L’extrême-droite qui vient de battre des records de popularité dimanche en Suède a surtout profité d’un ras-le-bol d’électeurs à l’encontre des partis politiques traditionnels plutôt que d’un vote raciste et anti-immigrés, estiment analystes et politiciens.

« Je pense qu’il y a eu surtout une grande insatisfaction à l’encontre des Sociaux-démocrates que les électeurs n’ont pas pu exprimer autrement », dit à l’AFP Aake Hammarstedt, le maire social-démocrate de Bromölla.

Cette petite ville à majorité pourtant socialiste du sud de la Suède est une de celles qui a le plus voté pour les Démocrates de Suède (SD- extrême-droite) lors des élections générales dimanche.

Le parti y a recueilli 15,4% des voix, presque trois fois plus que le score enregistré au niveau national par les SD (5,7%) qui entrent pour la première fois au Parlement.

La formation d’extrême-droite enregistre une forte progression en Suède, doublant presque son électorat en quatre ans, suscitant des interrogations sur la montée de la xénophobie dans ce pays scandinave.

« La forte poussée des Démocrates de Suède est très effrayante, surtout depuis qu’ils ont centré leurs attaques sur les musulmans qu’ils considérent comme la principale menace contre la Suède », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’Association islamique de Suède, Omar Mustafa.

L’immigration et son lien présumé avec la criminalité constitue le thème favori du parti d’extrême-droite dans un pays où 19% de la population est née à l’étranger ou bien possède des parents immigrés. Le nombre d’immigrés s’accroît en outre chaque année, passant de 65.000 en 2005 à 102.000 en 2010.

La Suède n’enregistre pas de statistiques démographiques à caractère ethniques ou religieuses mais on estime à 250.000 le nombre de musulmans pour une population de 9,4 millions d’habitants.

« Le fait que nous soyons au Parlement va forcer les autres partis à se référer à nous et à notre politique », a déclaré lundi le leader des SD Jimmie Aakesson, 31 ans.

« Ils vont devoir aussi changer, surtout sur l’immigration, s’ils ne veulent pas continuer à perdre des voix en notre faveur », a ajouté le jeune dirigeant.

C’est exactement ce que craint Mustafa: « Dans les autres pays européens nous avons vu que beaucoup des programmes et politiques amenés par ce type de parti au Parlement tendent à être adoptés par les autres partis ».

Mais d’autres observateurs soulignent que si les sentiments anti-immigrés existent bien en Suède ils ont tout de même diminué ces dernières décennies.

Pour le professeur de sciences politiques à l’Université de Göteborg, Ulf Bjereld, les Démocrates de Suède ont clairement profité d’un vote de mécontentement adressé aux partis traditionnels suédois.

« Le fait que nous avons eu pour la première fois deux blocs politiques (la coalition de gauche face à celle des quatre partis de droite) signifie que les Démocrates de Suède ont été perçus comme la seule alternative à cet establishment », a-t-il expliqué.

Le maire de Bromölla soutient cette analyse: dans sa ville, qui ne compte que 40 immigrés sur 12.300 habitants, les Démocrates de Suède n’ont pratiquement pas fait campagne, pas même sur la menace que constituerait l’immigration, souligne-t-il.

« En un mot, (les électeurs de Bromölla) ont exprimé leur mécontentement des Sociaux-démocrates en votant Démocrates de Suède », reconnait le maire.

Source : AFP

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