L’extrême droite s’est rassemblée jeudi et vendredi à Milan pour dénoncer l’Union européenne, un « monstre » accusé de tous les maux du continent, et compte sur les mouvements nationaux europhobes, qui montent en puissance sur fond de crise migratoire, pour l’achever.
En France, « le Front national est en faveur de la coopération entre des nations libres et souveraines. L’édifice européen s’écroule et nous espérons que les nations et leurs libertés seront de retour », a déclaré vendredi à la presse sa présidente, Marine Le Pen.
Interrogée sur l’absence d’alliés qui caractérisent souvent ces partis europhobes de droite sur leur scène nationale, elle a répondu que « les seuls alliés dont nous avons besoin sont les gens. (…) Je suis convaincue que notre arrivée au pouvoir fait partie de l’avenir et nous devons l’accélérer », a-t-elle ajouté.
Mme Le Pen est co-présidente d’un petit groupe de députés européens europhobes appelé « Europe des Nations et des Libertés » (ENL), qui tenait jeudi et vendredi sa première convention à Milan, organisée par la Ligue du Nord, le parti anti-euro et anti-immigrés italien.
Pour tous ces partis qui se définissent « patriotiques », la meilleure solution est la disparition de l’Union européenne, « le monstre » de Bruxelles, et le retour de la souveraineté aux mains des Etats-membres. Ces derniers pourraient ainsi fermer les frontières pour contrôler l’immigration et faire face au danger de « l’islamisation » du continent.
Pour y parvenir, ils comptent sur un vaste sentiment de mécontentement populaire présent dans l’UE sur de nombreux sujets et sur l’effet d’émulation.
« La Brexit devrait être un événement historique et devrait avoir un effet domino sur les autres, ainsi d’autres pays seraient encouragés à suivre cette voie », ainsi estimé Janice Atkinson, une euro-député britannique indépendante.
« Une enquête que nous avons commissionnée démontre que les Pays-Bas se porteraient mieux en-dehors de l’UE. Sa sortie représenterait un gain de 10.000 euros par an pour chaque famille », a renchéri Marcel de Graaff, du Parti de la liberté (PVV) néerlandais, évoquant un « Nexit » (sortie néerlandaise) de l’UE.
Principales menaces : islam et immigration
« Aujourd’hui, notre civilisation est en danger face à une menace existentielle. Nos frontières sont ouvertes à une immigration de masse islamique, la menace terroriste n’a jamais été aussi élevée », a renchéri Geert Wilders, chef du PVV. « Nous avons lancé un appel en faveur d’une révolution pacifique visant à reprendre notre souveraineté, le contrôle de nos frontières et de nos comptes publics », a ajouté le député néerlandais d’extrême droite, qui vit sous escorte policière depuis ses attaques virulentes contre l’islam.
« Nous faisons face à une vraie et propre invasion en provenance de pays arabes, musulmans et africains », a commenté Heinz-Christian Strache, du Parti de la liberté autrichien (FPÖ).
« L’islam d’aujourd’hui est incompatible avec les droits et les valeurs que l’Occident a conquis au cours des décennies », a jugé de son côté Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord. Sa solution : « les navires de notre pays devraient ramener dans les ports de départ les réfugiés sauvés en mer au lieu de les emmener en Italie », dit-il.
« L’islam est une menace, il n’est pas compatible avec la liberté », a renchéri M. Wilders.
La veille, plusieurs représentants de partis membres de l’ENL ont pris la parole au cours d’un meeting, le premier de ce mouvement créé l’an dernier à l’initiative de ces partis, dont le groupe compte une quarantaine de députés au Parlement européen.
29 jan. 2016,Ljubomir MILASIN
Source : AFP