Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des migrants, François Crépeau, a réclamé lundi la fin du placement en détention, sur la base de l’accord UE-Turquie, des migrants arrivés en Grèce, et a souligné la fragilité légale de ce pacte destiné à freiner l’afflux de migrants.
« J’appelle la Grèce à mettre fin à ces détentions » sauf cas exceptionnels, a déclaré M. Crépeau dans une conférence de presse à l’issue d’une visite de cinq jours en Grèce.
Ces placements en détention — pour une période de 25 jours — de tout migrant arrivé après l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie le 20 mars « ont été demandés à la Grèce par l’UE », mais « cette contrainte est déplacée », a-t-il souligné.
La détention est en particulier inacceptable pour les enfants, très nombreux parmi les arrivants, « qui ne doivent pas être détenus », a-t-il insisté. D’autant que les conditions dans les centres de rétention surchargés des îles « ne sont pas optimales », alimentant parmi les exilés « frustration et peur ».
M. Crépeau a aussi mis en avant les incertitudes pesant sur la légalité du pacte UE-Ankara, un simple « accord politique sans caractère juridique contraignant », qui vise à tarir les passages migratoires en Egée et prévoit le renvoi en Turquie des migrants arrivés irrégulièrement y compris les demandeurs d’asile.
« En cas de contestation » par des migrants concernés, « il faudra attendre que la justice grecque et européenne se prononce pour savoir si c’est un mécanisme efficace ou si cela viole les droits humains », a relevé le rapporteur.
Il a appelé l’UE à mieux « partager la responsabilité avec la Grèce qui se bat pour offrir une protection aux migrants » bloqués sur son territoire, quelque 50.000, en accélérant notamment la procédure de relocalisation et en augmentant son aide financière à l’Etat.
Les fonds affectés par l’UE « ne peuvent pas aller seulement aux ONG », comme cela est prévu pour les enveloppes d’urgence déjà débloquées, car ces organisations ne peuvent pas « fournir tous les services requis », notamment pour la prise en charge scolaire ou hospitalière, a-t-il estimé.
IL a également appelé la Grèce à « un effort bien plus important » pour informer ces exilés. « La difficulté d’obtenir une information exacte sur ce qui va leur arriver est un grand facteur d’angoisse pour eux », a-t-il relevé.
16/05/2016
Source : AFP