vendredi 17 mai 2024 01:47

Le parti majoritaire organise mardi 5 avril une convention sur la laïcité et avance ses propositions.

Ce ne sont pas moins de vingt-six propositions concrètes que l’UMP devrait avancer mardi 5 avril à l’occasion de sa convention destinée à « donner une vision positive de la laïcité ». Pour Jean-François Copé, son secrétaire général, il s’agit autant d’« assumer » dans la loi des pratiques courantes que de répondre à des problèmes « qui pour beaucoup d’entre eux sont nouveaux dans leur ampleur ».

De fait, le document de travail rédigé par l’UMP apporte une réponse à la plupart des grandes questions qui font débat autour de la laïcité. C’est notamment le cas de la portée du principe de laïcité et de l’obligation de neutralité des structures et des agents publics, que l’UMP souhaite étendre par voie législative dans le contexte de deux affaires récentes. Extension d’une part aux collaborateurs occasionnels du service public, « hors le cas des aumôneries », ce qui viserait notamment les mères voilées accompagnant une sortie scolaire.

Extension d’autre part « aux structures privées de secteurs social, médico-social ou de la petite enfance chargées d’une mission de service public ou de l’intérêt général » (affaire de la crèche Baby Loup), sauf « si la structure ne le souhaite pas », c’est-à-dire « par exemple si son caractère confessionnel est revendiqué ». Une solution calquée sur la notion de « caractère propre » des établissements d’enseignement confessionnels.

L'UMP écarte le financement public direct des lieux de culte

En ce qui concerne le financement des lieux de culte, l’UMP ne souhaite pas remettre en cause la loi de 1905 et écarte donc l’idée d’un financement public direct. Afin de « faciliter l’exercice du culte dans des lieux de culte », c’est-à-dire ailleurs que dans la rue ou dans des caves, l’UMP propose cependant par voie législative de « prévoir expressément la possibilité de baux emphytéotiques avec option d’achat pour les nouveaux lieux de culte » et de « généraliser le recours aux garanties d’emprunt par des collectivités locales ».

Autant d’outils qui permettent déjà aux collectivités publiques de participer indirectement au financement des lieux de culte. Toujours sur le financement des lieux de culte, l’UMP souhaite que « les fonds étrangers visant à la construction et à l’entretien de lieux de culte transitent obligatoirement par une fondation nationale ».

Chaque culte créerait ainsi sa propre fondation, à l’image de la Fondation pour les œuvres de l’islam de France, que cette obligation rendrait incontournable alors qu’elle demeure peu utilisée aujourd’hui. Parallèlement, la collecte de fonds auprès des fidèles se ferait obligatoirement « par le biais d’une association ».

Une "pédagogie de la laïcité"

Un des aspects les plus originaux des propositions que l’UMP devrait avancer concerne toutefois le « vivre ensemble » dans l’entreprise. Il s’agirait de permettre par la loi aux entreprises d’intégrer dans leur règlement intérieur des dispositions « encadrant les pratiques religieuses (prière, restauration collective…) » ou « relatives au port de tenues et signes religieux », à condition que ces limitations soient « nécessaires et proportionnées aux fins de bonne exécution du contrat de travail ».

L’UMP insiste en outre sur l’idée d’une « pédagogie de la laïcité ». Dans les entreprises, en organisant « une formation spécifique pour les responsables des ressources humaines et les inspecteurs du travail ».

Dans les établissements d’enseignement, en prévoyant « dans le cadre du programme scolaire obligatoire un enseignement relatif au principe de laïcité, en lien avec la présentation des grandes religions ». Dans les services publics, en assurant « une formation obligatoire à la laïcité de l’ensemble des agents ». Toutes ces mesures n’ont pas la même valeur. Certaines sont nouvelles, d’autres ne font que reprendre des textes existants en leur conférant une nature législative.

"Un code de la laïcité et de la liberté religieuse"

C’est notamment le cas de la charte des usagers des services publics (les usagers ne peuvent récuser un agent public ni exiger une adaptation du fonctionnement du service public ; le service public s’efforce de prendre en considération les convictions de ses usagers dans le respect des règles auquel il est soumis et de son bon fonctionnement) ou encore de la circulaire du 19 février 2008 sur les carrés confessionnels dans les cimetières.

