La Cimade, une Ong accueillant et accompagnant en France des dizaines de milliers de migrants et de demandeurs d’asile dans ses permanences, s’est dite mardi inquiète d’un durcissement des politiques migratoires européennes, suite aux dernières élections communautaires qui ont propulsé au-devant de la scène des partis d’extrême droite.
Dans une réaction aux dernières élections au Parlement européen, elle s’est alarmée de ces résultats qui témoignent, à ses yeux, d’une « montée inquiétante de la xénophobie et du repli sur soi dans les pays de l’Union européenne (UE), menaçant les valeurs de solidarité, de tolérance et de respect des droits sur lesquelles l’UE s’est construite ».
L’Ong française prévient, dans ce contexte, qu un durcissement des politiques migratoires européennes est à craindre, affirmant qu en France, les résultats de ces élections, après ceux des municipales, sonnent comme le « désaveu de politiques migratoires qui ont cherché, en vain, à satisfaire une opinion supposée de plus en plus hostile aux étrangers ».
« Ces politiques de fermeture, mues par l’obsession du contrôle et de la lutte contre l’immigration irrégulière, n’ont pas empêché le Front national de réunir les suffrages de 4,7 millions de citoyens », fait-elle remarquer, signalant que ces élections ont « très certainement découragé une part significative des 25 millions d’électeurs qui se sont abstenus, manifestant ainsi leur déception des politiques actuellement mises en œuvre ».
Pour la Cimade, en fragilisant la situation des personnes étrangères toujours montrées du doigt, ces politiques « nous éloignent des valeurs fondamentales de la démocratie et légitiment les discriminations ».
L’Ong appelle, de ce fait, les acteurs politiques à une « autre approche » qui garantisse « véritablement la dignité des personnes et le respect des droits humains, en étant porteuse d’une vision ouverte de l’autre ».
« Les nouvelles orientations politiques européennes à venir, ainsi que les projets de loi concernant le droit d’asile et le séjour des étrangers en France, doivent être ainsi l’occasion de mettre en œuvre d’autres principes pour d’autres projets, pour en finir avec l’impasse et la fuite en avant des politiques migratoires actuelles », préconise-t-elle.
Le Front national (FN-extrême droite) est arrivé très largement en tête du scrutin européen en France qui s’est déroulé dimanche dans vingt et un pays d’Europe, avec 24,6% des voix, créant désarroi et inquiétude au sein de la classe politique française.
Si la participation était globalement en légère hausse par rapport à 2009, l’abstention aux élections européennes de 2014 est une caractéristique persistante qui a atteint cette année des sommets. En France, l’abstention a été de 56 % alors que le record avait été battu en 2009 avec 59,36 %.
27 mai 2014
Source : APS
