Les défis et les mutations identitaires des jeunes marocains aux Pays-Bas a été le sujet central d’une table ronde organisée, dimanche à Casablanca, par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) dans le cadre de la 19ème édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL).
Se disant humaniste, l’universitaire Halim El Medkouri pense que l’identité est dynamique et que la question qui se pose aujourd’hui dans le cas des marocains vivants aux Pays-Bas se rapporte principalement à la citoyenneté.
L’historienne Nadia Bouras, qui est issue de la 2ème génération de l’immigration marocaine aux Pays-Bas, a indiqué que quelque 350.000 marocains vivent actuellement en Hollande, dont 50 pc sont issus de la première génération.
Pour Mme. Bouras, la deuxième génération est aujourd’hui sujette à de très grandes pressions, notamment suite au débat sur « le problème marocain » (+Marokkanenprobleem+) au parlement hollandais, qui a déclenché une vive polémique dans le pays.
L’ex-diplomate hollandaise dans les droits de l’homme en Egypte et en Syrie, Petra Stienen, dit que la racine du racisme qui sévit dans la société hollandaise tient à plusieurs éléments, dont l’influence des pensées conservatrices.
« Etant petite, j’ai constaté que l’église exerçait une grande influence sur mon entourage et consacrait les différences entre hollandais/chrétiens et étrangers/non chrétiens. Ceci était d’autant plus vrai que j’avais commencé à éprouver une certaine peur de mon identité », a confié Mme Stienen lors de cette table ronde organisée sous le thème « Nouvelles de Hollande : enjeux identitaires chez les jeunes ».
Pour Halim El Medkouri, outre les cas du terrorisme et de la montée de l’islamophobie, le chauvinisme croissant de quelques hollandais peut s’expliquer par les effets néfastes de la mondialisation qui, de par une ouverture poussée des frontières entre les peuples, mène paradoxalement les gens à s’enfermer derrière leurs identités.
« Ceci accentue une contre-radicalisation de la part des musulmans et nous enfonce dans une véritable mise en abyme », relève M. El Medkouri.
« Est-ce que la Hollande pâtit d’un +problème marocain+, ou est-ce plutô t une affaire intrinsèque à la société hollandaise? Je pense que cette question a plus à voir avec le développement de l’identité hollandaise », a déclaré à la MAP l’écrivaine hollandaise et animatrice de cette table ronde, Kirsten van den Hul, ajoutant qu’elle reste optimiste quant à la capacité de la société hollandaise à accueillir la diversité.
07 avril 2013, Mustapha Sguenfle
Source: MAP
