Mohamed Hajji, président de l’association musulmane de Montauban, est l’un des 150 membres de l’instance de dialogue avec les Français de confession musulmane, mise en place par le gouvernement en juin dernier./Photo d’archives Chantal Longo
La mosquée de Montauban ouvre ses portes au public samedi 9 janvier de 9h à 12h. Une initiative prise à la demande du Conseil français du culte musulman (CFCM), un an après les attentats de Charlie Hebdo.
Mieux connaître la religion musulmane pour mieux vivre ensemble, voici le but des «portes ouvertes» qui auront lieu samedi 9 janvier à la mosquée de Montauban, 38 avenue Chamier. Rencontre avec Mohamed Hajji, président de l’association musulmane de Montauban.
Pourquoi avoir accepté d’ouvrir au public la mosquée de Montauban?
Pour faire découvrir aux gens notre religion. Il y a des gens qui n’ont pas de culture religieuse et nous, nous voulons leur apporter cette connaissance et construire un dialogue autour d’un thé et de gâteaux. L’ancien imam de Montauban, Mohamed Bennacer sera présent pour répondre à toutes les questions. Je serai également là ainsi que quelques fidèles qui ont accueilli avec joie cette initiative.
Vous aviez déjà ouvert les portes de la mosquée il y 5 ou 6 ans à Montauban, pourquoi ce rendez-vous est d’autant plus important aujourd’hui ?
Il faut connaître son voisin pour éviter d’en arriver au pire c’est-à-dire à de vives tensions. Et c’est ce que veulent ces fous, ces terroristes qui se font passer pour des musulmans et qui donnent ainsi une mauvaise image de l’islam. En dialoguant, en ayant une culture, on évite de tomber dans l’amalgame.
Est-ce que vous avez l’impression que depuis quelques années, le regard des Montalbanais a changé sur les musulmans ?
Oui. Certains fidèles se plaignent. Ils se disent insultés, agressés verbalement. Par exemple, certaines femmes nous ont rapporté qu’on leur avait dit que si elles voulaient porter le foulard, elles avaient qu’à rentrer chez elles. Et rappelez-vous, en 2012, notre mosquée avait été profanée. On avait retrouvé deux têtes de cochon à l’entrée .
Allez-vous mener d’autres actions cette année ?
Oui, on a des projets de colloques. Un, courant 2016, en présence d’un rabbin et d’un imam ainsi que de la communauté israélite. Un autre se passera, on l’espère, au printemps dans les collèges et lycées car on veut discuter avec les jeunes avant qu’ils prennent un très mauvais chemin. Pour moi, ces terroristes sont des ratés de la vie qui sont tombés dans la délinquance quand ils étaient jeunes. Ils ont été ensuite arrêtés par la police puisque délinquants et ont commencé à ressentir de la haine envers les forces de l’ordre. Et en prison, leur colère s’est amplifiée et ils sont passés dans les mains de fous qui les ont rendu fous à leur tour… Avec toutes ces actions dont celle de samedi, on veut apaiser les tensions. Tout le monde doit y mettre du sien pour arriver à vivre ensemble.
07/01/2016, Pauline Maisterra
Source : ladepeche.fr
