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Yousif, migrant soudanais : « Nous avons acheté la mort »

Médias et migration 13 juillet 2015
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Menacé de mort dans son pays, ce jeune opposant au régime d’el-Béchir raconte son voyage au bout de l’enfer aux mains des trafiquants d’être humains. Portrait.

« J’aimerais tout oublier de ce pays. » Lorsque Yousif évoque la Libye, qu’il a laissée loin derrière lui après l’avoir traversée au péril de sa vie, son regard se perd dans le vide. La voix est impassible, mais il ne peut retenir une moue de dégoût. De ce « voyage de la mort », il ne reviendra probablement jamais. Dans le café parisien non loin du canal Saint-Martin où il nous reçoit, cet ex-migrant de la Chapelle tient pourtant à raconter. « Pour que les gens sachent ».

Né dans le village de Kagbar, au nord du Soudan, le jeune homme s’engage dans l’armée à la sortie du lycée. En 2008, quand Khartoum est attaquée par les rebelles islamistes du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), venus de la région soudanaise du Darfour, il refuse de répliquer. « Ce sont mes frères, comment pourrais-je les tuer ? », s’exclame-t-il, dans un anglais parfait. Il est aussitôt renvoyé.

Désormais privé d’avenir, Yousif participe à des manifestations contre le pouvoir en place, et à des groupes de parole à l’université pour dénoncer le trucage des élections. Un activisme qui lui vaut d’être surveillé par le régime d’Omar el-Bechir pendant des années.

« Je te tuerai la prochaine fois »

Un soir, un homme débarque chez lui et le somme d’arrêter ses activités. Yousif a alors 28 ans. « J’ai refusé. Il a sorti son arme et m’a dit : ‘Je te tuerai la prochaine fois' ». Paniquée, sa mère le pousse à quitter le pays. Le jeune opposant décide alors de partir pour l’Europe. Son parcours clandestin, dans un pays aux frontières sous haute surveillance, est tout tracé : rejoindre la Libye par le désert, rallier Tripoli, et embarquer sur un bateau pour gagner les côtes italiennes. S’il est encore en vie.
Au marché libyen de Khartoum, Yousif trouve un intermédiaire.

Les prix varient autour de 700 euros par personne, mais on s’est mis d’accord sur 1.000 euros pour mon frère et moi. »

Son cadet a en effet décidé de l’accompagner, ce qui ne l’enchante guère, compte-tenu des risques encourus. Mais il s’incline. Un bracelet en or vendu par leur mère leur permet de payer la somme requise. Trois jours plus tard, des indications téléphoniques les mènent à un bus, relayé par une voiture, puis une autre, jusqu’à ce qu’on les dépose en plein désert, avec une centaine d’autres migrants, soudanais, comme eux, mais aussi éthiopiens et érythréens.

« Si tu tombes, c’est fini pour toi »

Hommes, femmes et enfants sont entassés par grappes de trente à l’arrière de 4×4 qui fusent jour et nuit dans le Sahara. « Là, tu restes concentré sur un seul but : rester bien accroché, et ne surtout pas chuter. Si tu tombes, c’est fini pour toi ». Puis on les fait descendre à la frontière libyenne, en plein cagnard, avec une seule consigne : « Attendez les Libyens ici ».

Abandonnés à leur sort, les migrants se répartissent les quelques litres d’eau restants. Yousif raconte la lutte, surréaliste, entre un Somalien et un Soudanais pour une bouteille d’urine, après l’épuisement des réserves.

« On sait juste qu’ils les violaient »

Les yeux cernés, le Soudanais s’assombrit encore un peu plus. « A leur arrivée, les Libyens nous ont frappés à coups de bâtons pour nous séparer en plusieurs groupes. Et ont emmené les femmes dans une voiture à part ». La course folle reprend.