Enfin, si certaines mesures sont « d’application rapide » – des décisions gouvernementales pourraient intervenir dès la semaine du 11 mars – d’autres constituent en revanche des propositions « pour le prochain quinquennat ».

Jean-François Copé va ainsi déposer à l’Assemblée nationale une proposition de résolution parlementaire « réaffirmant l’attachement de la représentation nationale aux principes républicains, et spécialement à ceux de laïcité et de liberté de conscience ». Au-delà, il s’agirait de rédiger un code de la laïcité en deux étapes.

Tout d’abord l’élaboration, « d’ici à la fin du premier semestre 2011 », d’un recueil exhaustif des textes et jurisprudences relatifs au principe de laïcité. Ensuite la rédaction, « après 2012 », d’un véritable « code de la laïcité et de la liberté religieuse ». Quoi qu’il en soit, Jean-François Copé en est persuadé : « La laïcité sera un des thèmes de la campagne présidentielle de 2012. »

5/4/2011, Laurent de BOISSIEU

Source : La Croix

L'Insee a publié une étude dressant le profil de l'immigration dansla région et soulignant les difficultés d'accès à l'emploi des immigrés, en particulier ceux qui sont originaires du Maghreb et de Turquie.

Première surprise de l'enquête réalisée par l'Insee régional : le nombre des immigrés (1) présents dans la région est nettement inférieur à la moyenne nationale, établie à 8,3 %. En 2007, le Nord - Pas-de-Calais comptait 182 900 immigrés, soit 4,5 % de la population. Cette réalité est toutefois non uniforme puisque l'étude montre que l'immigration se concentre surtout sur la métropole lilloise, le bassin minier du Pas-de-Calais et la frontière franco-belge.

Des implantations localisées résultant de vagues successives d'immigration italienne, allemande, polonaise, puis portugaise, algérienne et marocaine, et liées à l'histoire économique de la région : reconstruction après les deux conflits mondiaux, exploitation minière et sidérurgie, guerre d'Algérie. La dernière « vague », après 1999, s'expliquerait par la reprise économique. En 2007, la population immigrée dans la région est plus importante qu'en 1999 mais moins qu'en 1990 et 1982.

En terme d'origines géographiques, les Africains sont les plus nombreux, avec 52 % de la population immigrée : 41 600 Algériens, 36 100 Marocains et 3 540 Tunisiens. Les Européens, eux, représentent 39 % du total, avec les Belges en première position (19 000), devant les Italiens (13 000), les Portugais (11 800) et les Polonais (9 900).

Le diplôme ne protège pas du chômage

La seconde partie de l'étude insiste sur les difficultés d'accès à l'emploi des immigrés et sur les inégalités dont sont victimes ceux qui sont originaires du Maghreb et de Turquie. Globalement, et ce n'est pas une surprise, à diplôme équivalent, les immigrés sont davantage touchés par le chômage que le reste de la population. Mais là où réside l'intérêt de cette enquête, c'est en ce qu'elle révèle une double inégalité. D'abord, les immigrés originaires du Maghreb et de Turquie souffrent plus du chômage que les immigrés européens, généralement plus diplômés, et parmi lesquels le taux d'actifs est similaire à celui de la population régionale. Pire, chez les premiers, même les hauts diplômes ne protègent pas du chômage, et les diplômés de l'enseignement supérieurs accèdent moins souvent que les autres à des emplois qualifiés : 20 % d'entre eux sont ouvriers. « On s'en doutait, mais on est surpris par l'ampleur du phénomène, commente Fadela Benrabia, de la direction régionale de la jeunesse et de la cohésion sociale. Il faudra que cette étude provoque un effet d'interpellation pour les pouvoirs publics et pour les employeurs. »w (1) Par « immigré », l'Insee entend les étrangers nés à l'étranger et les immigrés français par acquisition. Les descendants d'immigrés naturalisés ne sont donc pas comptés, pas plus que les étrangers nés en France.
L'étude est disponible dans son intégralité sur le site de l'Insee du Nord - Pas-de-Calais.

5/4/2011, Bruno Renoul

Source : Nord éclair

Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, David Cameron... Des dirigeants européens s’attaquent au «multiculturalisme» dans le dessein transparent d’attirer les électeurs d’extrême droite. Mais ils menacent des décennies de politique de main tendue à destination des communautés musulmanes.

