Les participants à une rencontre organisée par le Haut Commissariat aux anciens combattants et anciens membres de l’armée de libération (HCR) sur la contribution du Maroc à la 2ème guerre mondiale (1940-1945) et la position du Sultan Sidi Mohammed ben Youssef, qui s’est déroulée le mercredi 7 octobre 2015 à Rabat, ont mis l’accent sur le soutien apporté par le Royaume sous le règne de Feu SM Mohammed V à la France face aux Nazis.
Le Maroc s’était engagé aux côtés de la France dans sa lutte contre les clans fascistes et nazis à travers le déploiement de milliers de soldats marocains ayant participé à des combats décisifs et contribué à repousser l’occupant allemand, ont souligné les intervenants lors de ce conclave, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, par le ministère de la Culture et le Haut-Commissariat aux anciens combattants et anciens membres de l’armée de libération.
L’historiographe du Royaume et conservateur du Mausolée Mohammed V, Abdelhak Lamrini, a indiqué que le Sultan Mohammed ben Youssef avait décidé de soutenir la France face à la dictature et au fascisme, en mettant à la disposition de ce pays des milliers de soldats marocains ayant pris part à l’opération de libération de la France, ajoutant que ces derniers avaient fait preuve de courage, de résistance et de bravoure reconnus par l’ennemi allemand lui-même.
Rappelant que feu SM Mohammed V avait lancé, le 3 septembre 1939, son appel historique au peuple marocain pour apporter tout le soutien à la France, M. Lamrini a mis l’accent sur les sacrifices consentis par le Royaume tant sur le plan humain que matériel lors de cette guerre.
M. Lamrini a, en outre, qualifié d' »immuable » la position du Sultan, en rejetant la décision du résidant général de la France au Maroc, pro-gouvernement Vichy, d’empêcher le débarquement des forces américaines et anglaises en novembre 1942 sur les côtes atlantiques du Royaume dans le cadre de l’opération « Torch » et de refuser sa demande de transférer de Rabat à Fès la capitale du Royaume.
Pour sa part, la directrice des archives royales, Bahija Simo, a indiqué que l’appel du Sultan Mohammed ben Youssef relève d’un document d’une importance majeure dans la mesure où il a été repris par les prêcheurs des Mosquées, d’autant plus qu’il intervint dans une conjoncture émaillée d’importants bouleversements à l’échelle de l’Europe et d’une situation de crise dans le pourtour méditerranéen.
« Cet appel a reflété la maturité politique du Souverain marocain qui tenait à ce que liberté et libération ne se soient pas dissociées », a-t-elle affirmé.
L’écrivain Issa Babana El Alaoui, de la Commission marocaine d’histoire militaire a fait savoir que le Sultan avait appelé son peuple à soutenir la France loin de toute pression, soulignant que cette initiative volontaire était le fruit d’une prise de conscience des dangers, des enjeux et des répercussions de la 2ème guerre mondiale sur le Maroc.
Guillaume Jopin, président de l’Ecole supérieure de journalisme de Paris, est revenu, quant-à-lui, sur le réseau d’informations, mis en place clandestinement par le Sultan Mohammed ben Youssef, dans le but d’anticiper pour mieux faire face aux développements de la situation et contourner les services de renseignement français, ajoutant que le Souverain avait été d’une grande vigilance, qualité qui lui avait permis de persuader les Américains.
L’historien français, Pierre Vermeren a, de son côté, évoqué la réorganisation des forces armées françaises après la défaite cuisante de la France en 1940, précisant que cette opération s’était déroulée avec le soutien du Maroc et le feu-vert du Sultan.
avec MAP
