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France: timide entrée des "minorités visibles" à l'Assemblée nationale

Des députés issus de l'immigration noire, maghrébine ou asiatique vont faire leur entrée à l'Assemblée nationale en France, mais ils ne seront qu'une petite dizaine, un progrès très insuffisant pour les associations qui représentent "la diversité" française.

La "diversité" avait déjà acquis une représentation inédite dans le gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault, avec quatre membres issus de l'immigration et trois des départements d'outre-mer, sur 34 ministres.

Mais avec dix élus sur 577 lors des élections législatives de dimanche, les députés issus des "minorités visibles" représentent "à peine 1,8% de l'ensemble, alors que les Noirs, les Arabes et les Asiatiques représentent plus de 10% de la population" de la France, ancienne puissance coloniale et terre d'immigration, a déploré le Conseil représentatif des associations noires (CRAN).

En France le modèle en politique "reste un homme blanc âgé de plus de 50 ans", relève le CRAN.

Le mouvement noir, dont la naissance en France en 2005 avait fait polémique tant les positionnements communautaires y sont tabous, dénonce en retour un "communautarisme blanc" et réclame "une loi sur la diversité en politique", à l'image de la loi sur la parité hommes-femmes adoptée en 2000.

Grâce à cette loi qui impose aux partis de présenter autant d'hommes que de femmes sous peine de sanctions financières, et même si l'on est encore loin de l'objectif, la nouvelle Assemblée nationale va compter 155 femmes, un chiffre jamais atteint jusque là.

Quelques figures de la diversité connues pour leur engagement associatif, comme l'ancien président du CRAN Patrick Lozès, ont voulu tenter leur chance sous leur propre bannière mais ont réalisé des scores dérisoires. Seuls ont pu percer les candidats soutenus par un grand parti politique, et tous les élus siégeront dans le groupe socialiste.

La Guadeloupéenne George Pau-Langevin, élue à Paris, est la seule à avoir déjà siégé à l'Assemblée nationale. Cette avocate et militante antiraciste de 63 ans devrait cependant céder son siège à son suppléant car elle est ministre de la Réussite éducative dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

La situation est identique pour le ministre aux Anciens combattants Kader Arif, qui devrait, lui aussi, choisir de rester au gouvernement. Né à Alger, ce cadre de 52 ans est arrivé en France à l'âge de 4 ans avec ses parents qui avaient choisi la France après l'indépendance de l'Algérie.

L'Algérie, ancien territoire français, est le pays d'origine de plusieurs nouveaux élus. Ainsi Kheira Bouziane, une professeur d'économie de 58 ans née à Oran et élue en Bourgogne (centre-est), ou encore Malek Boutih, 47 ans, militant antiraciste issu d'une famille kabyle installée en France qui a gagné son siège en banlieue parisienne.

Les plus jeunes ont souvent mené de front militantisme associatif et brillantes études, représentatifs d'une nouvelle génération d'enfants d'ouvriers immigrés accédant aux classes moyennes et intellectuelles.

Seybah Dagoma, 34 ans, élue à Paris, d'origine tchadienne, est une avocate d'affaires spécialisée dans la restructuration des dettes des entreprises. Elue dans l'Est de la France, Cheynesse Khirouni, 43 ans, de parents algériens, universitaire, est passée par le militantisme altermondialiste. Razzy Hammadi, 33 ans, de mère tunisienne et de père algérien, a fondé un cabinet d'études en urbanisme, et il est élu en banlieue parisienne.

Les départements d'outremer fournissent par ailleurs deux autres députés à la "métropole": Hélène Geoffroy (Guadeloupe), 42 ans, élue près de Lyon, et Corinne Narassigun (Réunion) 36 ans, élue à Ney York pour les Français de l'étranger en Amérique du nord.
Les expatriés français en Afrique de l'Ouest et au Maghreb seront représentés par Pouria Amirshahi, 40 ans, né en Iran et installé en France en 1976.

18 juin 2012, Martine NOUAILLE

Source : AFP

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