Plus de cinq années après la mort tragique du Marocain Mohamed Anas Bennis sous les balles de l’agent Yannick Bernier du SPVM (Service de police de la ville de Montréal) au quartier Côte-des-Neiges, l’affaire refait surface avec l’ouverture des audiences au palais de justice de Laval, à Montréal.
La famille du défunt a décidé de boycotter les audiences, a indiqué jeudi à la MAP le père de Mohamed Anas Bennis, venu du Maroc pour la tenue de l’enquête, affirmant qu’il « ne participerait pas aux procédures, car le gouvernement a refusé de couvrir ses frais d’avocats ».
C’est ce jeudi et hier mercredi que s’est mise en branle l’enquête publique de la coroner Catherine Rudel-Tessier en ce qui concerne le « meurtre » de Mohamed Anas Bennis. La coroner (procureur) Rudel-Tessier a par ailleurs refusé de reconnaître comme partie intéressée la Coalition « Justice pour Anas » qui regroupe de nombreuses associations marocaines du Québec, soutenues par plusieurs autres associations québécoises oeuvrant dans le domaine des droits de l’Homme.
L’affaire de feu Anas Bennis remonte à l’aube du 1er décembre 2005, lorsqu’un incident impliquant un (ou plusieurs) agents du service de police montréalaise avait connu une tournure tragique ayant coûté la vie au canado-marocain, alors âgé de 25 ans.
De retour de la mosquée du quartier, feu Anas Bennis aurait, selon la version du Service de police de la ville de Montréal, attaqué les policiers en patrouille avec un couteau et blessé l’un d’eux. L’agent de sécurité, Yannick Bernier aurait tiré deux balles sur Anas Bennis, dont l’une l’avait atteint au coeur.
Roy, était alors le coéquipier de Bernier, lorsque celui-ci avait abattu Anas Bennis.
L’affaire de feu Anas Bennis a été citée par le Comité de déontologie policière du Québec qui a jugé coupable l’agent de police Roy dans une autre affaire survenue en 2008 à la Plaza Côte-des-Neiges.
Roy avait « intimidé, accusé sans justification, utilisé la force sans raison, arrêté et détenu illégalement un dénommé Kenny Andrew Hopkinson », selon le Comité de déontologie policière du Québec, ajoutant que lors d’une patrouille, avec un autre coéquipier, les deux policiers avaient interpellé M. Hopkinson. En présence de versions contradictoires de la part de Roy et de Hopkinson, le Comité déontologique a décidé de retenir les explications de ce dernier qui, a-t-il conclu, « n’a commis aucun fait pouvant justifier son arrestation ».
Suite au « meurtre » de Anas Bennis, plusieurs dizaines de personnes représentant quelque 28 associations québécoises de défense des droits de l’Homme, avaient participé devant le Palais de Justice à Montréal, à une manifestation au cours de laquelle elles ont appelé à ce que justice soit rendue. La famille du défunt ne cesse depuis de réclamer la levée du secret sur le dossier de l’enquête.
La manifestation avait été organisée par la Coalition « Justice pour Anas ».
Le gouvernement du Québec avait ordonné la tenue de cette enquête en 2008, afin d’éclaircir les causes et les circonstances entourant cette affaire. L’enquête indépendante menée par la police de Québec n’avait mené à aucune accusation contre les policiers impliqués.
« Malheureusement, la coroner Rudel-Tessier a refusé d’accorder à la Coalition, qui lutte avec la famille Bennis depuis plusieurs années, le droit de participer aux travaux de son enquête publique. Et comme le gouvernement refuse de défrayer les frais d’avocat, cette enquête publique se déroule sans les principaux intéressés, la famille Bennis et la communauté, alors que les policiers, le SPVM et la Ville de Montréal, et la Fraternité seront tous représentés par des avocats à nos frais! », s’est indigné le père de feu Mohamed Anas Bennis, se disant prêt à saisir les instances nationales et internationales compétentes pour que justice soit rendue à la famille du défunt.
Depuis le » meurtre » d’Anas, la famille Bennis n’a pas cessé de lutter pour la justice et pour savoir la vérité sur les circonstances entourant sa mort » violente » et » inexpliquée « , a-t-il rappelé.
28/4/2011