L’un après l’autre, les dirigeants des pays à plus forte destination d’immigration se sont présentés sur le devant de la scène afin d’affirmer leur répudiation solennelle d’une politique qui n’existe pourtant plus depuis longtemps. Ces derniers mois, la Chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron et le Président français Nicolas Sarkozy ont fait savoir que le multiculturalisme ne pouvait plus être la doctrine continentale d’intégration des immigrés.

«L’approche multiculturelle, selon laquelle nous vivrions simplement les uns à côté des autres et que nous nous apprécierions les uns les autres, est un échec cinglant», a déclaré Merkel dans un discours prononcé en octobre 2010.

«Avec la doctrine du multiculturalisme d’Etat, nous avons encouragé différentes cultures à mener des vies séparées, à l’écart les unes des autres et en dehors du courant principal. Nous ne sommes pas parvenus à offrir une vision de la société à laquelle elles souhaitent appartenir», a déclaré Cameron en février 2011.

«Le multiculturalisme est un échec. La vérité, c’est que dans toutes nos démocraties, on s’est trop préoccupé de l’identité de celui qui arrivait et pas assez de l’identité du pays qui accueillait», a annoncé Nicolas Sarkozy à la télévision française, fin février.

Ces déclarations inhabituellement convergentes semblent indiquer un tournant dramatique dans les relations de l’Europe avec sa population musulmane, principale cible de ces réformes putatives. Ces discours ont pour objet de donner des représentants politiques l’image de personnes en plein contrôle de leur destiné nationale, traçant, avec courage, une nouvelle voie pour leurs sociétés. Mais la réalité est bien moins grandiose. Merkel, Cameron et Sarkozy tentent simplement de recoller à l’aile droite de leur base électorale en sacrifiant un homme de paille –le multiculturalisme– et l’on peine à trouver de rares propositions concrètes derrière leur nouvelle posture volontariste.

De surcroît, ils négligent et mettent en danger des années de travail de leurs propres ministres de l’Intérieur visant à réformer et rationaliser des années de politique exigeante, mais équitable à l’égard des organisations musulmanes.  Ce faisant, ces dirigeants jettent précisément de l’huile sur le feu qu’ils souhaitent éteindre: la montée d’un populisme d’extrême droite, fondé sur le rejet de l’Islam.

De l'antisémitisme des années 1930 à la focalisation sur l'immigration musulmane

Les opinions anti-immigrées, pour la première fois exprimées en Europe à la fin du XXe siècle, ont gagné en intensité avec la psychose sur le terrorisme des années 2000 et ont été encore renforcées par l’émergence d’un sentiment anti-islamique au début des années 2010. Nous assistons là à l’impact politique délétère de la crise économique de 2008-2009, ayant pour résultat la montée d’une vague populiste à travers toute l’Europe occidentale.

Cette vague s’incarne généralement dans les partis d’extrême droite –bien que certains d’entre eux, comme aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne, accueillent en leur sein des éléments plus libéraux, en défense des droits des homosexuels et des femmes. (L’English Defence League a, par exemple, une branche juive et une autre homosexuelle.) Tous ces mouvements populistes ont toutefois une caractéristique commune: ils sont clairement anti-islam. Tout comme l’antisémitisme était le dénominateur commun des mouvements populistes des années 1930, la focalisation sur l’immigration musulmane est devenu le trait déterminant des partis anti-establishment de l’Europe actuelle. La conséquence logique est le glissement des partis de centre droit vers la droite, par peur de perdre leur électorat.

Et le virage à droite est consommé. En Allemagne, le discours de Merkel avait pour but de se raccrocher au débat national provoqué par le best-seller de Thilo Sarrazin, Deutschland schafft sich ab, (l’Allemagne court à sa perte) et par la branche la plus radicale de sa coalition gouvernementale. Sarrazin, ancien membre du directoire de la Bundesbank (un poste qu’il a dû quitter en raison du scandale provoqué par son livre, NdT) et membre du parti social-démocrate (SPD, centre gauche) a vendu plus d’un million d’exemplaires de son ouvrage, qui dénonce le nivellement par le bas de l’Allemagne provoqué par l’immigration musulmane.

