Une étude récente réalisée par le Conseil économique et social espagnol a révélé que l’immigration est devenue une composante structurelle de la société espagnole et un moteur essentiel de la croissance démographique et un facteur de relance économique, particulièrement après la pandémie de Covid-19, soulignant le rôle central de la présence féminine dans l’immigration dans le pays et appelant à la nécessité de renforcer les politiques de coexistence et d’intégration sociale.
L’immigration, clé de l’équilibre démographique
L’étude, présentée au siège du Ministère de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations à Madrid le mercredi 12 novembre 2025 sous le titre « Réalité de l’immigration en Espagne : priorités des politiques publiques », a affirmé que l’immigration a contribué à atténuer le déclin démographique que connaît l’Espagne à l’instar des autres pays européens, dont la cause est attribuée à la baisse de la natalité et à l’augmentation du taux de vieillissement de la population.
L’étude a mentionné dans ce cadre, en se basant sur les données du registre de la population, que le nombre d’immigrés en Espagne a atteint 9,5 millions de personnes (19% de la population totale), et que trois millions d’enfants en Espagne sont issus d’une mère ou d’un père d’origine immigrée, notant que l’âge moyen de la population d’origine immigrée est faible comparé aux Espagnols, et mettant en évidence une transformation dans la structure de l’immigration espagnole en général, représentée par l’augmentation du taux de féminisation pour atteindre 52% de la population étrangère, et qu’un nouveau-né sur trois naît d’une mère d’origine étrangère.
Le rapport a considéré dans ce contexte que la situation de la femme immigrée en Espagne la place face à une double vulnérabilité, d’abord en tant que femme puis en tant qu’immigrée, et qu’elle fait face à un ensemble de défis, d’obstacles et de risques de discrimination, « en plus d’être davantage exposées au risque de pauvreté et d’exclusion sociale, surtout lorsqu’elles sont responsables d’une famille seules, ainsi qu’à la violence, obstacles qui sont souvent aggravés par leur méconnaissance de leurs droits, par les barrières culturelles et par l’absence de réseaux de soutien », lit-on dans le rapport.
L’immigration, moteur économique
Concernant la contribution économique de l’immigration en Espagne, le rapport a souligné que les flux migratoires constituent un moteur essentiel de l’économie à court, moyen et long terme, et un facteur d’aide garantissant la continuité de l’emploi et la durabilité du système de retraite.
Selon le Conseil économique et social, les personnes d’origine étrangère ont contribué à la relance économique espagnole après la pandémie, « où l’intensité des flux migratoires vers l’Espagne a joué un rôle décisif dans la reprise de l’activité économique, contribuant de manière significative à la croissance continue du produit intérieur brut enregistrée ces dernières années » ; considérant qu’en plus de l’impact économique à court terme, les flux de migrants contribuent à accroître la dynamique de l’innovation, du progrès technologique et de l’entrepreneuriat, augmentant ainsi le potentiel de croissance à long terme.
Et si le travail est la motivation principale de l’immigration en Espagne, le rapport a considéré que les immigrés constituent une main-d’œuvre en Espagne qui dépasse la population autochtone, et le taux d’activité parmi les immigrés étrangers est considéré comme le plus élevé en Europe, soulignant que le besoin de main-d’œuvre immigrée restera urgent dans les dix prochaines années, l’Espagne ayant besoin de 2,4 millions de travailleurs immigrés pour maintenir le niveau de productivité.
Mais le rapport du Conseil économique et social a alerté sur le fait que les travailleurs immigrés en Espagne font face à des taux de chômage plus élevés comparés aux travailleurs espagnols, ce qui affaiblit leur position sur le marché du travail et rend leurs conditions de travail plus compliquées que celles des locaux, et cela est dû à plusieurs raisons dont l’impact des différences de niveaux d’éducation et la faiblesse de la qualification, et leur orientation vers des secteurs et professions aux salaires les plus bas, « ce qui explique largement que leurs conditions de travail et leurs salaires sont beaucoup moins favorables que ceux des travailleurs locaux », ajoute le document.
Vers un pacte pour la coexistence sociale
Face à la présence croissante des immigrés dans le tissu économique, social et démographique en Espagne, le rapport du Conseil économique et social a appelé à une connaissance plus précise de la réalité de l’immigration, à travers l’amélioration des systèmes statistiques « et leur mise à jour avec les recommandations des organismes statistiques internationaux concernant l’amélioration des variables permettant une meilleure approximation des flux de population et de la réalité démographique et de ses impacts, dans le but de pouvoir formuler des politiques appropriées basées sur de meilleures preuves.
Face à la montée de la discrimination, de la haine et du racisme dans les discours politiques envers différentes catégories de la société, particulièrement les jeunes, le Conseil a proposé la mise en place d’un pacte pour la coexistence visant à « promouvoir une vision commune équilibrée et réaliste qui reconnaît l’immigration et la considère comme un phénomène structurel » et cherche à évaluer la coexistence dans un contexte de diversité d’origines et de différences culturelles et identitaires.
« Cela ne signifie pas ignorer les défis sociaux, culturels ou tout autre type de défi, mais les traiter dans un cadre de dialogue et de consensus, ce qui est nécessaire pour garantir la durabilité du projet de la politique d’intégration sociale et de coexistence à long terme, indépendamment des fluctuations de l’opinion publique, des cycles économiques ou de la situation politique », ajoute le Conseil, avant de renouveler son appel à faire du maintien de la confiance et de la tolérance de la société un objectif fondamental pour les autorités publiques et pour tous les acteurs sociaux et politiques… et à ce que la simplification des procédures d’immigration organisée et sûre et la garantie de la protection des droits des immigrés et de leur engagement envers leurs devoirs soient parmi les principes fondamentaux sur lesquels repose la politique des étrangers en Espagne.