Lors des rares pauses, les femmes sont entraînées loin du groupe. Le regard de Yousif se durcit : « On ne voyait rien, on ne savait pas où ils allaient. On sait juste qu’ils les violaient. » Il essuie une larme. « OK », répète-t-il, comme pour se donner du courage.

A Agedabia, une ville côtière, les passeurs font le tri entre ceux qui ont déjà payé la suite du périple – jusqu’à Tripoli – et ceux qui devront travailler à Benghazi pour rembourser le voyage. Puis les migrants sont entassés dans des entrepôts verrouillés. La nuit, les trafiquants viennent prendre les femmes.

« C’était au tour de mon petit frère d’aller chercher de la nourriture »

A leur arrivée à Benghazi, Yousif et son frère trouvent de petits boulots et partagent un appartement avec d’autres Soudanais, dans un quartier situé entre deux factions en guerre. L’armée libyenne d’un côté, la milice islamiste Ansar al-Charia de l’autre. 

Entre les balles perdues et les kidnappings, le danger devient omniprésent. Chaque semaine, les compagnons d’infortune se relaient pour aller chercher à manger. « Je ne me souviens pas du jour exact, mais c’était en décembre. C’était au tour de mon petit frère d’y aller, mais il ne revenait pas. » Yousif serre les lèvres et tourne la tête, pour cacher ses larmes.

« Les chiens sont mieux traités que les Noirs »

Les Soudanais finissent par le retrouver, blessé par balles. Il décédera sur le trajet de l’hôpital. Yousif, lui, est capturé par l’armée. Accusé d’être un islamiste, et torturé durant des jours. Avant d’être jeté à la rue.

Terrorisé, Yousif s’enfuit alors dans une ferme où il trouve un nouvel emploi. Quelques mois plus tard, de retour à Benghazi pour payer une partie du droit de passage, il se fait braquer. Toutes ses économies s’évaporent. Normal, en Libye.

Là-bas, les chiens sont mieux traités que les Noirs. On nous appelle ‘obied’, ça veut dire ‘esclave’. Au point qu’on s’habitue à se retourner dans la rue dès qu’on entend ‘obied, obied’. »

« Une chrétienne, une chrétienne! »

En avril, Yousif a à nouveau réuni l’argent et trouve un chauffeur avec quatre autres personnes. A Sirte, contrôlée par l’Etat islamique, un check-point au drapeau noir barre la route. Visages cagoulés, les hommes de Daech fouillent les passagers, tout en leur demandant leur religion.

Yousif, musulman, récite les cinq prières obligatoires. Mais les islamistes trouvent une croix sur une femme. « Ils ont crié : ‘Une chrétienne, une chrétienne!’ comme s’ils avaient trouvé un trésor. La femme s’est mise à pleurer ». Le visage de Yousif se fige, il cache ses yeux derrière ses mains, s’essuie le visage. « C’est dur car on ne pouvait rien faire. On sait qu’ils les massacrent », explique-t-il en passant son doigt sur sa gorge, pour mimer une décapitation.

A Tripoli, les survivants sont entassés dans un entrepôt. Un camion les emmène à un kilomètre de la mer. « Les passeurs ont sorti un bateau en plastique et l’ont gonflé. Ensuite, on a formé deux colonnes pour l’amener jusqu’à la mer et y transporter du carburant. » 

« Personne ne pensait arriver en Europe »

La traversée tant redoutée commence.

On était environ 120, entassés les uns sur les autres. J’avais une personne au-dessus de moi et l’autre entre mes jambes écartées. »

D’un côté, des vagues qui frappent de plus en plus fort. De l’autre, la côte libyenne. « Pendant les premières heures du trajet, personne ne pensait arriver en Europe. On se demandait si notre famille apprendrait notre mort. » Mais le plus gros danger ne vient pas forcément de la mer.

