Non, Jean-Marie Le Pen ne dérape pas. Il est dans sa rhétorique. Mardi soir à Marseille, le toujours président d’honneur du Front national a une nouvelle fois sévi au sujet de l’immigration, dont les problèmes pourraient être réglés « en moins de trois mois » par « Monseigneur Ebola ». Rien de moins.
Marine Le Pen se serait certainement passée de cette nouvelle saillie paternelle, à quelques jours des élections européennes qui auront lieu le 25 mai. Le président d’honneur du Front national (FN), Jean-Marie Le Pen, s’est en effet une nouvelle fois lâché lors d’une discussion mardi 20 mai avant un meeting à Marseille : évoquant « l’explosion démographique » dans le monde, il a déclaré que « Monseigneur Ebola* [pourrait] régler ça en trois mois ».
Le Pen, un habitué du genre
Candidat aux européennes dans la circonscription Sud-Est, Jean-Marie Le Pen discutait notamment avec le maire FN de Cogolin (Var), Marc-Etienne Lansade et évoquait le « risque de submersion » de la France par l’immigration et « le remplacement de la population qui est en cours ». Ce qui allait constituer le coeur de son intervention, prévue une heure plus tard.
« Dans notre pays et dans toute l’Europe, nous avons connu un phénomène cataclysmique : l’invasion migratoire, dont nous ne connaissons aujourd’hui que le début du commencement », a-t-il lancé, en bon habitué des discours guerriers. Ce « phénomène d’immigration massive est aggravé chez nous par un fait religieux : une grande partie de ces immigrés sont des musulmans, une religion qui a une vocation conquérante, d’autant plus conquérante qu’elle se sent forte et qu’ils se sentent nombreux », a-t-il poursuivi.
Un style caractéristique, qui lui a déjà valu neuf condamnations depuis 1991 pour des propos concernant, dans l’ordre, les chambres à gaz, SOS Racisme, l’inégalité des races, les musulmans ou encore les Roms.
Le véritable FN
Jean-Marie Le Pen a même poursuivi : « Elle [la religion musulmane] va jusqu’à conquérir dans nos propres rangs – pas au FN mais en France – de nombreux et nouveaux fidèles ». Il semble ainsi oublier, ou plus vraisemblablement tenir pour négligeable, une partie de ses propres troupes, que Jeune Afrique avait rencontrée à l’occasion des dernières municipales en France.
À l’époque, Yacine Zerkoun, militant d’origine algérienne, musulman pratiquant, nous confiait : « Le FN ne peut pas se permettre d’avoir des identitaires, des racistes, des xénophobes ». Au contraire, il le peut et le fait. Et Jean-Marie Le Pen, tout comme sa fille à l’occasion, le prouve une fois de plus.
* Le virus Ebola sévit depuis quatre décennies en Afrique et est considéré comme l’un des virus les plus mortels de la planète. Aucun remède ni vaccin n’est encore connu à ce jour et le taux de létalité de cette fièvre hémorragique hautement contagieuse dépasse souvent les 90%.
21/5/2014, Mathieu OLIVIER
Source : Jeuneafrique.com