Les politiques de durcissement des lois sur l’immigration et l’asile mises en œuvre par la Pologne depuis le début de l’année suscitent toujours la controverse quant à leur non-conformité avec les lois européennes, les droits de l’homme et les conventions internationales.
Le gouvernement libéral dirigé par Donald Tusk a fait adopter par le Parlement en mars 2023 une loi provisoire, susceptible d’être prolongée avec l’accord du Parlement, qui impose des restrictions au droit de demander une protection internationale à ceux qui ont franchi illégalement la frontière de la Pologne, membre de l’OTAN et de l’Union européenne.
Varsovie a justifié la législation qui gèle les demandes de protection internationale aux frontières par des menaces sécuritaires, notamment de la part de ses voisins biélorusse et russe. Les responsables polonais accusent la Biélorussie d’utiliser les migrants comme une arme géopolitique pour affaiblir l’Union européenne et déstabiliser ses pays orientaux.
Dans une déclaration devant le Parlement lors du vote sur la prolongation de cette loi en mai dernier, le Premier ministre Donald Tusk a affirmé que son pays « ne permettrait pas de devenir un passage illégal vers l’Europe occidentale », soulignant que la protection des frontières était une priorité souveraine. Toujours dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine, la Pologne a prolongé jusqu’en octobre 2025 les mesures de sécurité temporaires qu’elle a imposées à ses frontières avec ses voisins de l’Union européenne, l’Allemagne et la Lituanie.
Le ministre polonais de l’Intérieur, Marcin Kierwiński, a déclaré que le durcissement des contrôles et des barrières aux frontières de la Pologne avec la Russie et la Biélorussie avait empêché les migrants illégaux de passer, et a souligné qu’il était désormais « nécessaire » de fermer la route empruntée par les migrants à travers les pays baltes, la Lettonie et la Lituanie, puis à travers la Pologne vers l’Allemagne.
De son côté, le président polonais élu en juin dernier ne cache pas son soutien aux politiques d’immigration et d’asile et au renforcement des contrôles aux frontières menés par son pays, mettant en garde les autres pays européens contre les conséquences des vagues migratoires. Dans une récente interview télévisée sur la chaîne française LCI, Karol Nawrocki a appelé à l’unité et à ce que les autres pays européens se rallient à la position de son pays en matière d’immigration.
Cette politique a suscité les critiques d’organisations européennes et internationales de défense des droits humains, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, qui ont considéré, dès la présentation des modifications des lois sur l’asile au Parlement, que cette décision constituait une violation flagrante des conventions internationales relatives à la protection des réfugiés, qui interdisent l’expulsion de toute personne vers un pays où elle risque d’être persécutée ou en danger.
En ce sens, le Commissaire européen aux droits de l’homme, Michael O’Flaherty, a déjà adressé une lettre au président du Parlement polonais dans laquelle il estime que les modifications proposées, qui visent à restreindre l’accès aux procédures d’asile, soulèvent de sérieux doutes quant à leur conformité avec les normes du Conseil de l’Europe en matière de droits de l’homme, en particulier l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdit le renvoi d’une personne vers un pays où elle risque de subir un risque réel de torture, de peines ou de traitements inhumains ou dégradants.