Au centre des remous traversés par le PS ces dernières semaines, l’Aurillacois M’jid El Guerrab, membre du c abinet du ministre Thierry Repentin, revient sur ces tensions et évoque son avenir politique.
L’an dernier, vous avez voulu vous mettre « à votre compte » politiquement. Finalement, la section d’Aurillac vous a échappé. Que s’est-il passé ? Avec Alain Calmette, nous avions conclu un accord sur le fonctionnement global de la fédération du PS avec une répartition des rôles qui prévoyait que je dirige la section d’Aurillac. Mais à la rentrée, retournement de situation : la présidente sortante (Florence Marty) se représente face à moi. Avec le soutien d’Alain Calmette exprimé noir sur blanc, soutien assez agressif qui m’a beaucoup blessé. On m’a fait des propositions pour que je me retire mais je ne suis pas homme à baisser les bras, j’ai été jusqu’au bout.
Est-ce que la question de la succession d’Alain Calmette a pu jouer à ce moment-là ? Il y avait une telle tension. Un mois après quand j’ai vu Alain Calmette se mobiliser pour Pierre Mathonier, j’ai compris. Sur le coup, je n’ai pas compris les proportions que prenait cette élection pour un secrétariat de la section.
Vous contrecarriez un plan établi ? J’ai l’impression que j’arrivais dans une volonté de mettre en place un dispositif. J’ai aussi le sentiment d’avoir été instrumentalisé par les uns et les autres.
Aujourd’hui, avez-vous des responsabilités au sein du PS cantalien ? Non, aucune. Alors que je représente 44 % des militants aurillacois, on ne m’a impliqué dans aucun dispositif, ni intégré au bureau de la section. Un geste d’ouverture que ma concurrente n’a pas eu la politesse de faire pour l’instant.
Lors de ce vote, des socialistes vous ont reproché d’avoir fait de l’entrisme en utilisant vos réseaux dans les quartiers ? Je n’ai pas voulu réagir le jour de la parution de l’article de La Montagne aux propos prêtés à des camardes sur d’autres camarades (lire notre édition du 17 novembre 2012). Et je ne le ferai pas. Mais sur le fond, il faut admettre qu’en 2013, la diversité est un fait. Les jeunes de ma génération, nous ne sommes plus dans un registre victimaire et c’est aussi le sens de mon engagement.
Entre Charly Delamaide et Pierre Mathonier, quel a été votre choix au moment de désigner le successeur d’Alain Calmette à la mairie ? Charly n’a pas du tout fait ma campagne, dans le cadre du vote de la section. Alors que j’avais en face de moi l’appareil local, il s’est prudemment tenu à l’écart. Cela m’a beaucoup déçu car j’ai grandi derrière Charly. Il a sans doute attendu que je mobilise derrière lui lors de la primaire mais sur le fond, sur certains points, comme le cumul des mandats, la laïcité ou les rapports avec le PRG, j’étais plus proche de Pierre. Par amitié, je garde ma décision pour moi.
A Aurillac, les deux hommes laissent entendre que vous auriez tenté de monnayer votre ralliement contre une place à la Caba. Est-ce vrai ? Je leur ai dit, voilà, vous connaissez mes combats pour la diversité. Si vous souhaitez que cela soit présent dans votre dispositif, que comptez-vous faire ? Il s’agissait plus de questions et d’interpellations que de demandes personnelles. Aucun des deux n’a souhaité répondre à ma sollicitation. Je ne dois pas être assez docile, être trop grande gueule ou je ne sais pas. Mais je ne me suis jamais agenouillé devant personne.
En octobre 2013, Pierre Mathonier pourra être soumis à une primaire PS pour les municipales de 2014. Les adjoints se sont engagés à ne pas être candidats. Et vous ? Il ne faut pas se tromper de scrutin. En décembre, on n’a pas choisi le candidat qui va être celui du PS en 2014. C’était une élection pour terminer le mandat. Rien ne dit que Pierre sera candidat l’an prochain. À titre personnel, tout est ouvert. J’ai toujours dit que ma volonté est d’être utile à la ville. Je veux être en situation d’avoir des responsabilités. À quel niveau, je n’en sais rien.
Au final, que retenez-vous de ces quelques semaines très tendues ? Beaucoup de déception mais aussi une remise en cause profonde de ma personnalité. Entre l’image que je renvoie et ce que je suis au fond de moi. Localement, il y a aussi peut-être plus qu’ailleurs de la résistance au changement.
6/2/2013
Source : La Montagne.fr