On s’était mis d’accord pour sauter à l’eau si on apercevait les gardes-côtes libyens. Il vaut mieux mourir comme ça que subir le sort réservé aux migrants capturés. » 

Au deuxième jour, les côtes libyennes ne sont plus en vue, mais les réserves en eau sont déjà épuisées. Certains migrants sont inconscients. Le lendemain, les secours surgissent.

Quand j’ai vu l’hélicoptère, je me suis dit : ‘Ma vie commence' ».

Un examen médical à bord du navire de sauvetage plus tard, et les naufragés arrivent en Sicile. On les installe dans un camp de fortune sur un terrain de foot. Mais Yousif redoute que l’on prenne ses empreintes. Avec un petit groupe, il s’enfuit et parvient à rejoindre Rome.

Yousif rejoint la France à pied, par un tunnel

Le rescapé prend ensuite un train jusqu’à Vintimille, à la frontière franco-italienne. Un matin, il part seul, à pied, sur le bord de l’autoroute et s’engouffre dans un tunnel. Il émerge à Menton, en France, et prend le train jusqu’à Nice, où il passe une nuit, avant de remonter à bord d’un wagon, direction Paris.

Prends le bus 65 jusqu’à la Chapelle. » 

Là-bas, il apprend que le camp de migrants vient d’être évacué. Yousif se souvient du « froid » lors de sa première nuit dehors. Mais aussi du petit-déjeuner proposé par des bénévoles, le lendemain. Il s’intègre rapidement au groupe et tente d’investir l’église Saint-Bernard avec eux. Avant d’aller s’installer à la halle Pajol.

A l’époque, j’étais même prêt à sauter du haut de la tour Eiffel pour qu’on se préoccupe des migrants. Je voulais juste qu’on nous traite comme des êtres humains ». 

« J’ai pensé à me suicider »

Embarqué au commissariat lors de l’expulsion musclée du camp, Yousif est ensuite envoyé au Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes. « Là-bas, tout était parfait. Il y avait de la nourriture, des douches, on était deux par pièce… Je ne risquais plus de mourir mais j’avais peur qu’on me renvoie au Soudan. » Yousif avoue : « J’ai pensé à me suicider. J’avais même prévu de tendre mes draps au plafond pour me pendre. Mais je ne l’ai pas fait ». Il formule sa demande d’asile en France pendant sa rétention, finit par être libéré. Son errance l’entraîne cette fois aux jardins d’Eole.
Mi-juin, il obtient une place dans un centre d’hébergement Emmaüs. « Je partage une chambre avec deux Soudanais, on a du savon, des douches, de la nourriture… » 

« Mon grand rêve, maintenant, c’est d’obtenir mes papiers »

Yousif a pu prévenir sa mère qu’il était bien arrivé en Europe. Il l’a aussi informée de la mort de son frère. Des funérailles ont été organisées au Soudan, sans le corps.

Le rescapé compte étudier l’informatique en France, même s’il se dit prêt à faire n’importe quel travail. « Mon grand rêve, maintenant, c’est d’obtenir mes papiers. Mais c’est peut-être plus dur encore que mon voyage. » Yousif sera bientôt fixé sur son sort : l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) doit le convoquer la semaine prochaine. En attendant, il retourne tous les jours à la halle Pajol pour suivre les cours de français dispensés par les bénévoles. 
« S’ils me refusent l’asile, je demanderai à rester en prison française toute ma vie. C’est toujours mieux que dans mon pays ». Sur son téléphone, Yousif a commencé à écrire un blog, avec l’aide de membres des associations, pour « montrer aux Français combien ils sont chanceux de ne pas être Africains. Et puis, dire aux Africains de ne pas venir en Europe car c’est trop risqué ». Le jeune homme espère un jour écrire un « grand livre sur le voyage des migrants ». Referait-il le voyage ? Il évacue la question d’un mouvement de tête : « Moi, je le referais car je n’ai pas le choix ».

Personne ne veut rencontrer la mort. Nous l’avons achetée. »

11 juil 15, Alexis Orsini

Source : nouvelobs.com

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