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Un cimetière musulman municipal à Strasbourg: première en France grâce au droit local

Il ne reste plus que quelques détails à peaufiner pour boucler les travaux: le cimetière musulman de Strasbourg, dont l'inauguration est prévue le 6 février, sera le premier en France à être créé par une municipalité, grâce au droit local d'Alsace-Moselle.

Aménagé sur un terrain de plus d'un hectare, dans le sud de Strasbourg, ce cimetière très attendu par la communauté musulmane pourra accueillir près d'un millier de sépultures, avec une extension déjà prévue si nécessaire.

Derrière un mur d'enceinte et un portail, une grande allée centrale, un bassin décoratif, de la verdure: le caractère confessionnel du lieu, contigu à l'un des grands cimetières de la ville, ne saute pas aux yeux.

Mais l'orientation des sépultures vers la Mecque, les salles équipées pour les ablutions dans un petit bâtiment à l'entrée, et un espace couvert prévu pour les prières permettront aux familles qui le souhaitent de respecter les rites musulmans lors de l'inhumation de leurs proches.

"Le droit local d'Alsace-Moselle nous permet de mettre en place un cimetière confessionnel à gestion municipale, ce n'est pas le cas ailleurs", explique Anne-Pernelle Richardot, adjointe au maire (PS) de Strasbourg, rappelant qu'ailleurs dans le pays, seuls les carrés musulmans sont autorisés.

Le seul cimetière musulman connu en métropole a longtemps été celui Bobigny, créé dans les années 1930, mais il a été créé sous statut privé comme annexe d'un hôpital, et il a récemment changé de statut en devenant formellement le carré musulman du cimetière communal.

En Alsace-Moselle la loi de 1905 sur la laïcité ne s'applique pas et les pouvoirs publics peuvent intervenir dans l'organisation et le financement des cultes. L'Allemagne avait maintenu le régime concordataire lors de l'annexion de 1870, et les autorités françaises ont laissé la situation en l'état après 1918.

Le "geste ultime" d'intégration

"Le culte musulman n'est pas dans le Concordat, mais on essaie de le mettre au même niveau grâce au droit local", indique Mme Richardot. La ville a ainsi consacré un budget de 800.000 euros à la création de ce cimetière, dont elle assurera la gestion.

Huit carrés confessionnels musulmans existaient déjà à Strasbourg dans les cimetières publics, mais ils arrivaient à saturation depuis plusieurs années. Les familles devaient inhumer leurs proches dans leurs pays d'origine pour respecter les rites musulmans.

"A la douleur du décès d'un proche s'ajoute alors celle de la paperasse administrative à remplir pour faire inhumer le corps dans le pays d'origine, puis du déchirement face à l'éloignement", explique Driss Ayachour, président du Conseil régional du culte musulman (CRCM).

Pour lui, ce cimetière, "c'est un signal fort pour la nouvelle génération de musulmans, qui leur montre que la collectivité répond à leurs besoins".

Il verrait d'un bon oeil que Colmar et Mulhouse, les deux autres grandes villes alsaciennes, profitent également du droit local pour ouvrir des cimetières musulmans. "Ailleurs, dans les petites communes, des carrés musulmans peuvent suffire", estime-t-il.

"Aujourd'hui, on a une communauté qui s'installe définitivement sur le territoire, qui souhaite enterrer ses proches en France et plus à des milliers de kilomètres de là", relève Saïd Alla, président de la Grande Mosquée de Strasbourg.

"C'est le geste ultime d'une bonne intégration, cela montre qu'on appartient au pays où l'on vit", poursuit-il.

4/1/2012, Cédric SIMON

Source : AFP

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