En Grande-Bretagne, Cameron doit garder un œil sur son aile populiste ainsi que sur le British National Party. Aux Pays-Bas, le Premier ministre Mark Rutte sévit contre le port du voile et d’autres signes d’appartenance à la religion musulmane chez les fonctionnaires et les récipiendaires de l’assurance-chômage afin d’obtenir le soutien de la faction anti-islam de Geert Wilders. En France, Nicolas Sarkozy est aussi parvenu à séduire les électeurs du Front national de Jean-Marie Le Pen en 2007 en utilisant le thème de «l’identité nationale», puis a entretenu la flamme en lançant un débat officiel sur le sujet en 2009 et un autre sur le port de la burqa en 2010. Son parti, l’UMP, a annoncé un autre débat sur «l’islam et la laïcité».

16 millions de musulmans en Europe, les deux tiers en Allemagne, Grande-Bretagne et France

Mais ces dirigeants chassent un fantôme. L’abominable «multiculturalisme» que ces trois dirigeants ont pointé du doigt dans chacune de leurs bordées est un réel anachronisme sur le plan politique. Dans son sens traditionnel –permettant à des communautés de vivre à l’écart de la société ou pour le moins en dehors de la mainmise de l’Etat– le multiculturalisme a été depuis longtemps abandonné par les pays d’Europe.

Ces récentes éructations à l’encontre de la «compatibilité» de l’islam avec les valeurs européennes avaient davantage de sens dans la première moitié des années 1990, lorsque des moutons étaient encore égorgés dans des baignoires, des imams étrangers arrivaient avec des visas de touristes et lorsque les prières sur les trottoirs étaient les seules options offertes aux musulmans.

A cette époque, les pratiques religieuses des musulmans en Allemagne –comme presque partout en Europe– étaient encore du ressort des affaires étrangères et pas intérieures. L’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, qui accueillent à eux trois près des deux tiers des 16 millions de musulmans d’Europe, ont travaillé, ces deux dernières décennies, à faire en sorte de rapprocher la pratique de l’islam de celle des autres religions majoritaires, tout en coopérant avec les groupes de musulmans pour marginaliser les extrémistes les plus violents.

Après l’avoir, des années durant, laissée en dehors du champ des institutions domestiques, les autorités ont commencé à traiter cette religion comme une religion domestique, encourageant les musulmans à embrasser la citoyenneté nationale, et ont intégré les organisations islamiques. Des dizaines de politiciens de premier plan –dont Sarkozy– ont dépensé sans compter, tant en termes d’argent qu’en termes de capital politique, pour veiller à l’application de ce processus dans les années 2000 et personne ne peut imaginer qu’il s’agissait là de se ranger au multiculturalisme.

Pourtant, les dirigeants de l’Europe veulent dépoussiérer ce cadre. Que se proposent-ils exactement de changer?

Il est depuis longtemps courant pour les partis de centre droit européens de jouer sur les thèmes de l’insécurité et de l’immigration –la «lepénisation» de la politique française est à ce titre dénoncée depuis des décennies par la gauche– mais cette dernière vague de populisme présente plusieurs problèmes tant pratiques que politiques. La principale différence entre le retour de bâton anti-islamique actuel et les vagues de sentiment anti-immigré d’autrefois est que les communautés concernées ne sont plus formées d’immigrants, mais de citoyens, et que l’influx d’immigrants a considérablement diminué.

Retours en arrière

La vieille théorie d’extrême droite consistant à tenir les immigrés pour responsables des problèmes économiques («deux millions de chômeurs: deux millions d’immigrés», tel était le slogan de Le Pen en 1983) ne fonctionne plus car sa seule conséquence logique –la déportation– est impossible d’un point de vue légal.

Mais le langage plus mielleux des dirigeants européens est-il plus efficace? La rhétorique de Cameron, à titre d’exemple, s’insinue entre sa description des «actions d’un pays authentiquement libéral» (promouvoir «la liberté de parole, la liberté de culte, la démocratie, le règne de la loi et des droits égaux, quelles que soient les origines, le sexe ou la sexualité») et le test d’engagement qu’il propose aux organisations musulmanes («Sont-elles favorables aux droits de l’homme, sans restrictions?»).

