à Taounate, Mohamed Ezzouak a quitté le Maroc à l'âge de 2 ans pour rejoindre son père qui travaillait dans la région de l’Ain en France. Il a dû demander, à l’âge de 16 ans, une carte de séjour parce qu’il “était né au Maroc”.

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Pour lui, “le mythe de retour a été transmis par intraveineuse, il m'habitait” : “je me reconnaissais principalement d'identité marocaine. J'ai adopté l'identité française à la faculté quand j'ai eu l'accès à la nationalité française”.

Il décide de tenter l’aventure du “retour aux origines en 2007” et crée le site d’information Yabiladi :  “prenant conscience que les Marocains du monde sont des ambassadeurs de leur pays, j’ai voulu être cette passerelle virtuelle entre le Maroc et sa diaspora”.

Il décrit ce retour de “brutal” : “j'ai compris ce que voulait dire le mot intégration en arrivant au Maroc, j'ai dû apprendre de nouveaux automatismes. Ça m'a pris 9 mois pour pouvoir couper le cordon ombilical avec la France”.

Il explique en outre que cette intégration peut être facilitée si l’on se défait de “la pression du retour définitif” : “il faut se dire que si l’on souhaite partir ailleurs rien ne ne nous en empêche. On est tout de suite après plus à l'aise avec sa marocanité et avec cette identité plurielle”.

“J'ai trouvé ma voie en rentrant au Maroc parce que je veux participer à la construction de mon pays”, a-t-il affirmé.

Mohamed Ezzouak explique grâce aux conclusions de deux études réalisées par son site les principaux ingrédient d’un retour au pays réussi.

Yabiladi a donc réalisé deux études, une avec la revue economia et une deuxième enquête en ligne en collaboration avec le club France-Maroc. “Les retours les mieux réussies se préparent dans le cadre de la famille. Quand cette décision est prise en réaction à une situation, la possibilité d’un échec est plus importante”.

“Au delà de l'amour pour le pays, il est important de noter que l'on rentre pour saisir des opportunités professionnelles”, précise le journaliste franco-marocain.

Ramzi Aammou : la mobilité de la communauté marocaine estudiantine

Ramzi Aammou a 33 ans. Il fait partie de la troisième génération d’immigrés en France. Il s’est installé au Maroc depuis 8 ans. “Je suis né et j'ai grandi dans les Alpes. Avant d'arriver je pensais que j'étais à 50% marocain et 50% français. J'ai ensuite réalisé que j'étais 100% marocain et 100 % français”.

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Il a précisé dans son intervention quelques données statistiques concernant la communauté estudiantine marocaine en France.

Près de 40 000 étudiants marocains poursuivent leurs études en France représentant les deux tiers des étudiants Marocains en mobilité dans le monde.

Il s’agit de la première communauté estudiantine étrangère en France.

Il explique que “la migration est une nécessité pour les pays car elle représente une vraie richesse” au sens où les Marocains du monde auront “développé des compétences humaines en plus des qualités académiques”.

Il décrit son installation au Maroc de “difficile pour des raisons liées à l'environnement social notamment” et invite dans ce cadre à la création de dispositifs officiels pour faciliter le retour au Maroc.

Ramzi Aammou exprime “sa volonté de contribuer au développement de son pays” nourrie par le “bonheur d’être auprès de sa famille et de ses proches”, même si cela peut être “un rêve si les opportunités professionnelles ne se présentent pas

Mouna Louhamane : je me suis sentie comme une expatriée espagnole chez moi

Mouna Louhamane est médecin spécialisée dans le traitement de la douleur. Elle a créé son cabinet à Casablanca après avoir passée 17 ans en Espagne.

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“Je suis partie en Espagne parce que les conditions d’avoir accès à la profession de médecin étaient plus facilitées qu'ailleurs en Europe”, explique Mouna qui a pu faire sa spécialité à Séville avant de pouvoir exercer son métier à Barcelone plus tard.

Dans son parcours, Mouna Louhamane a été active dans l’associatif, notamment pour la santé des migrants. Un engagement qui a été facilitée grâce à sa maîtrise de quatre langues.

Elle précise n’avoir “jamais eu l'intention de retourner au Maroc mais les opportunités qui se sont présentées à moi ont été très motivantes”. Un retour qui n’a pas été des plus facile en raison des différences qui ont donné lieu à un “choc des cultures de travail” : “je me suis sentie comme une expatriée espagnole chez moi”, “j’ai réalisé qu’en 17 ans le Maroc a changé, et moi aussi”.

Nabil Brouz : le retour au Maroc nécessite une intégration

Nabil Brouz se définit comme “franc-comtois” installé au  Maroc. “Je suis tout à fait français et tout à fait marocain grâce à l’éducation que m’ont donné mes parents qui m’ont transmis la culture et la langue de mon pays”.

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“Les valeurs que les parents m'ont transmis m'ont motivé pour  tenter l'aventure de la migration vers le pays de mes origines”, affirme Nabil Brouz qui s’est installé au Maroc en 2010. “Je me suis donc réapproprié le Maroc”.

Il explique qu’il n’acceptait “pas la notion d'intégration en france parce que je considérais que je faisais partie de cette culture qui m'a vu naître et grandir, par contre au Maroc j'ai eu à m'intégrer”.

Les informations sur retour étant “limitées  aux achats immobiliers et aux transferts des fonds”, Nabil Brouz a décidé de s’engager dans “la réadaptation culturelle des Marocains natifs de l’étranger” : “je fais la différence entre natifs et non natifs de l’étranger car passer des années au Maroc peut être avantageant en terme de culture”.

“J'ai donc pensé à créer un réseaux qui compte 600 membres. Nous organisons des ateliers et des rencontres pour faciliter l'adaptation culturelle au nouvel environnement à notre retour”, affirme Nabil Brouz.

Concernant sa contribution au développement de son pays et la comparaison que l'on peut souvent faire entre le Maroc et la France il répond : "Constater c'est bien, agir c'est mieux".

CCME

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