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Europe/Immigration, en finir avec les fantasmes

L’Organisation internationale des migrations dénonce un débat « tendancieux, polarisé et négatif » sur les migrants dans plusieurs pays européens, en période de crise et sur fond de chômage croissant.

S’il est un domaine ou les contrevérités, idées reçues et autres fantasmes sont légion, c’est bien l’immigration. L’Organisation internationale des migrations (OIM) dénonce, dans son rapport annuel, un débat « excessivement tendancieux, polarisé et négatif », surtout en période de crise. « La migration est souvent invoquée pour masquer les peurs et les incertitudes de la population face aux problèmes du chômage, du logement et de la cohésion sociale dans les pays d’accueil », affirme son directeur général, William Lacy Swing.

Dans la longue liste des idées erronées sur le sujet arrive en tête la surestimation du nombre de migrants. Une étude couvrant huit pays d’accueil montre que dans chacun d’eux les personnes interrogées ont tendance à exagérer la taille de la population migrante. Par exemple, en Italie, les personnes interrogées ont supposé que le pourcentage de migrants dans la population était de 25, quand il est en réalité seulement de 7…

« Les migrants sont souvent concentrés dans le centre des villes et sont donc plus visibles », explique Gervais Appave, l’un des auteurs du rapport. En outre, il y a souvent confusion entre les catégories d’étrangers : demandeurs d’asile, migrants irréguliers, réfugiés, travailleurs, touristes, étudiants. En Grande-Bretagne, par exemple, ce sont les étudiants qui forment le plus grand groupe d’immigrés et non les demandeurs d’asile. D’autant que le rapport souligne la stabilité du nombre de migrants internationaux ces dernières années. En 2010, ils étaient 214 millions, contre 191 millions en 2005, soit toujours environ 3 % de la population mondiale. La crise économique, qui sévit dans les pays industrialisés depuis 2009, n’a pas provoqué de mouvement important de retour des immigrés dans leur pays d’origine.

Autre idée souvent développée, notamment par les partis nationalistes européens : les immigrés empiéteraient sur le marché du travail des nationaux. Il n’en est rien. Au contraire la main-d’œuvre étrangère est restée plus exposée au risque de chômage. En Espagne, par exemple, 30,2 % d’immigrants étaient sans emploi en 2010, contre 18,1 % d’Espagnols de naissance. En Allemagne, le taux de chômage parmi les migrants durant l’été 2010 était presque le double de celui des Allemands.

Très critiqués par l’organisation, les médias et les politiques qui participent à cette mauvaise information. Parler de « vagues » de migrants, par exemple, laisse entendre que l’on peut être submergé… Les médias ont souvent relayé l’idée que les révolutions arabes allaient entraîner une forte augmentation de la migration vers l’Europe. En réalité, souligne l’OIM, un pourcentage infime de personnes déplacées par les conflits ont décidé de traverser la Méditerranée par bateau.

Pour lutter contre tous ces clichés, l’organisation appelle à un « changement radical dans notre façon de communiquer sur la migration ». Histoire de rappeler que la mobilité humaine

14/12/2011, Marie Barbier

Source : L’Humanité

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