L’Ukip a dévoilé mercredi son manifeste en vue des législatives de mai, dominé par deux promesses -sortir le Royaume-Uni de l’UE et juguler l’immigration- et destiné à remplacer le « chapelet d’âneries » précédent, de l’aveu même de Nigel Farage, dirigeant du parti populiste.
Depuis Thurrock, une ville de la grande couronne londonienne en bordure de Tamise, l’homme-orchestre de l’Ukip s’est engagé à organiser « dans les meilleurs délais » un référendum en vue de quitter l’Union européenne sous deux ans; à augmenter les dépenses militaires au delà des 2% du PIB requis par l’Otan; à réduire des trois quarts l’aide au développement; à favoriser la préférence nationale en instaurant un moratoire de cinq ans sur la venue d’étrangers non-qualifiés, ainsi qu’un droit d’entrée limité et sélectif.
« Ces politiques sérieuses et parfaitement chiffrées » s’adressent aux électeurs « qui ont foi dans le Royaume-Uni », a-t-il assuré.
Nigel Farage s’est engagé à « une révolution fiscale au profit des petits contribuables » dans « une nation souveraine » qui maîtrisera ses lois, ses échanges commerciaux dans un esprit « de bon voisinage » en Europe.
Auparavant, Suzanne Evans, la co-présidente de l’Ukip avait qualifié « de mesures de bon sens » l’ensemble des propositions, y compris les aides aux primo-accédants à la propriété, aux PME, aux retraités de l’armée.
La plateforme vise à donner une image de parti de gouvernement à la formation qui a écrasé les partis traditionnels aux européennes de 2014, et qui affiche un indice de popularité de 14% –inédit, mais en baisse– à trois semaines des législatives du 7 mai dont le résultat s’annonce particulièrement serré.
« C’est un chapelet d’âneries de 486 pages », avait assuré l’an dernier Farage à propos de son manifeste de 2010. Au nombre des engagements bizarroïdes figurait l’obligation de porter l’uniforme pour les chauffeurs de taxis londoniens.
Depuis lors, Nigel Farage s’est employé à « faire le ménage » dans le parti attrape-tout qu’il a co-refondé en 1993. Il a limogé les auteurs de propos xénophobes voire racistes. Accusé de faire un « one-man show », il a aussi entrepris avec un succès très relatif de promouvoir d’autres responsables.
Depuis son triomphe aux élections européennes, traditionnellement favorables aux partis protestataires, l’Ukip a réussi de manière inédite à faire entrer deux députés à la chambre des Communes à la faveur de législatives partielles.
Fort de son classement en troisième position des sondages, l’Ukip espère marchander son soutien à un gouvernement minoritaire conservateur. Il peut au mieux escompter 1 à 5 députés (sur 650) dans le prochain parlement, selon les instituts de sondage.
Nigel Farage pourrait lui-même être à la peine à South Thanet, la circonscription qu’il brigue dans son Kent natal. Il a annoncé que « le rideau tomberait sur lui » en cas d’échec
Les conservateurs, qui redoublent d’efforts pour « ramener à la maison » ses électeurs passés à l’Ukip, ont immédiatement assuré que la mise en oeuvre des promesses de campagne de leurs rivaux créerait « un trou noir » de 37 milliards de livres dans le budget.
15/04/2015
Source : leparisien.fr