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Burqa : le Conseil français du culte musulman critique mais ne condamne pas

Les députés auraient souhaité une condamnation sans nuance du port du voile intégral par les institutions représentatives de l'islam de France. Ils ont entendu un avis plus nuancé.

Reçus mercredi 14 octobre par la mission parlementaire qui planche depuis juillet sur le sujet, les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM) ont développé un exposé tentant de ménager à la fois le "vivre ensemble" républicain, les femmes voilées et la liberté individuelle. Ils ont aussi redit leur opposition à une loi d'interdiction, jugée "contre-productive et inapplicable" et se sont inquiétés de la "stigmatisation de toute une religion" depuis l'ouverture de ce débat.

Fruit d'un compromis à même de satisfaire les différentes sensibilités représentées au sein de cette instance, le texte laborieusement préparé ces derniers jours se garde donc de "légitimer ou non le port du voile intégral" et "d'incriminer celles qui le portent".

Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a certes déclaré : " Se basant sur l'avis de la grande majorité des théologiens musulmans, le CFCM considère que le port du voile intégral n'est pas une prescription religieuse." Mais il a immédiatement ajouté qu'il s'agissait bien "d'une pratique religieuse basée sur un avis minoritaire ".

Une nuance destinée à ne pas disqualifier une partie, fût-elle marginale, des fidèles se réclamant de l'islam en France. Une manière aussi de dire que s'ils ne partagent pas cette lecture de l'islam et " oeuvrent à la faire régresser", il ne leur revient pas de la condamner.

Cette position "inconfortable" s'explique notamment par l'attitude d'une partie de la communauté musulmane, qui, inquiète d'une nouvelle "stigmatisation", se solidarise avec les femmes portant le niqab.

Certains députés ont mesuré l'embarras : "Il y a quelque chose de timoré dans votre attitude qui me gêne, leur a lancé le député (PS) Jean Glavany. Qu'est-ce qui vous empêche de qualifier ces dérives de fondamentalistes et intégristes ?" "Vous devez condamner ceux qui refusent le vivre ensemble, dire qu'il s'agit de dérives sectaires, d'intégrisme, sinon vous ne nous aidez pas", a aussi insisté Bérangère Poletti (UMP).

En réponse, les membres du CFCM sont allés aussi loin qu'ils le pouvaient dans la critique du courant littéraliste incarné par les femmes en niqab. "C'est une pratique extrême qui ne permet pas de vivre une vie sociale normale et nous ne souhaitons pas qu'elle s'installe sur le territoire national", a indiqué M. Moussaoui, employant même le mot "intégriste" après deux heures de débat et face à l'insistance des députés. "Le voile intégral est incompatible avec le contexte français et le vivre ensemble", a aussi dit Anouar Kbibech, représentant le Rassemblement des musulmans de France au sein du CFCM. "Une fois qu'on aura dit qu'il s'agit d'une pratique intégriste, extrémiste, est-ce qu'on aura réglé le problème ? Peut-on trancher un débat sur la lecture de l'islam par une loi ?", s'est pour sa part interrogé Fouad Alaoui, représentant l'Union des organisations islamiques de France (UOIF).

"Dialogue et pédagogie"

Les responsables musulmans ont appelé ces femmes à prendre en compte "la perception de cette pratique par le reste de la société" et à "dévoiler leur visage lorsque la sécurité l'exige". Ils ont mis en avant le "dialogue et la pédagogie" pour "cantonner ce phénomène marginal". "Quand les imams dans nos mosquées promeuvent un islam apaisé, nous aidons à résoudre le problème", a affirmé Chems-Eddine Hafiz, représentant la Grande Mosquée de Paris au sein du conseil.

Les responsables musulmans ont surtout profité de cette audition pour promouvoir la lutte contre l'islamophobie. Ils ont demandé au Parlement de "dresser un état des lieux sur la montée de l'islamophobie" et de proposer des solutions pour lutter contre ce phénomène. "S'il y a combat contre les pratiques radicales, il faut aussi en contrepartie un combat contre l'islamophobie", a indiqué M. Moussaoui. Une proposition que le président de la mission, André Gerin, a reprise au vol, indiquant que ce sujet ferait partie des " préconisations" finales de la mission. La mission devait se rendre jeudi 15 octobre à Lyon ; elle sera en novembre à Marseille et à Bruxelles. Les députés n'ont toujours pas eu l'occasion de rencontrer des femmes portant le voile intégral.

Source : Le Monde

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