La 3ème édition du festival des migrations « Almoggar N Imouda », organisée jusqu’au 1er mars à Agadir sous le signe « Regards croisés sur le concept de l’intégration », s’est ouverte, vendredi, en présence d’une pléiade de chercheurs et d’experts marocains et étrangers.
A l’ouverture de cette rencontre, initiée par l’Association des chercheurs en migrations et développement avec d’autres partenaires, le Secrétaire général du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Mohamed Sebbar, a souligné l’importance que revêt la thématique de la migration, ses contours, ses finalités, ses aspects et ses transformations profondes dans le contexte d’un pays comme le Maroc, passé d’un pays émetteur de migrants à une terre de transit et d’accueil.
Des générations de migrants marocains ont contribué à l’ouverture du Maroc sur le monde, accélérant par la même les transformations sociales de leur pays d’origine à travers leur apport au développement local à la faveur des transferts d’argent et de richesse, a-t-il signalé, notant toutefois que la crise économique dans les pays de l’Union européenne (UE), couplée à la montée du racisme et de l’extrême droite, a amené certains Etats à adopter des politiques rigoureuses en matière de migration et à exercer des pressions sur les pays émetteurs, en l’absence d’une politique commune en la matière de la part des pays de l’Afrique du Nord.
Il a soutenu que le Maroc, qui a très tôt élaboré une politique migratoire ayant permis de renforcer l’attachement des Marocains à leur pays d’origine, est le premier pays arabe et africain à avoir lancé une large campagne de régularisation de la situation des migrants étrangers vivant sur son sol, précisant que cette opération a bénéficié à un effectif de 18 mille personnes sur un total de 27 mille demandes déposées.
Il s’est aussi félicité de l’émergence d’un intérêt croissant pour les questions de la migration-intégration dans l’espace public, comme en témoignent l’implication des médias et de la société civile, l’organisation d’une série de colloques et rencontres nationaux et internationaux et la parution de nombre d’études et de recherches qui s’intéressent aux challenges et problématiques liés à ce phénomène.
Il a néanmoins relevé que, malgré les efforts déployés, « nous avons encore un chemin long et compliqué à parcourir au regard des défis économiques, sociaux et sécuritaires que posent les questions de la migration dans une zone en ébullition », mettant l’accent sur le rôle important qui échoit, face à des ressources limitées, à la coopération internationale pour faire face aux défis de la migration-intégration dans le cadre d’une approche humaniste cohérente, coupant court à toute velléité d’exclusion ou de marginalisation.
Initiée en collaboration avec l’Observatoire régional des migrations, espaces et sociétés (ORMES) et avec le soutien du ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, cette manifestation connait la participation de plusieurs experts et chercheurs nationaux et étrangers, venus de pays ayant accumulé une certaine expérience en matière de migration-intégration, notamment de France, Espagne, Pays-Bas, Belgique et Canada.
Cette édition intervient, selon ses initiateurs, « à un moment crucial de la politique migratoire marocaine » marquée par la régularisation de la situation de nombre de migrants étrangers au Maroc, une opération qui appelle à la « réflexion sur l’intégration des étrangers dans la société marocaine ».
Le festival est une occasion pour approcher la migration et l’intégration au féminin, en présence de professeurs spécialistes en la matière, alors que des ateliers seront organisés pour débattre du rôle des associations des MRE et des subsahariens dans le processus de l’intégration, avec la participation de plusieurs associations nationales et internationales.
Il sera aussi question de la production littéraire et artistique dans le rayonnement de la recherche en matière des migrations avec la projection de films documentaires, l’organisation d’expositions photographiques et la présentation des dernières publications des auteurs et des spécialistes, issus de différentes disciplines.
L’activité-phare de cette édition est l’organisation d’une conférence internationale sur la thématique « football et intégration dans le contexte des relations entre le Maghreb et l’Europe », en présence de footballeurs et d’intervenants de divers horizons.
Plusieurs facettes seront abordées: parcours et destins de footballeurs, utilisation du football dans les politiques d’immigration, débats sur la double nationalité des footballeurs, questions identitaires au sein des opinions publiques en lien avec les équipes nationales, etc.
Le festival sera couronné par l’organisation d’une soirée musicale interculturelle animée par des groupes musicaux amazighs et africains dans une ambiance festive, incluant des hommages à des personnalités ayant contribué aux questions liées à la migration.
La première édition du festival des migrations s’est déroulée à Taroudant sous le signe « regards croisés sur les migrations marocaines », alors que la deuxième a été organisée à Chtouka Aït Baha sous le thème « Un siècle de migrations marocaines 1912/2012 ».
27 févr. 2015
Source : MAP
