Les immigrés arrivés en masse ces dernières années en Espagne en profitant d’une économie alors en pleine croissance, sont désormais en première ligne face au chômage galopant qui frappe le pays.

Après une décennie de boom économique et de travail facile, en particulier dans la construction, l’Espagne est entrée en récession en 2008. Depuis, le chômage ne cesse d’augmenter et a atteint 18,83% au quatrième trimestre 2009.

Les 8% de chômage de la mi-2008, quand tout semblait encore aller bien, semblent loin.

Parmi les immigrés, le taux de chômage s’élèvait fin 2009 à 29,70%, dans un pays où 12% des 46 millions d’habitants sont des étrangers arrivés en grande majorité ces quinze dernières années.

Au fil des mois, de plus en plus de chômeurs étrangers se sont retrouvés dans des situations très précaires. Pour beaucoup, la survie passe désormais par des aides sociales.

« Je n’ai pas beaucoup de travail, je suis endettée et je n’ai pas assez d’argent pour manger », avoue à l’AFP Alexandra, 39 ans et mère de trois enfants étudiants, qui se rend depuis dix jours dans un centre social qui propose des repas pour les immigrés en situation précaire, ouvert par la région de Madrid.

Cette Equatorienne a vu ses revenus d’employée de maison baisser de moitié il y a quelques mois, lorsque le père de la famille qui l’employait a perdu son emploi, se voyant alors obliger de la renvoyer.

Ce centre « nous aide » car « c’est dans la nourriture que nous dépensons le plus », explique Alexandra, dont les revenus mensuels sont passés de 1.100 euros à 420 euros, avec lesquels elle doit rembourser un emprunt immobilier.

Angel Salinas, Bolivien de 46 ans, n’a pas travaillé depuis sept mois et se voit désormais « obligé » de venir à ce centre: « Ma femme est en situation irrégulière en Espagne, et même si elle ne l’était pas, elle ne trouverait pas de travail », se lamente-t-il.

Il n’envisage toutefois pas encore de rentrer chez lui, car ce retour représenterait pour lui un échec.

Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, a mis en place en 2008 un dispositif pour inciter financièrement les immigrés à rentrer dans leur pays, mais très peu y ont adhéré. Beaucoup sont coincés par un emprunt immobilier et des traites mensuelles qu’ils peinent à rembourser.

Miguel Angel Rodriguez, un Equatorien, vient au centre avec sa fille de deux ans. Il ne travaille plus depuis trois mois parce que son entreprise à fermé.

Comme lui, de nombreux immigrés, surtout Latino-américains, remplissent tous les jours la file d’attente de ce centre, avec des petits chariots et boîtes en plastique pour ramener chez eux un repas pour toute la famille.

« Nous sommes passés de 400 à 500 repas quotidiens en 2009 », explique à l’AFP Pedro Calvo, responsable de ce centre.

Des jeunes originaires d’Afrique subsaharienne se présentent aussi régulièrement.

Les demandes d’aides sociales enregistrées par l’organisation catholique Caritas ont augmenté de 40% entre 2007 et 2008 et ont continué d’augmenter en 2009 « principalement à cause du chômage ».

En 2009, les arrivées d’immigrés illégaux en Espagne ont nettement baissé à cause de la crise économique, selon le gouvernement espagnol, qui a évoqué « la fin d’un cycle » après 15 ans d’arrivées massives.

Source : AFP

Publié le 01.02.2010

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