Or, il est manifeste que pour «être» Britannique, il n’est pas nécessaire de promouvoir les droits des femmes ou des homosexuels, car de nombreuses communautés bien britanniques ne passeraient pas ce test. C’est pourtant le tournant choisi par de nombreux Lander allemands en 2007, qui ont –brièvement– choisi d’ajouter quelques questions à la procédure de naturalisation qui permettait de tester l’attitude des musulmans à l’égard de la charia, d’Israël ou des couples de même sexe.

Le vocabulaire actuel représente un retour en arrière, vers une époque où les gouvernements préféraient porter des œillères plutôt que d’influer sur le cours de l’histoire. «L’islam ne fait pas partie de l’Allemagne» est la traduction moderne, grâce au nouveau ministre de l’Intérieur allemand, Hans-Peter Freidrich, de la vieille vision de la Démocratie chrétienne voulant que «l’Allemagne n’est pas un pays d’immigration» —l’obstruction idéologique sous les atours de l’observation impartiale.

Les propositions politiques ne sont pas davantage enthousiasmantes. David Cameron propose deux idées spécifiques: couper le financement public de toutes les organisations musulmanes non libérales et refuser l’accès à une «plateforme ministérielle» à celles professant des valeurs que nous n’apprécions pas. La première proposition est déjà entrée en application comme effet collatéral des restrictions budgétaires d’octobre dernier et la seconde –mettre un terme aux efforts de lutte contre la radicalisation en coopérant avec les groupes islamistes non-violents– provoque un désaccord au sein de la coalition gouvernementale.

Le Premier ministre adjoint Nick Clegg du Parti libéral démocrate a répondu au discours de son supérieur que «si nous croyons suffisamment à nos valeurs libérales, nous devrions avoir foi dans leurs capacités à vaincre les arguments inférieurs de nos adversaires… Mais on ne gagne pas un combat en quittant le ring. On y va et on gagne».

Préférer les originaux aux copies

Le discours de Clegg ressemble étonnamment à la logique utilisée en 2003 par Sarkozy lorsqu’il rejeta les critiques qui lui était faites de son engagement avec des groupes islamistes en tant que ministre de l’Intérieur: «Si vous pensez que l’islam est incompatible avec la République, alors que faites-vous des cinq millions de personnes d’origine musulmane qui vivent en France? Vous les mettez dehors, vous les obligez à se convertir, vous leur demander de ne pas pratiquer leur religion?… Avec le Conseil français du culte musulman, nous organisons un islam compatible avec les valeurs de la République.» Il convient de remarquer que Sarkozy obtient sa meilleure cote de popularité (58-59%) entre janvier et mai 2003, au sommet de son implication avec le Conseil français du culte musulman.

La volonté compréhensible des dirigeants européens à veiller sur leur flanc droit risque fort d’entraîner des retours négatifs sur le plan politique. Les chefs de gouvernement ont amplifié le mécontentement anti-musulman en le rendant officiel et respectable. En France, les débats sur «l’identité nationale» et sur la burqa étaient d’évidents appels du pied à l’électorat du Front national. Mais comme Le Pen lui-même l’avait fait observé, les électeurs tendent à préférer l’original à la copie.

La stratégie de Sarkozy, bien loin de contenir la menace de l’extrême droite en France, semble donner raison à l’antienne du Front national sur la menace que fait peser l’islam sur l’identité française. Marine Le Pen, fille de l’ancien président et qui lui a récemment succédé à la tête du parti, est à présent donnée en tête de certains sondages d’intention de vote du premier tour de l’élection présidentielle de 2012. Elle s’est est récemment amusée: «Encore un petit débat, un petit bla-bla sur l’islam, la laïcité, et je pense qu’effectivement nous pourrons terminer à la présidentielle avec 25%.» C’est précisément le score qui lui a été attribué.

L’agitation du spectre de la menace islamique n’est même pas une formule gagnante dans le domaine de la tranquillité sociale. Les citoyens musulmans pourraient bien se lasser très vite d’être pris à la fois pour cible par les partis d’extrême droite, mais également par des gouvernements centristes. Ceci pourrait bien contribuer à unir, derrière une cause commune, des communautés pourtant disparates et diverses, tant sur le plan des origines que de la citoyenneté, voire relancer les orientations sectaires et idéologiques. En d’autres termes, imposer des restrictions sur les libertés religieuses sans garantir la simple égalité constitutionnelle pour l’islam pourrait bien pousser les musulmans à se réunir pour défendre des valeurs religieuses –soit l’effet exact que les gouvernements cherchent à éviter.

