Le rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme a estimé lundi que les travailleurs immigrés en Corée du Sud et les étrangères mariées à des Sud-Coréens étaient confrontés à de « graves problèmes » de discrimination raciale, d’exploitation et d’abus en tous genre.
Mutuma Ruteere a achevé lundi une mission d’une semaine en Corée du Sud, durant laquelle il n’a pas réussi à rencontrer les ministres qu’il souhaitait voir.
Il a estimé que la Corée du Sud faisait face à d’importants défis pour gérer les étrangers qui arrivent dans le pays en nombre croissant. Il a réclamé des mesures pour améliorer l’éducation ainsi que la législation et en particulier la législation du travail. Il a aussi demandé que les dispositions soient prises pour que les médias cessent d’employer des « stéréotypes raciaux et xénophobes ».
La Corée du Sud figure parmi les pays d’Asie les plus ethniquement homogènes et accueille une population d’étrangers qui ne se sentent pas toujours bien accueillis.
Certains se plaignent de racisme ordinaire, à la télévision par exemple lorsque des présentateurs se badigeonnent le visage de cirage noir. Ou quand une publicité pour la marque de cigarettes « Cette Afrique » met en scène des chimpanzés déguisés en journalistes de télévision.
Certains expérimentent la discrimination en direct, comme les immigrés sous-payés occupant des emplois non qualifiés.
M. Ruteere a mis l’accent lors d’un point de presse sur le sort des étrangers travaillant dans les secteurs de la pêche ou de l’agriculture et qui sont soumis à de difficiles conditions de vie et de travail. Ils travaillent souvent plus longtemps que leurs collègues sud-coréens pour des salaires inférieurs, a-t-il dit.
Les pêcheurs étrangers sont « souvent soumis à des abus physiques et des attaques verbales racistes et xénophobes » de la part des équipages, a-t-il détaillé.
Outre les travailleurs migrants, la Corée du Sud accueille de nombreuses étrangères pour la plupart venues de Chine et du Sud-Est asiatique qui arrivent pour épouser des hommes du cru. Celles-ci ne sont pas protégées en cas de séparation ou de divorce, en particulier lorsqu’elles n’ont pas d’enfants. « Elles sont dans une situation particulièrement vulnérable. Beaucoup ont peur de signaler les mauvais traitements de peur de perdre leur permis de séjour », a souligné le rapporteur.
« Il y a de graves problèmes » auxquels doivent se frotter les autorités, a-t-il résumé.
Le nombre d’étrangers vivant dans le pays a quasiment triplé entre 2006 et 2013, passant d’environ 500.000 à 1,45 million, soit un peu plus de 3% de la population.
Le nombre d’enfants issus de mariages mixtes est passé à près de 200.000 en 2013 contre 44.000 en 2007. Le rapport de M. Ruteere sera transmis en 2015 au conseil des droits de l’homme de l’ONU.
6 oct 2014
Source : MAP