Le débat qui a eu lieu dernièrement au parlement néerlandais à l’initiative du parti de l’extrême droite (PVV)a suscité un tollé du côté des Marocains des Pays-Bas. « Marokkanenprobleem », le problème marocain, « est à l’origine de tous les maux de la société néerlandaise ». C’est ce que le PPV répète dans toutes ses sorties médiatiques, à la surprise, soutenu par des partis traditionnellement connus pour leurs défense des immigrés.
Dans un entretien accordé à la MAP, Nadia Bouras, chercheuse et historienne néerlandaise d’origine marocaine, a puisé dans l’histoire pour expliquer l’échec de la politique d’intégration aux Pays-Bas. « C’est un échec qui trouve ses racines dans les années 1970 et au début des années 1980 marquées par la crise économique mondiale et la fermeture des frontières néerlandaises avec tout ce qui s’en est suivi: Regroupement familial, montée de chômage parmi les immigrés et surtout l’apparition d’un discours « politiquement incorrect » chez des politiciens », a-t-elle expliqué.
La politique d’intégration des Pays-Bas avait pourtant bien démarré selon l’historienne : « les trente premières années la Haye a investi dans le renforcement de l’attachement des immigrés notamment Marocains à leur pays d’origine, convaincue qu’en étant soi-même, l’intégration sera plus facile ». Mais à partir des années 1980, elle avait connu un tournant. « La politique néerlandaise ne sera plus la même : ceux à qui on demandait de rester eux-mêmes doivent oublier ce qu’ils sont et devenir Néerlandais ». Ce tournant est à l’origine de l’échec, « faire croire aux Néerlandais que l’échec de cette politique est lié à « un problème culturel » chez les immigrés est complètement absurde ».
Nadia Bourass, également membre du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), précise dans ce sens que les petits délits commis par « une minorité d’adolescents marocains » ne représentent qu’une infime partie des problèmes et crimes qui surviennent aux Pays-Bas.