Parmi ces mesures annoncées vendredi par le Premier ministre Gordon Brown, figure la mise en place de scanners corporels dans les aéroports pour détecter les explosifs.
Brown, qui a présenté les nouvelles mesures au lendemain de l’attentat manqué contre un vol transatlantique revendiqué par une aile d’Al-Qaïda, a expliqué que la nébuleuse dirigée par Oussama Ben Laden et ses filiales ont développé des techniques de dissimuler des explosifs difficiles à détecter ».
Des sources du Whitehall (quartier général du gouvernement britannique à Londres), citées par les médias, ont reconnu que le nouveau dispositif sécuritaire impliquerait « un profilage » des passagers.
Sur le plan technique et logistique, les professionnels de l’aviation ont estimé que la mise en place d’une nouvelle génération de scanners corporels dans les aéroports ne sera pas une tâche aisée et nécessiterait d’importants moyens financiers. Un scanner de ce genre devrait couter au moins 100.000 livres Sterling.
Ils argumentent aussi qu’il serait impossible de scanner tous les passagers. Ceci renforce, selon les organisations de défense des droits humains, les craintes d' »un profilage racial ou religieux » des passagers.
Plusieurs professionnels de l’aviation, cités par les médias, ont indiqué qu’une attention particulière sera donnée, dans ce cadre, aux comportements suspects.
« Ils (les agents de la sécurité) chercheront les gens qui se comporteront différemment des passagers normaux », indique Norman Shanks, ancien chef de la sécurité à la compagnie BAA, plus grand opérateur au Royaume-Uni. Or, concède-t-il, les nouvelles mesures paraîtront comme ciblant un groupe particulier.
La BAA a exprimé son soutien aux nouvelles mesures, tout en souhaitant la mise en place d’un système efficace fondé sur la technologie, le renseignement et le profilage des passagers.
Si les critères exacts du profilage demeurent secrets, les analystes estiment que cette pratique se base sur des facteurs clefs comme les moyens de réservation de billets, l’enregistrement du bagage et le comportement du passager.
Par ailleurs, Mme Shami Chakrabarti, directeur de l’association de défense des droits humains, Liberty, a mis en garde contre les dépassements qui pourraient entacher la mise en oeuvre des nouvelles mesures.
« Nous prenons au sérieux notre sécurité, mais des enseignements doivent être tirés des expériences passées », a-t-elle dit, soulignant que toute réponse au terrorisme doit être proportionnée et respectant les valeurs de droits, de dignité et de vie privée.
De son coté, Khalid Mahmoud, député musulman du parti travailliste (au pouvoir) a appelé les membres de la communauté musulmane du Royaume-Uni à accepter les mesures de profilage, comme moyen de renforcer la sécurité.
Des responsables du ministère britannique du transport on fait savoir qu’un accord européen est nécessaire pour la mise en place des scanners corporels dans les aéroports. Or, des sources proches du Whitehall ont indiqué que le gouvernement Brown était déterminé à mettre en oeuvre la mesure même en l’absence d’un accord européen.
Source : MAP
Publié le 03.01.2010