La posture actuelle de Merkel, Cameron et Sarkozy pourrait également mettre à bas tous les efforts entrepris ces dix dernières années pour intégrer les communautés musulmanes, créant un nouveau fossé en détricotant la politique subtile de ces dernières années, qui voyait les Etats obtenir des organisations musulmanes qu’elles respectent la loi et adaptent leurs pratiques au contexte local. Les chefs religieux musulmans peuvent légitimement se demander aujourd’hui, pour ne prendre qu’un seul exemple, à quoi peut servir un Conseil réuni par le ministre de l’Intérieur quand un ministre peut affirmer «l’islam fait partie intégrante de l’Allemagne» (comme le déclara Wolfgang Schäuble en 2006) pour entendre son successeur dire que «non, il n’en fait pas partie»?

Attention à une intégration ratée

Les membres de ces gouvernements sont face à un choix, le même que celui auquel ils font face depuis des années: se relever les manches et tenter de jouer les médiateurs entre les groupes religieux, ou garder leurs manches boutonnées et laisser des gouvernements étrangers et des mouvements transnationaux faire ce travail à leur place. Ces questions ne se règleront pas d’elles-mêmes. De récentes projections démographiques publiées par le Pew Forum prévoient une augmentation globale de 6% de la population musulmane de l’Europe à 8% dans les vingt ans qui viennent.

L’Italie, la Grande-Bretagne, la Belgique et la Suède pourraient voir leur population musulmane doubler d’ici 2020. Ces musulmans seront de plus en plus des ressortissants de ces pays, nés et élevés dans leurs propres pays. Ils ne seront donc plus de simples objets de débats politiques: ils en seront bientôt les acteurs en tant qu’électeurs et membre de ces sociétés, bien que minoritaires. Et le genre de citoyens que les politiques les encouragent à être comptera bien plus que leur simple nombre.

Les partis politiques chercheront-ils activement la participation des musulmans? Les chercheurs sauront-ils faire face aux défis que représente la présence d’une minorité d’origine étrangère et discriminée sur le plan économique? Y aura-t-il une ambiance de liberté religieuse et des efforts entrepris pour punir la discrimination illégale? Les forces de l’intolérance et de la suspicion mutuelle finiront-elles par l’emporter? La dernière décennie nous a fourni des exemples encourageants de «relations mosquée-Etat», mais celle qui s’annonce démarre sous de mauvais auspices. De nombreux non musulmans s’inquiètent de leur futur dans une Europe en bouleversement. Mais la perspective d’une intégration ratée devrait paraître bien plus inquiétante pour toutes les personnes concernées.

4/4/2011,  Jonathan Laurence et Justin Vaïsse

Source : State

 

 

Le mouvement d'extrême droite Bloc identitaire et ses alliés Riposte laïque et Résistance républicaine, connus pour leurs opérations "saucisson-pinard", ont prôné lundi l'arrêt de l'immigration en faisant leurs propres propositions à la veille du débat UMP sur la laïcité.

"Nous préconisons des partenariats avec les pays musulmans pour que les musulmans de France puissent aller vivre leur foi en terre d'islam", a lancé le président du Bloc Identitaire, Fabrice Robert, lors d'une conférence de presse dans un café parisien.

Outre un référendum sur la "place de l'islam en France" et "l'arrêt de l'immigration", le chef de file des identitaires français a prôné un "message clair" pour "inverser le rapport de force avec les musulmans": "ni mosquées, ni voiles, ni subvention, ni revendication".

La présidente de Résistance républicaine, Christine Tasin, qui se présente volontiers comme une "femme de gauche", a revendiqué "la nécessité impérieuse d'être islamophobe", voyant dans l'islam "une forme de fascisme".

Au nom de son mouvement et de Riposte laïque, elle a prôné "l'interdiction du voile" et de la viande halal, ainsi qu'un "moratoire sur la construction des mosquées", le temps qu'une "commission parlementaire fasse le point sur le fonctionnement des mosquées".

Prônant la suppression du droit du sol, elle a aussi appelé à "faire cesser l'immigration, le temps que les musulmans qui sont installés en France s'intègrent, s'assimilent".

