Les dirigeants de l’UE ont enjoint mardi les Etats membres d’être « à la hauteur » d’une crise migratoire qui « pourrait créer un séisme dans le paysage politique européen », lors d’un débat devant le Parlement européen.

« Nous devons faire mieux parce que nous risquons de ne pas être à la hauteur », a insisté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, après avoir dressé la liste des engagements que les différents pays de l’Union tardaient à concrétiser.

Le chef de l’exécutif européen a notamment pointé du doigt la lenteur de la mise en oeuvre du plan de répartition de l’accueil de réfugiés dans l’UE, à partir de centres d’enregistrement (dits « hotspots ») en Italie et en Grèce.

« La relocalisation ne fonctionne pas comme elle devrait le faire », a-t-il déploré devant les eurodéputés réunis en plénière à Strasbourg.

La crise migratoire « est peut-être le plus grand défi que nous ayons vu depuis des décennies », a fait valoir de son côté Donald Tusk, président du Conseil européen regroupant les chefs d’Etats et de gouvernement des Etats Membres de l’UE.

Elle pourrait « détruire des réalisations comme la libre circulation entre membres de l’espace Schengen », et « provoquer un séisme dans le paysage politique européen », a-t-il lancé.

Sur le terrain, « la situation va encore se détériorer », a-t-il prévenu, évoquant « la nouvelle vague de réfugiés venant d’Alep et des régions des bombardements russes en Syrie », qui ont provoqué le déplacement « de plus de 100.000 » personnes.

Comme M. Juncker, M. Tusk a souligné que les Etats membres devaient apporter rapidement des ressources aux agences européennes comme Frontex, chargée de la protection des frontières extérieures de l’UE.

« Ce que nous avons fait dimanche aurait dû être spontanément mis en oeuvre », a estimé M. Juncker, en référence au mini-sommet qu’il avait convoqué dimanche à Bruxelles, consacré aux mesures à mettre en oeuvre le long de la « Route des Balkans », empruntée par des dizaines de milliers de migrants chaque jour.

La nécessité d’organiser des réunions d’urgence pour que des Etats se parlent « montre que l’UE n’est pas en bonne forme », a regretté le chef de l’exécutif européen.

Sur cette route des Balkans, « une catastrophe humanitaire menace », a souligné de son côté le président du Parlement européen, Martin Schulz, relevant que « l’atmosphère a été tendue » lors de la réunion de dimanche.

Le chef de file du principal groupe politique du Parlement européen, le PPE (droite), a lui aussi taclé des « Etats membres qui ne respectent pas leurs engagements ». Face « à la montée actuelle du populisme », « nous devons montrer que nous sommes prêts à assumer la responsabilité qui est la nôtre », a insisté Manfred Weber dans l’hémicyle.

Son homologue socialiste, Gianni Pittella, a plaidé un mécanisme de répartition « obligatoire et permanent des réfugiés entre Etats membres », au-delà du mécanisme d’urgence récemment adopté pour 160.000 réfugiés.

Evoquant la nécessité d’un accord avec la Turquie pour endiguer les flux de migrants, M. Pittella a estimé qu’il ne fallait pas « signer de chèque en blanc » au gouvernement turc et continuer de demander des progrès sur les droits de l’Homme à Ankara.

27 oct. 2015

Source : AFP

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