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Interview. Betty Batoul, écrivaine maroco-belge

«Je dédie mon titre à toutes les victimes qui m'aident à grandir»

Le 12 décembre dernier, le soleil brillait dans le cœur de Betty Batoul. Récompensée pour son combat auprès des victimes par le titre de «Femmes de Paix 2011», elle se confie aujourd'hui et nous parle de ses actions et futurs projets.

LE MATIN : Pouvez-vous nous parler de ce titre que vous avez reçu le 12

décembre dernier ?

Betty Batoul : Le 31 octobre 2000, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la Résolution 1325. Elle porte une attention particulière au rôle joué par les femmes en tant qu'actrices de la paix.

Son but est d'honorer les femmes qui œuvrent pour la paix, la réconciliation et les droits de la femme.

Le public propose des candidates, un jury sélectionne les lauréates. La remise de ces titres à une vingtaine de femmes a eu lieu le 12 décembre dernier au Palais d'Egmont à Bruxelles et j'ai l'immense plaisir de faire partie de ces femmes.

Comment avez-vous accueilli ce nouveau titre ?

Avec beaucoup d'émotion. Savoir que toutes les actions menées au quotidien sont reconnues est tellement gratifiant et me donne des ailes. Je voudrais dédier ce titre à toutes les victimes que je rencontre, qui m'aident aussi à grandir. Cependant, je me sentais tellement petite à côté de certains parcours évoqués. J'ai encore beaucoup de chemin à parcourir mais je ferai tout pour honorer ce titre et poursuivre mon action de paix en Belgique et au Maroc. D'autant que le trophée remis à cette occasion n'est autre qu'un coquelicot blanc, un symbole fort pour moi.

Parlez-nous de vos actions

Écoutez, il y a tant à dire… depuis un peu plus d'un an, je suis sur le terrain et je vous avoue que je n'ai pas une minute à moi. Conférences tout public, visites dans les foyers de femmes battues mais aussi rencontres avec des jeunes dans les lycées et collèges. Car la lutte contre toute forme de violence passe aussi par la prévention. Et ces moments sont souvent d'une grande émotion, une écoute des élèves qui prouvent que le respect n'est pas un mot en voie de disparition. D'autres anciennes victimes de l'association Succès m'accompagnent désormais pour témoigner que la violence n'est pas une fatalité, qu'on peut l'éviter et même la vaincre.

Comment votre association fonctionne-t-elle ?

Hélas, malgré la demande réelle et l'envie de faire toujours plus, les moyens et les aides sont réduits.

Depuis la création de notre association en octobre 2010, les seules sources de financement extérieures sont un subside de 2 000€euros octroyé par Joëlle Milquet, anciennement ministre de l'Égalité des chances, qui croyait en ce projet et un don de 1 000 euros de Jean Charles Luperto,

président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui nous soutient depuis le début de l'aventure en mettant gracieusement à notre disposition une salle pour nos réunions. J'ai quitté mon emploi de cadre chez Alstom en septembre dernier pour m'occuper à temps plein de mon association sans aucun subside. Mon travail est totalement bénévole, réalisé à partir de chez moi et pourtant, que de chemin parcouru. Nous espérons un jour être reconnus d'utilité publique, être une référence en matière d'aide aux victimes et recevoir une aide financière pour mener à bien tous nos projets.

Le Maroc reste-t-il un lieu privilégié où vous souhaiteriez étendre vos actions ?

Le besoin de revenir régulièrement au Maroc est dicté par mes racines, qui ne demandent qu'à être arrosées pour être plus fortes. L'accueil que je reçois et notamment le soutien de Mouâad Jamaï, gouverneur de la province d'El Jadida, ville de mon enfance, me donne l'envie de poursuivre dans cette voie et c'est toujours avec beaucoup de bonheur que je pose les pieds sur le sol marocain. En effet, plusieurs fois par an, je rencontre des jeunes pour leur parler d'espoir et de prévention contre la violence. Je garde toujours de merveilleux souvenirs de mes passages au Maroc. Le prochain sera vraisemblablement durant le Salon du livre 2012.

Avez-vous de nouveaux projets littéraires ?

Les ventes de mon premier roman restent stables, ce qui laisse présager que ce livre a encore du chemin à parcourir. J'assure la distribution en Belgique et Sochepress se charge de celle au Maroc depuis le mois dernier. En ce qui concerne la France, j'ai obtenu le référencement à la Fnac, ce qui me permet également d'envahir la France avec ces petites fleurs rouges pleines d'espoir. C'est que du bonheur. Il y aussi des projets de traduction en arabe et en anglais. Et pourquoi pas un film… Mais je ne veux pas m'arrêter en si bon chemin, j'aime écrire et c'est un moyen formidable de transmettre un message. J'écris en ce moment mon second roman, un peu comme une suite du premier. Mais aussi pour dire que la vie des victimes est loin d'être un long fleuve tranquille, qu'il faut se battre au quotidien pour être écoutée. Et même quand on veut les aider, la route est longue et semée d'embûches. J'espère terminer mon roman pour le prochain Salon du livre car mes journées sont déjà bien remplies avec le travail de terrain de l'association.

Un parcours, une fierté

«Je ne serais rien sans ma famille, mon mari qui me soutient au quotidien. Je suis heureuse d'avoir osé raconter mon histoire dans «Un coquelicot en hiver ? Pourquoi pas…», un roman autobiographique qui continue à semer ses graines d'espoir.», affirme avec enthousiasme Betty Batoul. Elle ajoute : «Mais le plus beau des cadeaux est certainement de voir les victimes se relever et croire à nouveau au bonheur. Les opérations Solidarité me procurent également beaucoup de bonheur comme le sourire de ces enfants au Maroc (École primaire Khadija Al Oum Mouminine d'El Jadida) lors de l'opération «Livres pour le Maroc ». Des dictionnaires, des encyclopédies, des livres scolaires,…ont été collectés en Belgique, pour cette école publique à El Jadida».

18/12/2011

Source : Le Matin

 

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