Le Bloc identitaire et Riposte laïque étaient à l'origine le 18 juin 2010 de l'appel sur Facebook à organiser un apéro géant "saucisson-pinard" dans le quartier populaire de la Goutte d'Or à Paris (XVIIIe arrondissement) pour en dénoncer "l'islamisation".

Marine Le Pen leur avait fait écho six mois plus tard en fustigeant lors d'une réunion publique à Lyon les "prières de rue" de la rue Myrha, à la Goutte d'Or, et en faisant un parallèle controversé avec l'Occupation allemande.

Fin décembre, le Bloc identitaire et Riposte laïque avaient également réuni un millier de personnes à Paris pour des "assises internationales contre l'islamisation de l'Europe".

4/4/2011

Source : AFP/La Croix

La troisième édition du Maghreb du livre de Montréal a été lancée, lundi, par une soirée lectures avec des auteurs maghrébins d'ici et d'ailleurs, en présence d'un public venu nombreux pour apprécier les moment forts de cet évènement culturel.

Organisé en partenariat avec la librairie Olivieri et l'Espace du livre Francophone, le volet littérature du 3ème Printemps culturel nord-africain met cette année le Maroc à l'honneur.

Outre l'exposition de la collection du Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (CCME) à travers des oeuvres variées, cette soirée lectures d'oeuvres maghrébines a été animée par les écrivains marocains Rachid Benzine et Sofia Benyahia et des auteurs algériens Salah Beddiari, Nassira Belloula, Salah Benlabed et Aziz Farès.

En collaboration avec le CCME, les invités de cette édition animeront diverses conférences-débats et participeront à différentes rencontres avec les gens du livre montréalais.

Exposition de peintures, rencontres musicales, signatures d'ouvrages, animations autour de la littérature jeune, lectures et contes sont aussi prévus au programme de ce 3-ème Printemps culturel qui se poursuivra jusqu'au 10 avril.

Cette rencontre s'est déroulée en présence, notamment, des représentants du CCME, du Consulat du Maroc à Montréal, de journalistes et de personnalités du monde de l'art et de la culture d'ici et d'ailleurs.

05/04/11

Source : MAP

La diplomatie économique marocaine doit focaliser son intérêt sur les transferts financiers des Marocains résidant à l'étrangers (MRE) qui constituent un enjeu national, ont souligné, lundi à Rabat, les participants à un atelier sur la contribution des émigrés au développement du Royaume.

Les transferts des MRE ont pris tellement d'importance qu'ils constituent un enjeu national devant être pris en charge par l'ensemble des entités du pays notamment la diplomatie économique, ont souligné les participants à cette rencontre organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

En dépit de leurs efforts soutenus, les banques marocaines sont confrontées à énormément de contraintes que finalement l'intervention de la diplomatie économique devient un point très important, ont ils indiqué.

Pour mettre en exergue l'importance et l'impact des transferts financiers des MRE, les participants ont précisé que 70 pc de ces transferts sont destinés à la consommation des ménages. Ils sont aussi un moyen énorme de lutte contre la pauvreté et un des meilleurs canaux pour le financement de la balance commerciale au Maroc.

Selon les intervenants, les transferts des MRE constituent la première source de rentrée de devises pour le Maroc suivis des recettes du secteur touristique.

Pour 2010, les transferts des MRE sont estimés à 54 milliards de dirhams avec un taux de croissance de 8 pc par rapport à 2009.
Dans leurs argumentaires, les intervenants relèvent que 127 milliards de DH de dépôts des MRE représentent, à titre d'exemple, 90 pc des crédits destinés à l'équipement des entreprises, et la totalité des crédits accordés à l'habitat, ajoutant que ces transferts participent largement au financement de l'économie marocaine.

Pour les organisateurs, cette rencontre qui regroupe notamment des chercheurs marocains et étrangers ainsi que les représentants du secteur bancaire, vise à engager la réflexion sur les moyens à même de permettre à l'économie nationale de tirer profit des transferts des émigrés.

Le rôle important des transferts financiers des MRE sur le plan macroéconomique est indéniable mais "l'investissement productif est encore minoritaire", d'où la nécessité d'engager la réflexion pour voir comment "augmenter la part de l'investissement productif provenant des MRE", a indiqué le président du CCME, Driss El Yazami.

Selon les statistiques avancées par plusieurs intervenants sur les caractéristiques de la communauté marocaine établie à l'étranger, 29 pc des MRE ont moins de 15 ans, 68 pc sont en âge d'activité et 12 pc ont un niveau universitaire ce qui représente "une force intellectuelle".

La France est le pays qui compte le plus d'émigrés marocains suivie de l'Espagne et de l'Italie.

Cette rencontre vise notamment l'établissement d'un état des lieux des transferts financiers de la communauté marocaine à l'étranger, à la lumière des évolutions économiques au niveau international et local, et leur contribution à l'économie marocaine.

Elle tend aussi à analyser les déterminants des transferts financiers chez la communauté marocaine comme base de prospective.

4/4/2011

Source : MAP

La diplomatie économique marocaine doit focaliser son intérêt sur les transferts financiers des Marocains résidant à l'étrangers (MRE) qui constituent un enjeu national, ont souligné, lundi à Rabat, les participants à un atelier sur la contribution des émigrés au développement du Royaume.

Les transferts des MRE ont pris tellement d'importance qu'ils constituent un enjeu national devant être pris en charge par l'ensemble des entités du pays notamment la diplomatie économique, ont souligné les participants à cette rencontre organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

En dépit de leurs efforts soutenus, les banques marocaines sont confrontées à énormément de contraintes que finalement l'intervention de la diplomatie économique devient un point très important, ont ils indiqué.

Pour mettre en exergue l'importance et l'impact des transferts financiers des MRE, les participants ont précisé que 70 pc de ces transferts sont destinés à la consommation des ménages. Ils sont aussi un moyen énorme de lutte contre la pauvreté et un des meilleurs canaux pour le financement de la balance commerciale au Maroc.

Selon les intervenants, les transferts des MRE constituent la première source de rentrée de devises pour le Maroc suivis des recettes du secteur touristique.

Pour 2010, les transferts des MRE sont estimés à 54 milliards de dirhams avec un taux de croissance de 8 pc par rapport à 2009.
Dans leurs argumentaires, les intervenants relèvent que 127 milliards de DH de dépôts des MRE représentent, à titre d'exemple, 90 pc des crédits destinés à l'équipement des entreprises, et la totalité des crédits accordés à l'habitat, ajoutant que ces transferts participent largement au financement de l'économie marocaine.

Pour les organisateurs, cette rencontre qui regroupe notamment des chercheurs marocains et étrangers ainsi que les représentants du secteur bancaire, vise à engager la réflexion sur les moyens à même de permettre à l'économie nationale de tirer profit des transferts des émigrés.

Le rôle important des transferts financiers des MRE sur le plan macroéconomique est indéniable mais "l'investissement productif est encore minoritaire", d'où la nécessité d'engager la réflexion pour voir comment "augmenter la part de l'investissement productif provenant des MRE", a indiqué le président du CCME, Driss El Yazami.

Selon les statistiques avancées par plusieurs intervenants sur les caractéristiques de la communauté marocaine établie à l'étranger, 29 pc des MRE ont moins de 15 ans, 68 pc sont en âge d'activité et 12 pc ont un niveau universitaire ce qui représente "une force intellectuelle".

La France est le pays qui compte le plus d'émigrés marocains suivie de l'Espagne et de l'Italie.

Cette rencontre vise notamment l'établissement d'un état des lieux des transferts financiers de la communauté marocaine à l'étranger, à la lumière des évolutions économiques au niveau international et local, et leur contribution à l'économie marocaine.

Elle tend aussi à analyser les déterminants des transferts financiers chez la communauté marocaine comme base de prospective.

4/4/2011

Source : MAP

L'actualité du monde arabe s'est invitée dans le premier Conseil de l'année de la Banque Centrale. Le 29 mars dernier, l'un des sujets abordés, a été forcément l'impact des soulèvements dans certains pays arabes et plus particulièrement en Libye. Les Marocains Résidents à l'Etranger (MRE) y sont beaucoup plus nombreux qu'en Egypte ou en Tunisie. Les répercussions pourraient, par exemple, se ressentir au niveau des réserves en devises étant donné que les transferts sont touchés. Abdellatif Jouahri, Wali de la Banque Centrale, a, dès le départ, planté le décor…Suite
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